Une personne, un vote. C'est la base du modèle coopératif sur lequel s'est bâti le Mouvement Desjardins.

Une personne, un vote. C'est la base du modèle coopératif sur lequel s'est bâti le Mouvement Desjardins.

Et son grand patron, Alban D'Amours, croit qu'il faut s'en inspirer pour freiner les intérêts étrangers qui viennent acquérir nos plus belles entreprises canadiennes.

Alors qu'Inco et Van Houtte sont déjà passées en main étrangères et qu' Alcan et BCE se font courtiser de toutes parts, M. d'Amours est inquiet.

«La piste de solution qui m'apparaît la plus naturelle est la promotion du modèle corporatif, dit-il. La coopérative n'est pas intouchable, mais elle appartient à ses membres et ce sont eux qui en contrôlent le destin. Le pouvoir n'est pas lié au capital que la personne détient dans l'entreprise. Chez nous, c'est une personne, un vote.»

En attendant que l'idée fasse son chemin, M. d'Amours a accepté de répondre aux questions de nos lecteurs.

Q: Comment justifiez-vous les frais d'utilisation à vos guichets automatiques? Et pourquoi faire payer ceux qui ont en deçà d'un montant pré-défini dans leur compte et pas les autres? — François Desbiens (et plusieurs autres lecteurs)

R: Il y a deux volets à cette question. D'abord, les non-membres de Desjardins qui utilisent nos guichets automatiques paient des frais, ce qui m'apparaît normal puisque nos guichets sont au service de nos membres.

Avec plus de 2800 guichets, notre réseau est le plus vaste au Québec. Sa maintenance coûte cher: 40 millions de dollars l'an dernier.

Ces frais d'utilisation sont relativement peu élevés si on les comparent à d'autres guichets, et ils sont faciles à éviter: il n'y a qu'à devenir membre de Desjardins!

Quant à la façon dont nous facturons les frais d'utilisation à nos membres, nous avons une approche qui se veut la moins lourde possible. Nous avons des forfaits et une grille de tarifs établie en fonction du nombre de transactions.

J'encourage les membres qui n'ont pas de forfait à contacter leur caisse pour en acquérir un.

Q: Commet déterminez-vous les ristournes versées aux membres? — Michèle Bourgon

R: Les ristournes sont basées sur l'utilisation que l'on fait des services de sa caisse. Quelqu'un qui ne fait qu'un usage minimal ne recevra en général pas de ristourne.

Mais un membre qui emprunte, qui épargne, qui achète des fonds de placement, y aura droit. Chaque caisse décide de l'importance des ristournes. Les membres votent ensuite, en assemblée générale, comment elles seront redistribuées.

Q: Considérant l'endettement croissant des ménages québécois, notamment en raison des dettes hypothécaires, craignez-vous un éventuel crash immobilier? Ou un crash de l'endettement? — Bruno Lavoie

R: Je ne crains pas de crash immobilier au Québec. On observe actuellement un ralentissement, mais cela s'inscrit dans un cycle et rien ne m'indique que ce cycle va nous précipiter dans une situation grave.

L'endettement de nos ménages se maintient, et il est moins prononcé que celui des ménages américains.

N'oubliez pas que le niveau de richesse a augmenté, ce qui accroît la capacité des gens à soutenir des dettes plus élevées.

Q: Le Québec est très endetté et les Québécois sont très imposés. Croyez-vous que le Québec se permette trop de mesures sociales qu'il n'a pas les moyens de se payer? — Nicolas Simard

R: Le Québec et le Canada ont une longue tradition de politiques sociales. J'estime qu'il faut les protéger parce qu'elles s'inscrivent dans un contexte de meilleur partage de la richesse.

Cela nous impose évidemment des contraintes de gestion plus difficiles, mais il en découle de sérieux avantages. Toutes les grandes entreprises américaines et beaucoup de citoyens américains, par exemple, rêvent d'avoir un système de santé comme le nôtre.

Q: Avez-vous déjà considéré d'implanter des programmes de micro-crédits pour aider les pays les plus pauvres? — Antoine Amico

R: C'est un secret bien gardé, mais nous faisons du micro-crédit depuis plus de 35 ans par l'entremise de Développement international Desjardins. Nous avons commencé au Burkina Faso, en Afrique.

De concert avec l'Agence canadienne de développement international, Desjardins a actuellement des activités dans 22 pays.

Nous faisons aussi du micro-crédit chez nous. Depuis 2000, les Fonds d'entraide Desjardins sont accessibles aux gens les plus démunis, que ce soit pour consolider une dette ou se procurer un réfrigérateur.

Nous avons également un projet-pilote de micro-crédit aux entreprises dans la région de Québec. Et bien que ce ne soit pas vu comme du micro-crédit au sens où on l'entend habituellement, 45% des prêts accordés par Desjardins sont d'un montant inférieur à 5000$, ce qui s'inscrit dans notre mission de répondre à tous les besoins, les petits comme les grands.

La question de Robert Brown, de CAE — PDG de la semaine dernière pour cette chronique: Quel est votre plan pour augmenter vos revenus en Ontario et aux États-Unis?

R: Depuis quatre ans, la proportion de notre chiffre d'affaires à l'extérieur du Québec est passée de 17% à 21%. Nous visons 25% d'ici quelques années.

La première approche est d'établir des partenariats avec les credit unions à travers le Canada. Ces partenariats évoluent très bien, et il y a des rapprochement très sérieux qui se font actuellement.

La deuxième piste passe par nos sociétés d'assurance, dont nous voulons doubler les parts de marché à l'extérieur du Québec. Du côté des États-Unis, nous avons une petite banque en Floride qui fait des prêts aux entreprises et qui sert les Québécois qui y font des affaires.

Nous avons tout récemment établi des relations d'affaires avec les credit unions américaines pour le secteur des prêts à l'entreprise. Nous avons aussi des licences dans plusieurs états américains dans le secteur des valeurs mobilières.