Elle en est venue à la conclusion que ce serait plus simple pour elle d'en construire.

Elle en est venue à la conclusion que ce serait plus simple pour elle d'en construire.

«J'ai dit à mon mari qu'il devait y avoir une meilleure solution, raconte madame Gennard-Levy. Les toilettes sont affreuses dans ce pays.»

Alors, en décembre dernier, elle a ouvert des toilettes de luxe pour dames dans Oxford Street, quartier de magasinage le plus occupé d'Europe. L'utilisation des toilettes et de la salle de maquillage dans cet établissement coûte 5 livres (11,50$).

L'établissement, qui porte le nom de WC1, contribue à remédier quelque peu à la situation créée par la détérioration des toilettes publiques à Londres.

Le nombre de ces toilettes a chuté de 40% de l'an 2000 à 2005, et il n'en reste que 415 pour les quelque 7,5 millions de Londoniens, selon des données gouvernementales.

Et cela ne comprend pas les 28 millions de personnes qui visitent la capitale britannique chaque année.

Les autorités londoniennes soutiennent qu'elles n'ont pas les moyens d'entretenir et de moderniser les toilettes. Nombre d'entre elles ont été vendues à des promoteurs immobiliers qui, emportés par le boom immobilier, les convertissent pour des usages plus payants comme des appartements et des boîtes de nuit.

Une poussée de 53% des prix des maisons à Londres depuis cinq ans a contribué à la diminution des toilettes publiques. «Ce n'est pas rentable de les conserver», affirme Tony Wood, un agent immobilier qui a contribué à convertir une salle de toilettes victorienne en condo qu'il loue 700 livres (1600 $ CA) par mois.

Les toilettes publiques qui restent sont souvent si sales ou mal entretenues qu'elles servent surtout aux drogués et aux sans-abri.

À Pékin, où le salaire moyen n'est que le dixième de celui de Londres, on compte 7700 toilettes, soit une par 1948 habitants. La capitale chinoise prévoit en rénover 3700 à temps pour les Jeux olympiques de l'an prochain. Londres, qui accueillera les Jeux de 2012 et qui compte une cabine de toilettes par 18000 résidants, ne nourrit pas de projet semblable.

La pénurie de toilettes signifie que les touristes et les Londoniens doivent faire preuve de créativité lorsque l'appel de la nature se fait entendre.

Des livrets-guides comme ceux des séries TimeOut et Cadogan recommandent aux visiteurs de chercher les toilettes dans les grands magasins, les pubs et les boutiques. La prolifération des cafés Starbucks et autres permettent de recourir à une stratégie populaire, soit acheter un latte contre l'utilisation des toilettes.

Mais cette option n'est cependant pas faite pour tout le monde. Sean, par exemple, qui conduit un taxi londonien depuis 10 ans, garde à portée de main une bouteille en plastique au cas où il devrait faire pipi à un moment pas très propice.

«De nombreuses toilettes publiques ferment la nuit et les magasins n'aiment pas que vous utilisiez les leurs à moins d'acheter quelque chose, explique-t-il. Alors, les chauffeurs de taxi doivent recourir à cette solution de nos jours.»

D'autres en sont réduits à des expédients encore plus drastiques (au vrai sens du terme). Selon une enquête menée par ENCAMS, un organisme de bienfaisance actif dans le domaine environnemental, 95% des Britanniques ont avoué avoir déjà uriné, vomi ou déféqué dans des lieux publics parce qu'il n'y avait pas de toilettes disponibles.

La miction en public «est l'un des aspects les moins reluisants de Londres», constate Aidan Onn, 36 ans, qui dirige une boutique de jouets appelée Playlounge, dans le quartier Soho. «Les rues puent tout le temps.»

La pénurie actuelle donne une fausse idée de ce que fut l'histoire de Londres, ville qui a déjà été une fournisseuse exemplaire de toilettes publiques.

Les premières toilettes publiques y ont été construites au XIIe siècle là où se trouvent aujourd'hui les bureaux de la Banque Royale du Canada. Pendant l'ère victorienne, les toilettes publiques se sont multipliées et on y trouvait souvent des mosaïques et des tuyaux de cuivre.

Ces établissements ont parfois été victimes des dispositions de nouvelles lois. La loi Disability Act, qui est entrée en vigueur en 2004, exige que les toilettes publiques soient accessibles aux utilisateurs en fauteuil roulant ou qu'elles offrent des solutions de rechange convenables tout près.

Plutôt que d'investir dans des ascenseurs et des rampes d'accès, certaines autorités ont fermé ou vendu les toilettes plus anciennes.