Les prix du pétrole ont dépassé pour la première fois de leur histoire les 88$ US à New York et les 84$ US à Londres mardi, le risque d'une éventuelle offensive turque à la frontière irakienne s'ajoutant aux craintes sur les approvisionnements cet hiver.

Les prix du pétrole ont dépassé pour la première fois de leur histoire les 88$ US à New York et les 84$ US à Londres mardi, le risque d'une éventuelle offensive turque à la frontière irakienne s'ajoutant aux craintes sur les approvisionnements cet hiver.

Le prix d'un baril de «light sweet crude» pour livraison en novembre a grimpé mardi jusqu'au prix jamais vu de 88,20$ sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

Dans le même temps, le Brent de la mer du Nord pour la même échéance a également amélioré son record historique, en atteignant 84,49$ US le baril.

À 12H20, un baril coûtait 87,82$ US à New York, et 84,14$ US à Londres.

«Les derniers développements en Turquie ont retenu l'attention du marché et accentué la pression à la hausse sur les prix», ont affirmé les analystes de la banque Barclays Capital.

La Turquie a évoqué le recours à l'intervention militaire de l'autre côté de sa frontière avec l'Irak, afin de pourchasser sur leurs bases les rebelles kurdes du PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.

Le parlement truc discute actuellement d'une motion visant à autoriser cette intervention dans le Nord de l'Irak, et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a appelé le gouvernement irakien et les Kurdes d'Irak à agir contre le PKK pour éviter de subir les conséquences d'une incursion militaire.

Les analystes craignent qu'une telle intervention ne perturbe encore plus l'approvisionnement en brut de la région: le pétrole extrait dans le nord de l'Irak est acheminé hors du pays via un oléoduc aboutissant au terminal turc de Ceyhan, sur la Méditerranée.

Le transit par les oléoducs du Nord a longtemps été quasiment inexistant depuis 2003, date de l'invasion militaire américaine, en raison d'incessants sabotages mais les exportations via le Nord du pays avaient récemment repris. Selon les analystes de la maison de courtage Sucden, la région est «vitale» pour les exportations irakiennes.

Selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), l'Irak a produit environ 2 millions de barils par jour au mois d'août. Avant avril 2003, date de l'invasion militaire américaine, la production du pays était estimée à 2,8 millions de barils par jour.

Le marché, habitué à l'instabilité en Irak, ne s'inquiète pas seulement des perturbations éventuelles de l'offre du pays, mais d'une éventuelle déstabilisation de la région, où les foyers de risque sont multiples.

Ce nouveau risque géopolitique intervient au moment où le marché est sur les dents en raison de l'état critique des stocks mondiaux avant l'hiver.

«Nous considérons que l'équilibre de plus en plus serré entre l'offre et la demande mondiale de pétrole est le facteur principal de l'escalade continue des prix», ont estimé les analystes de la banque Barclays Capital.

L'Opep ne partage pas cette analyse, comme elle l'a encore répété mardi. Le cartel observe avec «inquiétude» la récente escalade des prix, mais persiste à penser que les fondamentaux du marché ne justifient pas les prix actuels, selon son secrétaire général, Abdallah El-Badri.

Le «marché est très bien approvisionné», a insisté l'Opep.

Une telle déclaration laisse penser que, malgré la flambée des cours, l'organisation n'envisage pas à court terme de mettre davantage de pétrole sur le marché.

Alors que les craintes sur l'approvisionnement se multiplient, l'afflux d'argent spéculatif pourrait contribuer à pousser les cours vers les 90 dollars le baril à très court terme, estiment plusieurs analystes.