Le fonds d'investissement privé américain Kohlberg Kravis Roberts (KKR) a battu mardi le record de la plus grosse acquisition d'une entreprise européenne par des fonds d'investissement, en emportant la chaîne pharmaceutique britannique Alliance Boots pour plus de 16 milliards d'euros (24,4 milliards CA).

Le fonds d'investissement privé américain Kohlberg Kravis Roberts (KKR) a battu mardi le record de la plus grosse acquisition d'une entreprise européenne par des fonds d'investissement, en emportant la chaîne pharmaceutique britannique Alliance Boots pour plus de 16 milliards d'euros (24,4 milliards CA).

Pour KKR cependant, il s'agit seulement du troisième achat d'un tel ordre de grandeur ce mois-ci. Le fonds américain, aidé par les 15 % du vice-président italien d'Alliance Boots Stefano Pessina, a battu un consortium rival emmené par le fonds britannique Terra Firma.

Il emporte les 3100 magasins de détail et les 380 dépôts desservant 120 000 officines en Europe d'Alliance Boots, un groupe issu en juillet dernier seulement de la fusion d'Alliance Unichem, l'ancien groupe de M. Pessina, et de Boots, les pharmacies bien connues des rues britanniques.

KKR, en association avec d'autres fonds, était déjà l'auteur des deux plus gros rachats d'entreprise en Europe: celui du groupe de télécommunication danois TDC, acquis en janvier 2006 pour l'équivalent de 13,87 milliards US, et celui du groupe d'édition néerlandais VNU, racheté au printemps 2006 pour 10,99 milliards US.

Pour le fonds américain, qui a acquis depuis le milieu des années 70 quelque 150 entreprises pour un total de 279 milliards US (l'équivalent de la capitalisation boursière de Microsoft), Alliance Boots, avec 11 milliards de livres (24,4 milliards CAN) est presque une acquisition parmi d'autres.

KKR a en effet déjà acheté, ce mois-ci aux États-Unis, le plus gros producteur d'électricité du Texas, TXU, pour 45 milliards US, en association avec Texas Pacific Group et Goldman Sachs, et le groupe de traitement de paiements First Data pour 29 milliards US.

Ce mois-ci encore, un consortium dont il faisait partie a cependant dû renoncer au numéro trois britannique des supermarchés, Sainsbury, les actionnaires issus de la famille fondatrice s'opposant au rachat.

Nick Bubb, analyste de Pali International, avait souligné la semaine dernière «l'ego» des personnalités en présence, et a prédit hier des jours difficiles à KKR «pour obtenir le niveau approprié de retour sur investissement».

Même le consortium Terra Firma n'a pas paru fâché de quitter l'affaire, soulignant avec ironie qu'il était «content que les actionnaires d'Alliance Boots aient reçu un prix notablement plus élevé grâce à l'intérêt (qu'il a) manifesté».

Cette surenchère n'a pas amusé en revanche Paul Maloney, responsable au syndicat britannique GMB, qui a demandé à la ministre britannique de la Santé, Patricia Hewitt, d'agir.

«L'offre a augmenté de 1 milliard de livres (depuis ses débuts) et cela fait courir un risque de fermeture à d'autant plus de pharmacies», a-t-il dit.

Sentant l'opinion publique hostile, les fonds d'investissement privés faisant affaire au Royaume-Uni ont annoncé en mars qu'ils s'attelaient à l'étude des moyens de rendre leur activité plus transparente, mais mais leur rapport n'est pas attendu avant l'automne.