«Notre famille rêve d'une année de voyage au tour du monde», expose Sonia. Programme ambitieux: ladite famille compte quatre enfants de trois à 13 ans.

«Notre famille rêve d'une année de voyage au tour du monde», expose Sonia. Programme ambitieux: ladite famille compte quatre enfants de trois à 13 ans.

«Nous passerions deux mois par continent, en commençant par l'Europe», précise-t-elle, alors qu'un des futurs globe-trotters annonce, en fond sonore, son retour de l'école.

Car Sonia s'occupe de la troupe à la maison. Le seul revenu du ménage est celui de son conjoint Christian, qui — heureusement — gagne 97 000 $ par année.

Sonia reçoit pour sa part environ 7000 $ par année en prestations fiscales et de versements de soutien aux enfants.

Pour réaliser ce projet, Christian prévoit prendre un congé à traitement différé dans trois ou quatre ans. «Nous pourrions réduire son revenu annuel de 20 à 25 %», indique Sonia.

Comme nous le rappelle le planificateur financier François Gagnon, le congé à traitement différé permettra à un employé de renoncer pendant quelques années à une partie de son salaire, qui lui sera ensuite versée durant son congé.

«Par exemple, explique-t-il, un employé peut accepter de travailler à 75 % de son salaire habituel pendant les trois premières années de l'entente, et encore toucher 75 % de son salaire pendant la quatrième année, alors qu'il est en congé.»

«La progressivité des tables d'impôts rend cette option attrayante», ajoute-t-il. En effet, l'employé répartit ainsi trois années de revenus sur quatre ans, ce qui le fera généralement glisser dans une tranche de revenus imposés à un taux moins glouton.

De la même façon, la baisse du revenu permettra peut-être de bonifier certaines mesures sociales, comme le soutien aux enfants.

C'est sur ce principe que table Sonia.

«Avec quel revenu net nous retrouverions-nous à la fin de l'année, s'enquiert-elle, considérant que les prestations de soutien aux enfants augmenteraient parce que le revenu de mon conjoint serait moindre?»

C'est ce qu'a vérifié François Gagnon.

Actuellement, Christian touche un revenu après impôts et cotisations diverses de 59 500 $. Si on y ajoute les 7100 $ que Sonia reçoit en prestations fiscales et soutien aux enfants, le revenu familial après impôt s'établit à 66 600 $.

En retranchant 25 % de son salaire de 95 000 $— le maximum que le ménage puisse se permettre, selon Sonia —, Christian le ramènerait à 71 700 $. Après impôt, il encaisserait 46 300 $. La ponction de 25 % sur le salaire n'affecte donc son revenu après impôt que de 22 % — c'est là l'avantage du traitement différé.

Mais ce n'est pas tout. Parce que le revenu familial diminue, les prestations pour enfants augmentent, passant de 7100 $ à 9000 $. Le revenu total du ménage après impôt s'établit ainsi à 55 300 $, comparativement aux 66 600 $ d'une année normale. Dans l'opération, il n'aura donc diminué que de 17 %.

«On peut donc affirmer que 8 % de la baisse de revenu de son conjoint serait compensée par les augmentations de prestations fiscales et de soutien aux enfants», établit François Gagnon.

Boucler son tour du monde et son budget

Tout cela est bel et bon, mais il faut encore boucler le budget de voyage, que Sonia a estimé à 75 000 $, sur la base des données d'un couple d'amis qui font le même périple cette année.

Le revenu net différé de 55 000 $ laisserait donc un déficit de 20 000 $.

On pourrait augmenter le traitement de l'année sabbatique en étirant la période d'accumulation jusqu'au maximum permis de six ans. Ce compromis serait cependant insuffisant, et le couple préfère viser un congé dans trois ans et combler le manque à gagner de 20 000 $ autrement.

Christian et Sonia auront complété en septembre 2009 le remboursement de leur hypothèque, dont le solde est présentement de 25 000 $. En supposant que le grand départ ait lieu un an plus tard, les mensualités de près de 1000 $ par mois ainsi économisées totaliseront 12 000 $.

Le couple peut également utiliser une partie de ses 10 000 $ d'épargnes non enregistrées. Si nécessaire, ils pourront faire appel à une marge de crédit hypothécaire, qu'ils rembourseront aisément au retour.

Reste à comprimer les dépenses de 17 % pendant trois ans. «Ils estiment qu'ils sont en mesure de se serrer suffisamment la ceinture», signale notre consultant.

L'effort sera néanmoins important. L'aventure commence aujourd'hui...