Les profits de l'industrie aéronautique canadienne plongeront en 2007 mais ils reprendront rapidement de l'altitude en 2008.

Les profits de l'industrie aéronautique canadienne plongeront en 2007 mais ils reprendront rapidement de l'altitude en 2008.

C'est du moins ce que prévoit le Conference Board du Canada dans un rapport sur les perspectives de l'industrie canadienne de l'aérospatiale intitulé «Canadian Industrial Outlook: Canada's Aerospace Product Manufacturing Industry».

En 2007, les profits de l'industrie devraient diminuer de 25% pour se situer à 389 millions de dollars, comparativement à 518 millions en 2006. Le Conference Board a qualifié ce repli de «correction».

«Depuis quelques années, nous assistons à une baisse importante des prix, a expliqué l'auteure du rapport, Valérie Poulin. L'effet s'en fera ressentir cette année.»

Elle a également mentionné l'essor du huard, qui a eu un impact négatif sur les marges bénéficiaires, et l'intense concurrence qui règne dans l'industrie.

Mais à moyen terme, les profits devraient s'envoler de nouveau. Pour 2008, le Conference Board prévoit une croissance de 37,9%, et pour 2009, une croissance de 21,6%.

«Les revenus devraient augmenter plus rapidement que les coûts, a déclaré Mme Poulin. En outre, le dollar canadien ne devrait pas augmenter de façon aussi importante.»

Elle estime également que l'industrie canadienne est mieux placée qu'auparavant pour faire face à un renforcement de la devise canadienne.

«Les chaînes d'approvisionnement mises en place au cours des années ont donné aux entreprises la capacité de repositionner leur production pour améliorer leur compétitivité, a-t-elle écrit. Plusieurs firmes sont ainsi capables de se tourner vers des sources d'approvisionnement étrangères qui se révèlent avantageuses lorsque le dollar s'apprécie.»

Outre l'essor de la devise, l'industrie canadienne de l'aérospatiale devra faire face à deux défis majeurs au cours des prochaines années, à commencer par le prix du carburant.

Le carburant représentent maintenant 25% des coûts d'exploitation des transporteurs, comparativement à seulement 14% en 2001.

Selon l'Association international du transport aérien (AITA), les transporteurs devront payer 8 milliards de dollars de plus en 2007 qu'en 2006 en raison de la hausse du prix moyen du pétrole. Celui-ci est passé de 67$US à 80$US en un an seulement.

«Les changements au niveau des prix du pétrole ont un impact significatif sur la rentabilité des sociétés aériennes, a écrit Mme Poulin. Bien que les transporteurs canadiens et européens soient en bonne santé, l'état financier de certains transporteurs américain est encore précaire. Des prix du pétrole élevés pourraient donc amener certains transporteurs à retarder l'achat de nouveaux appareils, ce qui limiterait la production et la rentabilité des manufacturiers du secteur de l'aérospatiale.»

La pénurie de main-d'oeuvre qui point dans le secteur constitue un autre défi.

«Après les événements de septembre 2001, il y a eu un déclin de l'industrie et les jeunes ont été beaucoup moins nombreux à s'inscrire en aérospatiale», a indiqué Mme Poulin.

C'est ainsi qu'à l'École nationale d'aérotechnique de Montréal, les inscriptions ont chuté de 1500 à 500 en l'espace de quelques années. Or, d'ici 2011, l'industrie aura besoin de plus de 5000 nouveaux employés.

«L'industrie fait face à une telle pénurie que certaines petites et moyennes entreprises ont l'intention de recruter directement à l'étranger, a écrit Mme Poulin. Les quelques Canadiens qui étudient dans des programmes d'aéronautique sont, pour la plupart, engagés par les plus grandes compagnies avant même d'avoir terminé leurs cours.»

L'Inde semble particulièrement intéressante pour ces employeurs, en raison d'un grand bassin d'ingénieurs et d'ouvriers spécialisés, ainsi que l'Europe de l'Est.

Même s'il parle de pénurie de main-d'oeuvre, le Conference Board prévoit quand même une baisse de près de 10% de l'emploi dans l'industrie en 2007. On assiste cependant à des augmentations au cours des années suivantes.

«Il y a beaucoup de volatilité au niveau de l'emploi dans ce secteur, a expliqué Mme Poulin. Les manufacturiers ne fabriquent que lorsqu'il y a de la demande. À la fin des contrats, il y a des mises à pied, et on rengage lorsqu'il y a de nouveaux contrats.»

C'est ainsi qu'on peut constater une baisse de 15% de l'emploi dans un trimestre et une hausse de 20% au trimestre suivant.

Le problème, selon les PME, c'est que les employés qui sont mis à pied par de grandes entreprises préfèrent attendre un rappel plutôt que d'aller travailler pour une entreprise plus petite à des conditions moins avantageuses.