La Caisse de dépôt et placement du Québec détenait, à la fin de 2006, des effets de commerce d'une valeur de 1,69 G$ émis par des fonds ayant requis cette semaine un financement d'urgence.

La Caisse de dépôt et placement du Québec détenait, à la fin de 2006, des effets de commerce d'une valeur de 1,69 G$ émis par des fonds ayant requis cette semaine un financement d'urgence.

Ces placements incluent des titres parrainés par Coventree [[|ticker sym='T.COF'|]], cette firme torontoise qui, ébranlée par la crise du crédit à risque, est toujours en quête de plusieurs centaines de millions pour refinancer des billets arrivant à échéance lundi dernier.

La porte-parole de la Caisse, Annie Vallières, a cependant refusé de révéler le montant des billets toujours détenus par le plus important gestionnaire de caisse de retraite au Canada.

Les banques ont refusé cette semaine de fournir plus de 1 G$ en fonds extraordinaires pour soutenir 17 émetteurs canadiens d'effets adossés à des actifs jugés douteux.

Ces fonds, y compris ceux gérés par Coventree, détiennent des actifs de 27 G$ et, faute de nouvelles liquidités, pourraient se retrouver en défaut de paiement.

«Normalement, on présume que les effets de commerce sont des investissements sûrs, surtout s'ils sont adossés à des actifs», a commenté Louis Hébert, professeur de gestion stratégique à HEC Montréal.

«Ces obligations représentent environ 1% des avoirs de la Caisse, ce n'est donc pas énorme. Mais on peut se demander quel impact cela aura sur son rendement.»

L'impossibilité pour les fonds d'effets de commerce d'obtenir de nouvelles liquidités démontre que le Canada subit maintenant les effets de la débâcle du crédit provoquée par la multiplication des défauts de paiement dans le marché américain des prêts hypothécaires à risque.

Les titres bancaires et le dollar canadien ont écopé. Cette semaine, le huard a connu son pire recul sur deux jours en cinq ans, tandis que la Banque de Montréal, le plus important émetteur d'effets de commerce au pays, essuyait le pire recul sur deux jours des trois dernières années.

La Caisse, qui gère des actifs de quelque 144 G$, était le plus important actionnaire de Coventree avant de ramener sa participation à hauteur de 10% après l'inscription en Bourse de la firme en novembre.

La Caisse, par la voix de sa porte-parole, a par ailleurs refusé de préciser si elle était toujours actionnaire de Coventree, une société fondée en 1998.

Selon des données tirées du rapport annuel de la Caisse, ses avoirs en effets canadiens comportaient notamment des obligations d'Apsley Trust. Ce fonds est géré par Metcalfe & Mansfield Capital, une société détenue en partie par la Banque Nationale du Canada et la Deutsche Bank.

Apsley est l'un des 17 fonds canadiens qui ont réclamé un financement d'urgence le 13 août dernier puisqu'ils étaient incapables de financer le remboursement de billets arrivant à échéance, a indiqué mardi la firme de cotation DBRS.

Seize de ces fonds, dont Apsley, ont renouvelé leur demande mardi, a rapporté hier DBRS.

La Caisse détenait des billets d'une valeur de 350 M$ dans Whitehall Trust; 200,1 M$ dans MMAI-I Trust; 150 M$ dans Opus Trust; 110 M$ dans Rocket Trust; 100 M$ dans Devonshire Trust; 50 M$ dans Encore Trust; 35 M$ dans Comet Trust et autant dans Planet Trust; 20 M$ dans Gemini Trust; et 10 M$ dans Silverstone Trust. Rocket, Comet, Planet et Gemini sont tous des fonds parrainés par Coventree.

Fin 2006, la Caisse détenait 1,35 million d'actions de Coventree d'une valeur totale de 19,9 M$. Mercredi, la valeur de ces actifs ne s'élevait plus qu'à environ 5,2 M$.

La Caisse détenait également 56,5 M$ d'obligations d'Aria Trust, l'une des fiducies canadiennes qui a réussi à rassembler de nouveaux capitaux en début de semaine.

Par ailleurs, la société d'investissement Merrill Lynch a estimé hier que la Banque Nationale semblait peu exposée au marché des obligations garanties par des actifs.

Sumit Malhotra, analyste chez Merrill Lynch, a observé dans une note de recherche que même si la Banque Nationale agissait à titre d'intermédiaire de services financiers pour le compte de certaines sociétés actuellement en difficulté, elle avait indiqué que ce rôle ne comportait aucun risque pour ses résultats.

La banque a fait savoir que la somme de 1,4 G$ de crédits de sûreté rapportée dans son rapport portant sur l'exercice 2006 avait été par la suite réduite.

Les préoccupations liées à l'exposition potentielle au marché des obligations garanties par des actifs se sont traduites par une baisse de 4,2% du cours de l'action de la Banque Nationale, cette semaine. Mercredi, l'action a perdu 38 ¢ à 55,17$ à la Bourse de Toronto.

Le quotidien torontois The Globe and Mail a par ailleurs rapporté hier que la Banque Royale avait indiqué mardi soir qu'elle était également peu exposée par la partie du marché des obligations garanties par des actifs qui n'est pas administrée par les banques.