Héma-Québec célèbre cette année son 25anniversaire. La société d’État, dont le mandat était de réaliser et de gérer les dons de produits sanguins au Québec, a considérablement élargi son champ d’action au fil des ans pour devenir responsable du prélèvement de tissus humains, de sang de cordon ombilical, de lait maternel et de cellules souches. Le prochain objectif de l’organisme est de se rapprocher de l’autosuffisance dans ses approvisionnements, et pour y arriver, ça va prendre plus de donneurs, prévient sa PDG, Nathalie Fagnan.

« On s’approvisionne chez l’humain pour soigner l’humain. C’est une superbe mission, mais on ne peut pas la faire tout seul, on a toujours besoin de donneurs », rappelle la PDG d’Héma-Québec.

À l’approche de Noël, on est tous à la recherche de cadeaux à donner à ses proches. Des cadeaux utiles, des cadeaux culturels, des cadeaux frivoles, mais on peut aussi penser plus loin que soi et vouloir offrir un peu de vie en donnant de son sang à une des nombreuses collectes que tient Héma-Québec partout sur le territoire québécois.

La société d’État sans but lucratif, née en 1998 dans la foulée du scandale du sang contaminé, a besoin de 1000 donneurs de sang par jour pour combler ses besoins et pouvoir approvisionner le réseau de la santé québécois en produits sanguins et maintenir ses stocks de 42 jours de distribution.

« Avec les années, on a développé de nouvelles gammes de produits. On fait le prélèvement et la distribution de tissus humains comme les valves cardiaques, la peau, les tendons, les cornées. Le lait maternel pour enfants prématurés, le sang de cordons ombilicaux et les cellules souches.

« Pour les tissus humains, on est autosuffisant à 60 % et on achète 40 % des États-Unis. On vise une autosuffisance de 90 % d’ici cinq ans », affirme Nathalie Fagnan.

Dans la catégorie des produits sanguins, Héma-Québec cherche constamment à optimiser ses stratégies d’approvisionnement, en diversifiant ses sources pour ne pas être tributaire d’une seule région qui pourrait être soudainement touchée par une épidémie. L’organisme récolte les plaquettes sanguines, les globules rouges et le plasma.

Héma-Québec peut compter sur un réseau de plus de 200 000 donneurs de sang et sur 11 cliniques permanentes pour les accueillir dans toutes les régions du Québec, en plus d’organiser des collectes mobiles dans les entreprises et lors d’évènements spéciaux, comme la collecte de sang du Canadien de Montréal.

« On réussit à combler 70 % de tous nos besoins en produits sanguins, mais on va ouvrir prochainement de nouvelles cliniques permanentes parce qu’il y a plus de demandes pour certaines catégories de produits, dont le plasma », explique la PDG d’Héma-Québec.

Des produits et des besoins qui évoluent

En 2013, Héma-Québec prélevait du plasma auprès de 13 000 donneurs par année. En 2023, le nombre s’élève maintenant à 130 000 donneurs.

« Le plasma est fractionné et sert à la fabrication d’immunoglobulines, qui sont de plus en plus utilisées comme anticorps pour les personnes immunosupprimées ou qui sont atteintes d’un cancer.

« Présentement, on est autosuffisant à seulement 31 %. Notre plan vise à atteindre 42 %, mais on veut en faire plus parce que le Québec est un grand consommateur d’immunoglobulines », expose Nathalie Fagnan.

Heureusement pour Héma-Québec, un donneur peut revenir tous les 6 jours pour donner son plasma, contre un délai de 56 jours lorsqu’il s’agit d’une transfusion sanguine pour un homme ou de 84 jours pour une femme. Un donneur, habitué d’Héma-Québec, est rendu à 1057 dons de plasma…

L’opération de fractionnement du plasma sera aussi facilitée prochainement, puisque le fabricant espagnol Grifols Plasma est en train d’aménager une usine de fractionnement dans l’arrondissement de Saint-Laurent, qui sera opérationnelle d’ici 2026. À l’heure actuelle, le plasma d’Héma-Québec est envoyé en Europe pour être fractionné avant de revenir au Québec sous forme de bouteilles d’immunoglobulines.

Pour orchestrer tous ses prélèvements sur l’ensemble du territoire, Héma-Québec compte sur une équipe de 1600 personnes, dont 600 à ses laboratoires de Montréal et près de 500 à Québec ; les autres employés sont sur la route ou dans les centres permanents de dons.

« À Montréal, nos équipes travaillent dans les laboratoires pour faire des analyses et gérer les stocks de sang et de produits sanguins. On a une équipe dédiée de 50 chercheurs », précise la présidente.

Héma-Québec est autofinancée à 87 % par la vente de ses produits sanguins, de ses tissus humains ou du lait maternel qu’elle distribue aux établissements québécois de santé. Son budget est de 440 millions.

« On est là pour assurer la sécurité de nos produits et celle de la population québécoise. On prend notre rôle très au sérieux et on travaille en relation constante avec Santé Canada », ajoute Nathalie Fagnan.

La PDG d’Héma-Québec a un parcours atypique. CPA de formation, elle a travaillé durant 20 ans chez Publicis comme cheffe de la direction financière, avant d’être cheffe des opérations chez Raymond Chabot, puis de retourner durant trois ans comme chef des opérations de Publicis America à New York. Elle est également membre du conseil d’administration de La Presse.

« Je viens un peu du champ gauche, mais j’ai été happée par Héma-Québec, sa mission et les gens qui y travaillent. J’ai été nommée il y a cinq ans pour un mandat de trois ans, qui a été renouvelé pour cinq ans. On met sans cesse l’organisation à niveau pour pouvoir faire face à toutes les situations, comme ç’a été le cas durant la COVID-19. On a une grande responsabilité et on prend ça au sérieux », insiste Nathalie Fagnan.