On entend souvent parler des conditions de travail difficiles des infirmières, en particulier des jeunes. Entre autres, les jeunes infirmières ne peuvent pas bénéficier des horaires de travail avantageux des plus vieilles, acquis grâce à l’ancienneté syndicale.

Or, la semaine dernière, l’Institut économique de Montréal (IEDM) a publié des données inquiétantes sur l’abandon de la profession par les jeunes de moins de 35 ans.

Alors que 100 jeunes infirmiers et infirmières accèdent à la profession au Québec, 40 la quittent. Et ça dure depuis quelques années. Les chiffres de l’IEDM, que j’ai vérifiés, ont été calculés à partir des bases de données de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS)⁠1.

En Ontario et en Colombie-Britannique, le taux de départ des jeunes est également élevé, mais pas autant. La proportion était de 31 % en Colombie-Britannique et de 34 % en Ontario, contre 40 % au Québec pour la même année 2021, selon les chiffres de l’ICIS.

Quelles sont les raisons de ces départs ? Parmi celles évoquées par l’ICIS, il est question de changement de carrière, de raison familiale et de promotion, entre autres.

Pour l’IEDM, l’une des raisons de ces départs est la rigidité des conventions collectives de travail et, en en particulier, les désavantages pour les jeunes de l’ancienneté syndicale.

« Parce que les quarts de travail et les horaires leur sont rarement favorables, les jeunes infirmières sont tenues d’effectuer des heures supplémentaires obligatoires et sont soumises à des conditions de travail relativement plus stressantes dans l’ensemble. Une telle inégalité peut être source de tensions au sein du personnel et conduire à l’épuisement professionnel », écrit Emmanuelle B. Faubert, économiste à l’IEDM, un groupe de réflexion campé à droite.

L’IEDM n’est pas le premier à faire un tel constat. L’ancien ministre de la Santé Gaétan Barrette m’a déjà expliqué que pour minimiser les ruptures de services, l’été, il avait tenté de pourvoir les quarts de travail des infirmières du secteur francophone en proposant de répartir les vacances autrement, mais il s’était buté à ces règles d’ancienneté.

« Ce fut un fin de non-recevoir. Pourtant, il faut se partager les horaires défavorables et aider la conciliation travail-famille. Certaines infirmières me disaient n’avoir jamais eu de vacances en juillet et août après 20 ans d’ancienneté », me dit Gaétan Barrette.

Une ex-cadre du réseau, qui a travaillé au Québec et en Ontario, m’a aussi fait part de certaines différences avec l’Ontario. Dans la province voisine, la compétence prime l’ancienneté lors de l’affichage de postes, ce qui améliore l’efficacité du travail.

Quant aux vacances, c’est l’infirmière-chef qui en fait la planification, pas les règles d’ancienneté qui la dictent. Les infirmières qui ont leurs vacances en juillet ou en août une année les auront en juin ou septembre l’année suivante. Les jeunes et les vieux partagent.

L’ancienneté n’est certainement pas le seul motif du départ des jeunes. Et les règles d’ancienneté ont assurément leurs raisons d’être. Mais n’y a-t-il pas moyen de s’ajuster ? Après tout, les infirmières plus âgées finissent par avoir une charge alourdie quand les jeunes quittent la profession.

N’y a-t-il pas moyen pour les syndicats d’assouplir leurs règles pour qu’on puisse améliorer le bien-être ultime du réseau, le patient ?

Consultez l’analyse de l’IEDM

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PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Une récente étude de Statistique Canada constate que les loyers incluent souvent moins d’éléments au Québec que dans le reste du Canada. Et que cette différence explique une partie de l’écart.

Mon loyer est meilleur que le tien

Les loyers sont généralement moins chers au Québec qu’ailleurs au Canada, mais compare-t-on des pommes avec des pommes ?

Une récente étude de Statistique Canada constate que les loyers incluent souvent moins d’éléments au Québec que dans le reste du Canada. Et que cette différence explique une partie de l’écart.

Au Québec, seulement 23 % des loyers englobent les appareils ménagers, proportion qui est de 71 % en Ontario et de quelque 75 % en Colombie-Britannique et en Alberta.

Constat semblable pour l’électricité (22 % inclus au Québec, contre 42 % en Ontario) ou la climatisation (13 % au Québec contre 27 % en Ontario).

Selon Statistique Canada, cette différence quant aux inclusions a un effet sur le niveau des loyers. En 2021, le loyer mensuel moyen était de 1290 $ en Ontario, contre 800 $ au Québec, soit un écart de 490 $. Or, les inclusions expliquent 111 $ des 490 $ d’écart de loyer entre les deux provinces, soit presque le quart.

Plus précisément, le fait d’avoir un logement climatisé explique 41 $ des 490 $ d’écart entre les deux provinces et les appareils ménagers, 34 $, selon Statistique Canada.

Le loyer moyen en Colombie-Britannique est encore plus élevé, à 1370 $, soit un écart de 570 $ avec le Québec (chiffres de 2021). Là-dessus, 62 $ s’expliquent par l’inclusion ou non des appareils ménagers.

L’agence ne dit pas pourquoi il y a moins d’inclusions au Québec. Les données de Statistique Canada suggèrent toutefois que la taille des bâtiments pourrait jouer, certains grands immeubles pouvant être munis d’un chauffage et d’une climatisation centraux, par exemple, ce qui n’est généralement pas le cas des petits plex, nombreux à Montréal.

Autre hypothèse, de mon cru : le mécanisme particulier de fixation des loyers au Québec, appliqué depuis 1981, pourrait avoir incité les propriétaires à exclure certains éléments du loyer de base, afin de compenser les faibles hausses de revenus.

Consultez l’étude de Statistique Canada

1. Ce taux n’est pas obtenu par un suivi de cohorte, mais par une comparaison des jeunes qui quittent le métier lors d’une année donnée par rapport à ceux qui entrent.