Malgré quelques développements relativement positifs en matière d’inflation alimentaire, les Canadiens restent inquiets, et à juste titre.

Les récentes données sur l’inflation alimentaire cette semaine apportent un rayon de soleil pour nous tous. Sur une base mensuelle, il est à noter que seule la catégorie des poissons a connu une hausse, tandis que toutes les autres catégories alimentaires, englobant la viande, les produits de boulangerie et les produits frais, ont connu une baisse des prix par rapport au mois précédent. Cela représente une réduction notable des coûts alimentaires, indiquant une tendance encourageante.

Le taux d’inflation alimentaire a atteint son niveau le plus bas depuis février 2022, et l’écart entre l’inflation alimentaire et l’inflation globale s’est presque réduit de moitié au cours du dernier mois, se situant actuellement à un modeste 2,8 %.

Il est indéniable que la hausse des prix alimentaires exerce une pression financière considérable sur de nombreux ménages. Et les prix ne diminueront pas, quelles que soient les mesures prises par le gouvernement à Ottawa.

La principale distinction entre le cycle actuel d’inflation et ses prédécesseurs réside dans sa nature soutenue. L’inflation alimentaire élevée persiste depuis plusieurs mois, obligeant plusieurs à modifier leurs habitudes de dépense.

Beaucoup ont changé de supermarché et ont même opté pour des magasins à prix réduit à la recherche de solutions plus économiques.

De manière semblable aux affirmations non fondées faites par certains politiciens, qui attribuent systématiquement la hausse des prix alimentaires aux enseignes et détaillants, les Canadiens semblent être influencés par leurs émotions et leurs intuitions, perpétuant ainsi la croyance que la situation s’aggrave. Néanmoins, il y a des raisons d’anticiper un environnement moins stressant au supermarché à l’approche de l’automne.

En comparaison, le Canada continue à présenter l’un des taux d’inflation alimentaires les plus bas parmi les pays du G7, se classant deuxième après les États-Unis. Malgré la hausse des prix des aliments, les Canadiens s’en sortent relativement bien en comparaison avec de nombreux pays européens.

En mars de cette année, par exemple, l’Allemagne a connu une inflation alimentaire dépassant les 20 %, tandis que la France approchait les 16 %. Il est à noter que ces deux pays, tout comme le Canada, possèdent un secteur agricole solide. En revanche, le taux d’inflation alimentaire au Canada a atteint son pic à 10,4 % en janvier de cette année.

Un autre indicateur convaincant émerge lorsque nous évaluons les pays en fonction de la proportion des dépenses allouées à l’alimentation par rapport aux dépenses totales des consommateurs, à l’exclusion des dépenses de restauration.

Selon Our World In Data, les Canadiens consacrent seulement 10 % de leur budget total aux dépenses d’épicerie. Dans ce contexte, seuls cinq autres pays consacrent un pourcentage plus faible : les États-Unis (6,7 %), Singapour (8,4 %), le Royaume-Uni (8,7 %), l’Irlande (9,2 %) et la Suisse (9,9 %).

Cet indicateur souligne l’importance financière de l’alimentation dans la vie des gens. En revanche, la France, où le gouvernement est intervenu récemment pour geler les prix de 5000 produits alimentaires, enregistre une proportion de dépenses alimentaires considérablement plus élevée, atteignant 14 %.

Malgré les défis posés par la hausse des prix alimentaires, plusieurs d’entre nous gèrent assez bien la situation dans l’ensemble. Il est compréhensible que beaucoup puissent être réticents à reconnaître cette réalité, étant donné qu’une proportion importante de la population est directement touchée par la hausse du coût de la vie ou connaît quelqu’un qui l’est.

Alors que le gouvernement à Ottawa explore des moyens d’aider la population, il pourrait être opportun de réfléchir au lancement d’un programme national de sécurité alimentaire destiné à soutenir les enfants et les familles qui sont véritablement dans l’incapacité de se nourrir – une adaptation canadienne du programme de bons alimentaires (SNAP), communément connu sous le nom de programme de timbres alimentaires aux États-Unis.

Bien que ce soit un projet ambitieux impliquant plusieurs ministères, un tel programme peut être minutieusement ciblé pour fournir une assistance au supermarché à ceux qui en ont le plus besoin.

De plus, il peut être personnalisé pour s’assurer que les bénéficiaires du programme donnent la priorité à l’achat d’aliments sains, de préférence d’origine québécoise ou canadienne et produits localement.

Alors que le rabais sur l’épicerie cet été a probablement apporté un certain soulagement, un programme SNAP pourrait offrir un soutien constant, indépendamment des fluctuations économiques.

Il est impératif de reconnaître les avantages de vivre ici, chez nous. Malgré les récentes augmentations de prix, la nourriture reste relativement abordable par rapport à de nombreuses autres nations. En regardant vers l’avenir, comme l’avait prévu le Rapport sur les prix alimentaires au Canada il y a près d’un an, il y a des raisons de prévoir la fin de l’année avec un taux d’inflation alimentaire plus bas, ce qui signifie une trajectoire plus stable pour les prix des aliments.