(Ottawa) Les exportations canadiennes de charbon thermique ont encore augmenté de 7 % l’an dernier, atteignant le niveau le plus élevé depuis près d’une décennie.

L’essor des exportations du type de charbon brûlé pour produire de l’électricité survient alors que le Canada est à la tête d’une campagne visant à mettre fin à l’utilisation du charbon comme source d’énergie dans le monde entier.

Les libéraux ont également promis il y a trois ans que toutes les exportations de charbon thermique du Canada cesseraient d’ici 2030, mais les exportations ont augmenté de près de 20 % depuis que cette promesse a été faite.

Les statistiques publiées ce mois-ci par les ports de Vancouver et de Prince Rupert montrent que 19,5 millions de tonnes de charbon thermique ont été exportées via leurs terminaux l’année dernière.

Cela représente une hausse par rapport à un peu plus de 18 millions de tonnes en 2022 et représente près du double de la quantité exportée par le Canada en 2015, lorsque les libéraux ont pris le pouvoir.

Fraser Thomson, avocat chez Ecojustice, mentionne que la plupart des ports de la côte ouest des États-Unis n’autoriseront plus les exportations de charbon thermique.

Selon lui, le gouvernement canadien doit intervenir et tenir sa promesse d’arrêter à la fois les exportations de produits canadiens et le charbon en provenance des États-Unis qui transitent par le Canada.

«  Il n’y a vraiment pas de temps à perdre, soutient-il. Ils l’ont promis en 2021 et nous avons vu le coût de l’inaction. Les exportations de charbon continuent d’augmenter, ce problème s’aggrave et il ne va pas se résoudre de lui-même. Cela nécessite une action définitive, et le gouvernement fédéral est le gouvernement qui peut le faire. »

Le charbon est considéré comme le combustible le plus sale pour produire de l’électricité en termes d’émissions de gaz à effet de serre et de pollution atmosphérique. Lorsqu’il est brûlé, il produit presque deux fois plus de dioxyde de carbone que le gaz naturel pour produire la même quantité d’énergie.

La consommation mondiale de charbon a augmenté en 2022, en partie à cause de l’invasion russe de l’Ukraine qui a entraîné une flambée des prix du gaz. L’Agence internationale de l’énergie a déclaré dans ses prévisions les plus récentes qu’elle pensait que la demande de charbon thermique pourrait avoir culminé en 2023.

La Chine représente plus de la moitié de la consommation mondiale de charbon thermique, et l’Inde près de 15 %.

Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré le mois dernier qu’il prévoyait annoncer un plan visant à éliminer progressivement les exportations de charbon plus tard cette année.

La députée néo-démocrate Laurel Collins, fatiguée d’attendre que le ministre Guilbeault agisse, a présenté en février un projet de loi d’initiative parlementaire visant à forcer la fin des exportations de charbon. Le projet de loi n’a pas encore été débattu.

Vendredi, elle a dit être exaspérée par l’augmentation continue des exportations de charbon.

« Même après le dépôt de ma motion, ils ont simplement répété la même chose qu’ils disent depuis des années maintenant, à savoir qu’ils ont l’intention d’éliminer progressivement les exportations de charbon thermique et pourtant, les faits réfutent leurs affirmations. Aucune mesure n’a été prise », a-t-elle affirmé.

Certains travailleurs dont l’emploi dépend du charbon ont besoin d’un plan de transition et de temps pour s’adapter aux différentes industries, estime Mme Collins. Si le gouvernement n’agit pas rapidement, selon elle, il n’y aura pas assez de temps pour cet ajustement et les travailleurs en subiront les conséquences.

La néo-démocrate souligne que le Canada a été salué comme un leader dans la lutte contre l’énergie au charbon, mais qu’il continue pourtant d’exporter le problème.

Le Canada et le Royaume-Uni ont également lancé il y a sept ans l’Alliance : Énergiser au-delà du charbon pour encourager tous les pays à réduire l’utilisation du charbon comme source d’énergie.

La consommation intérieure d’énergie au charbon au Canada a chuté de façon spectaculaire, aidée par la décision de l’Ontario de fermer toutes ses centrales électriques au charbon. La dernière dans cette province a fermé ses portes en 2014.

Les deux dernières centrales au charbon de l’Alberta passeront cette année au gaz naturel.

La Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse sont les seules autres provinces qui dépendent fortement du charbon, mais la réglementation les oblige à les fermer, à les faire passer au gaz ou à les équiper d’une technologie de captage des émissions d’ici 2030.

Malgré tout cela, M. Thomson a déclaré que le Canada continue d’expédier du charbon à l’étranger.

« Quand les libéraux ont interdit la combustion du charbon au pays, l’idée était que les mines de charbon qui approvisionnaient ces centrales seraient fermées et que cette industrie finirait par faire une transition », a-t-il indiqué.

« Ce que nous avons vu depuis lors, c’est que la production nationale de charbon a triplé, et le gouvernement ne semble rien faire pour y remédier malgré les promesses de s’y attaquer. »

Presque tout le charbon thermique produit au Canada provient de mines de charbon de l’Alberta et est exporté, principalement vers l’Asie, à partir des ports de la Colombie-Britannique.