Depuis la sortie du budget Girard, on dit que le gouvernement du Québec devra plafonner le rythme de croissance de ses dépenses à 3 % pour enrayer le déficit budgétaire. L’entrepreneure en moi a les dents qui grincent. J’ai l’impression d’être assise devant mon comptable qui m’explique comment gérer l’avenir de mon entreprise.

On nous parle beaucoup du présent, mais notre avenir québécois ressemblera à quoi ? On réitère les priorités en santé et en éducation. D’accord. Mais la vision d’ensemble, elle ? Et si le Québec était géré par des entrepreneurs plutôt que par des comptables, ça ressemblerait à quoi ?

On arrêterait de parler de postes de dépenses, de réduction, de ralentissement. On parlerait de responsabilisation, d’agilité, de créativité. Comme gouvernement, on définirait une vision claire, inspirante et mesurable. On en profiterait pour aplanir nos structures hiérarchiques coûteuses, pour redonner du pouvoir aux enseignantes, aux infirmières et à tous ceux et celles qui travaillent directement au service des citoyens.

Soyons réalistes. Si les entreprises québécoises étaient gérées par leur comptable, beaucoup n’auraient pas passé à travers la crise pandémique. Pourquoi ? Là où le comptable regarde les dépenses, l’entrepreneur réfléchit à la façon de faire mieux avec moins. La loi de la jungle en affaires oblige à trouver des solutions créatives et à les implanter rapidement.

Alors, laissons donc les enseignantes optimiser et réinventer les milieux scolaires. Donnons-leur un budget défini, des objectifs précis et laissons-les choisir les moyens pour y arriver.

Arrêtons de réfléchir dans nos hautes tours d’ivoire et allons sur le terrain.

Les réductions de coûts, ça se passe sur le terrain avec les gens qui voient réellement toutes les pertes de temps et d’argent, car ils ont à cœur le service aux élèves, aux patients et aux citoyens. D’ailleurs, n’oublions pas que ces employés sont également, à un moment ou à un autre, clients du système dans lequel ils travaillent.

Quand je travaille avec des entreprises en construction, je sors mes bottes, mon casque et je vais sur les chantiers. Des usines, j’en ai marché de nombreuses depuis les 11 dernières années en tant que consultante en management. Les solutions les plus créatives et qui ont eu le plus d’impact sur la réduction des dépenses, ce sont les gens qui sont sur les chantiers et dans nos usines qui les ont trouvées.

D’accord, c’est important de faire des plans, mais gardons en tête que la réalité se déroule rarement comme dans les plans. Au même titre qu’un accouchement ne se passe jamais comme on l’imagine dans un plan de naissance. Alors, passons à l’action pour réduire nos dépenses dès maintenant de façon créative et collaborative, pas comme des comptables, mais comme des entrepreneurs.