Les récentes annonces concernant d’autres entreprises technologiques québécoises poussent le PDG à analyser divers scénarios.

L’offre d’achat acceptée ce mois-ci par l’entreprise de Longueuil mdf commerce et l’examen stratégique annoncé par la fintech montréalaise Nuvei après avoir reçu des propositions ne laissent pas le patron de Lightspeed indifférent.

« C’est intéressant. Ça fait réfléchir », lance Dax Dasilva en entrevue.

« Nuvei évalue si elle peut faire plus en tant qu’entreprise privée. Des gens m’ont fait la même remarque à propos de Lightspeed », ajoute celui qui est de retour depuis le mois dernier aux commandes du fournisseur montréalais de solutions technologiques pour commerçants.

« Je continue de croire que la Bourse est un bon endroit pour Lightspeed », dit son fondateur. « Mais quand tu observes ce qui se passe, tu te demandes néanmoins si fermer le capital serait une meilleure solution. Nous sommes toujours ouverts à ces discussions », ajoute-t-il en précisant que le conseil d’administration de Lightspeed évalue continuellement des options stratégiques.

Nuvei et Lightspeed ont beaucoup en commun. Ces deux entreprises montréalaises offrent des solutions liées au paiement électronique. Les deux ont fait le saut en Bourse presque au même moment. Les deux ont vu leurs actions exploser durant la pandémie avant de chuter de façon tout aussi spectaculaire. Les deux ont été victimes coup sur coup d’attaques par un même vendeur à découvert. Et les deux comptent la Caisse de dépôt et placement du Québec parmi leurs principaux actionnaires.

Après une inscription en Bourse au prix initial de 16 $ il y a cinq ans, l’action de Lightspeed s’est appréciée jusqu’à 165 $ avant de redescendre à son niveau actuel de 18 $.

Les investisseurs veulent voir une efficacité opérationnelle. Si on parvient à améliorer nos marges trimestre après trimestre, les investisseurs nous appuieront et Lightspeed sera à nouveau récompensée par le marché.

Dax Dasilva, PDG de Lightspeed

L’entrepreneur technologique et militant écologiste dirige à nouveau Lightspeed après avoir remplacé son ami JP Chauvet à la mi-février, quelques jours seulement après la présentation des plus récents résultats trimestriels de l’entreprise.

« Il y avait eu des commentaires entourant de possibles acquisitions, et ce n’est pas le bon focus pour Lightspeed en ce moment. Nous ne voulons pas réaliser une acquisition qui rendrait le modèle d’affaires plus confus », explique Dax Dasilva.

S’il porte le titre de chef de la direction « par intérim », il affirme qu’il demeurera en poste aussi longtemps que nécessaire. « Ultimement, la décision appartient au conseil d’administration », dit-il.

La première chose qu’il a faite après l’annonce de son retour a été de prendre l’avion pour aller rencontrer des clients et employés de Lightspeed en Asie.

« Le dernier mois en a été un d’observation afin d’identifier comment il est possible de réaliser des gains d’efficacité opérationnelle. »

Priorité à la « croissance rentable »

Les activités de l’entreprise sont passées au peigne fin afin de voir comment les coûts peuvent être abaissés.

« Nous entrons dans une phase où la croissance rentable est la priorité », dit Dax Dasilva.

Il affirme avoir déjà apporté des changements permettant d’économiser plusieurs millions et cite en exemple la transformation en mode virtuel d’un rassemblement en présentiel de milliers d’employés de partout dans le monde.

L’assouplissement de la politique de télétravail fera aussi économiser. Le mot d’ordre exigeait que le personnel-cadre et les nouveaux employés travaillent en présentiel cinq jours par semaine. C’était trois jours par semaine pour tous les autres employés.

« C’est maintenant trois jours par semaine (du mardi au jeudi) au bureau pour tout le monde bien que les employés puissent venir cinq jours par semaine s’ils le souhaitent », dit Dax Dasilva. Cette mesure permet de réduire les coûts de certains services comme ceux de la cafétéria (la nourriture est gratuite pour les employés) au siège social, précise-t-il.

Partager à nouveau certains étages du siège social de la Gare Viger avec d’autres entreprises comme par le passé est examiné. « Nous avons beaucoup d’espace à la gare Viger. Nous effectuons aussi un examen de l’ensemble de nos installations. Nous avons 17  bureaux dans le monde », explique le gestionnaire de 47 ans.

Les investisseurs peuvent espérer plus d’information lors de la présentation des prochains résultats trimestriels en mai.

Nous offrirons une visibilité pour les 12 mois à venir. Et à l’automne, lors de notre journée pour les investisseurs, nous offrirons un aperçu des objectifs sur un horizon de trois ans.

Dax Dasilva, PDG de Lightspeed

Le principal défi à relever, selon lui, est maintenant de rationaliser les activités qui, dit-il, sont très dispersées dans le monde à la suite des neuf acquisitions réalisées dans les dernières années.

« Nous devons maintenant voir quels sont les endroits où il ne vaut pas la peine d’investir pour bâtir un marché », explique Dax Dasilva.

Par exemple, Lightspeed avait une forte présence dans l’hôtellerie dans un pays d’Europe et une équipe a été créée pour développer le commerce de détail.

La direction examine maintenant tous ces endroits où l’entreprise avait une présence forte dans un segment et où elle tente de bâtir une présence dans l’autre segment, car cette approche ne semble pas générer les rendements espérés.

Dax Dasilva souligne que les neuf acquisitions ont permis d’accomplir la première étape de la stratégie, c’est-à-dire offrir deux produits phares : un pour le commerce de détail et un pour l’hôtellerie.

La deuxième étape consistait à jumeler les produits au système de paiement. Litghspeed est maintenant arrivée à la troisième étape qui se veut la croissance rentable.

« Cette troisième phase n’est pas plus difficile que de bâtir deux produits phares ou amener la clientèle à utiliser notre système de paiements. C’est opérationnel. Ça prend simplement un focus pour simplifier le modèle d’affaires », affirme Dax Dasilva.