La municipalité de Lanaudière va avoir son campus agroalimentaire

« Il faut se parler d’autonomie alimentaire », a lancé François Legault, alors qu’il annonçait une contribution de près de 42 millions de dollars pour soutenir le Centre d’innovation en agrosciences et en agrotechnologie.

On pourrait donc manger bientôt toutes sortes de variétés de champignons produits toute l’année à L’Assomption et, pourquoi pas, même des crevettes. Le projet, dans son ensemble, veut regrouper dans Lanaudière ces entreprises qui font de l’agriculture et de l’aquaculture de pointe, beaucoup en recherche et développement ; avec un intérêt pour la production durable et urbaine.

« L’idée est d’aider nos producteurs agricoles à augmenter leur productivité, a précisé le premier ministre François Legault. On est dans une situation où il y a pénurie de main-d’œuvre. Il faut être capable, avec des robots et autres, d’innover pour avoir la même production, mais avec moins d’employés. »

Esprit collaboratif

Au cœur du projet, un nouvel édifice de quatre étages. Ce centre de 33 000 pieds carrés servira tant aux scientifiques qui travaillent sur des projets de gestion des parasites en agriculture et au développement de variétés mieux adaptées aux nouvelles réalités climatiques qu’aux jeunes pousses de l’agroalimentaire.

Le centre sera entouré d’entreprises établies, dans d’autres bâtiments à proximité, ayant choisi L’Assomption pour profiter et partager du savoir-faire, de la technologie, de la formation et d’autres ressources communes afin de favoriser l’accélération de leur croissance.

« Une fois l’entreprise incubée et prête à attaquer le marché, a expliqué le maire de L’Assomption, Sébastien Nadeau, on va l’amener dans des locaux et on va grandir avec elle. On veut les amener d’un cycle de départ à un cycle de maturité pour qu’elles deviennent un jour des entreprises exportatrices. »

Un campus pour tous

Le projet comptera au total 4 millions de pieds carrés, divisés sur des terrains de Repentigny et de L’Assomption. Dans cette dernière municipalité, on souhaite carrément créer une sorte de « campus » qui pourra aussi attirer les citoyens et des visiteurs, dans un milieu de vie convivial, un peu à l’extérieur du centre-ville actuel de L’Assomption. « On veut favoriser le transport actif, a expliqué le maire Sébastien Nadeau. On veut pouvoir y manger en favorisant les produits locaux au maximum. »

C’est l’organisme AgTech qui mène le projet, en collaboration avec le CIEL – le Carrefour industriel et environnemental de Lanaudière. Ils investissent conjointement 3,1 millions de dollars dans ce nouveau développement, pour un investissement total de 46 millions de dollars, dont 41,7 millions qui proviennent de Québec.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

Le ministre de l'Agriculture André Lamontagne et François Legault

Une importante partie de ce nouveau pôle agrotechno se trouvera sur les terrains de l’ancienne usine Electrolux, à L’Assomption, et dans ce quartier. L’usine a fermé ses portes à l’été 2014. Le projet de zone agrotechnologique est né peu de temps après et a mené à la naissance de la zone AgTech en 2020.

« Lanaudière sera la capitale agtech du Québec », a lancé le maire Sébastien Nadeau, qui souhaite que les jeunes entreprises qui intégreront le projet s’établissent ensuite dans sa ville.

Des dispositions particulières pour les travailleurs agricoles

Cette annonce a été faite alors que le secteur agricole québécois est sous pression, notamment parce que les nouvelles dispositions d’Ottawa qui imposent un visa aux Mexicains, avant leur arrivée, sont un véritable casse-tête pour les travailleurs temporaires.

Le premier ministre Legault souhaite que l’on trouve « un moyen de traiter différemment » les travailleurs agricoles.

« Il faut distinguer les gens qui viennent travailler ici seulement l’été et qui ne sont pas à risque de devenir des demandeurs d’asile », a-t-il précisé vendredi matin, en marge de la conférence de presse.

Le premier ministre s’est fait rassurant pour les agriculteurs inquiets. « On va les aider », a-t-il promis, invoquant même la possibilité d’une aide financière.

François Legault a aussi invoqué une simplification prochaine des processus en agriculture, la bureaucratie étant lourde dans ce secteur économique, a-t-il dit, ainsi qu’un éventuel « allégement réglementaire » qui pourrait aider les producteurs québécois à être plus compétitifs face aux produits étrangers.

« Il y a quelque chose de pas juste dans le fait que les produits qui sont importés, dans certains cas, n’ont pas les mêmes normes environnementales qu’au Québec », a expliqué François Legault, précisant que la moitié de nos aliments n’est pas produite au Québec.