L’ex-numéro trois d’Investissement Québec réclame près de 2,7 millions de dollars au bras financier de l’État après son congédiement « pour motif sérieux », en novembre dernier.

Investissement Québec avait alors reproché à son premier vice-président au réseau régional Jocelyn Beauchesne d’avoir « enfreint une règle de gouvernance », ainsi que le révélait La Presse.

Près de trois mois plus tard, il poursuit son ex-employeur pour une conduite jugée « offensante, négligente, précipitée, fermée, aveuglée, entêtée ».

Jocelyn Beauchesne, 56 ans, dénonce une attitude « déréglée » faisant preuve « d’abus et mauvaise foi ».

« Sans fondement », dit Investissement Québec

« Nous sommes d’avis que cette poursuite est sans fondement. Nous exposerons notre version des faits dans le cadre des procédures. Mais pour le moment, nous ne commenterons pas davantage », a réagi la vice-présidente aux communications, Gladys Caron, dans un courriel à La Presse.

La société d’État n’a jamais donné de précisions sur la « règle de gouvernance » qu’aurait enfreinte Jocelyn Beauchesne pour mériter son congédiement.

La poursuite de son ancien dirigeant n’en dit pas davantage, mais dénonce « son évincement des lieux de travail, sans préavis ou indemnité », le 29 novembre dernier.

Selon la requête, Investissement Québec, « par-delà d’une inconduite déjà grossièrement abusive et très sérieusement dommageable », aurait « prolongé la faute » en communiquant avec les médias.

Dans les faits, la société d’État avait répondu aux questions de La Presse, déjà informée du départ de M. Beauchesne.

« En notre qualité de société d’État, la direction a considéré qu’il ne pouvait plus occuper ses fonctions, écrivait Gladys Caron dans un courriel à La Presse à l’époque. Toutefois, il n’a tiré aucun avantage pour lui-même, n’a eu aucun comportement inapproprié ou fait de harcèlement à l’égard d’un individu et il n’y a eu aucune conséquence pour les clients. »

Elle ajoutait que Jocelyn Beauchesne ne toucherait « aucune indemnité de départ ».

Contacté par La Presse, le principal intéressé n’a pas souhaité donner de détails. « Malheureusement, comme c’est entre les mains de la cour, je ne ferai pas de commentaires », dit-il.

Son avocat Bernard Moreau assure simplement que « M. Beauchesne nie catégoriquement les allégations à son endroit » et qu’il juge « calomnieux » les propos d’Investissement Québec.

La semaine dernière, Le Journal de Montréal rapportait que Jocelyn Beauchesne avait organisé une réception à 115 000 $ pour 335 salariés avec service d’alcool à l’hôtel Hilton DoubleTree du Complexe Desjardins, en novembre. La société d’État l’a renvoyé quelques jours plus tard.

Son avocat Bernard Moreau refuse de confirmer ou d’infirmer tout lien entre l’évènement et son congédiement.

« Aux toutes premières loges »

La poursuite de Jocelyn Beauchesne, à l’emploi d’Investissement Québec depuis 2017, souligne qu’il a réussi « la fusion des opérations des bureaux régionaux » de la société d’État avec celles du ministère de l’Économie.

La requête ajoute qu’il s’est hissé « aux toutes premières loges » en 2022, à titre de premier vice-président du réseau régional. Il avait aussi accédé aux comités de direction, du crédit et de l’investissement, avant sa chute brutale.

Selon sa poursuite, le gestionnaire avait sous sa responsabilité quelque 200 employés. Le document mentionne que sa rémunération globale s’élevait à 674 303 $, incluant bonis et avantages sociaux.

La réclamation de Jocelyn Beauchesne inclut 1,55 million en gains pour deux ans de services et 1,12 million en dommages, notamment pour atteinte à sa réputation.

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  • 7,4 milliards
    Actif d’Investissement Québec au 31 mars 2023
    Source : Rapport annuel d’Investissement Québec