Un groupe d’investisseurs a déposé une plainte à l’Autorité des marchés financiers et à la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario contre cinq banques canadiennes qui ont pris des engagements de réduire à zéro leurs émissions de gaz à effet de serre tout en continuant d’investir dans des entreprises qui augmentent leurs émissions polluantes.

Selon Investors for Paris Compliance, qui suit de près les engagements en matière d’environnement des entreprises publiques canadiennes, les banques en question se sont toutes fixé des objectifs chiffrés en matière de réduction des émissions, mais elles ne donnent aucune information sur les résultats de leur stratégie.

« Il existe en revanche des exemples d’opérations de finance durable ayant entraîné une hausse des émissions, précise la plainte. Pour résumer, la pratique de l’écoblanchiment dans ce secteur est largement reconnue ».

Les institutions financières visées par la plainte sont la Banque Royale, la BMO, la TD, la CIBC et la Scotia.

Les cinq institutions ont joint en 2021 la Net-Zero Banking Alliance et se sont engagées à atteindre l’objectif de zéro émission nette financée en 2050. Des obligations vertes et autres instruments de finance durable totalisant des centaines de milliards de dollars sont utilisés et publicisés pour atteindre cet objectif.

« Plusieurs exemples montrent que les opérations de finance durable réalisées par les banques ont contribué à augmenter les émissions plutôt qu’à les réduire », selon la plainte, qui précise que la majorité des opérations de finance durable ne sont pas publiques.

Investors for Paris Compliance pointe quand même quelques exemples, dont un prêt de 1 milliard lié au développement durable par les banques Royale et CIBC à Enbridge qui a servi au projet d’expansion d’un pipeline, la Ligne 3, « dont on estime qu’il aura le même impact sur le climat que l’ajout de 50 nouvelles centrales électriques au charbon ».

L’organisation demande aux autorités réglementaires d’enquêter sur les pratiques des cinq banques en matière de finance durable et de les obliger à divulguer l’impact des mesures qu’elles énumèrent dans leurs rapports annuels sur les émissions polluantes.

Ni l’Autorité des marchés financiers ni la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario n’ont voulu commenter.

L’Association des banquiers canadiens, qui représente l’industrie, n’a pas réagi directement aux accusations du regroupement d’investisseurs. Dans un courriel, un porte-parole a indiqué que « les banques au Canada respectent les normes applicables à l’information environnementale, sociale et de gouvernance sur le marché nord-américain » et qu’elles collaborent aux efforts visant à améliorer ces normes.