Tous les vendredis, une personne de la communauté des affaires se dévoile dans notre section. Cette semaine, Lise Watier, fondatrice de l'entreprise de cosmétiques Lise Watier, dont elle a été à la tête de 1972 à 2013, répond à nos questions.

Quel autre emploi auriez-vous aimé occuper ?

Médecin. Je pense que j’aurais eu de bons diagnostics. J’aurais aimé être à l’écoute et aider. Je pense que ça aurait été pour moi. J’aime les gens, j’ai une sensibilité et je suis précise dans mes recherches. J’ai fait des études classiques qui auraient pu m’amener n’importe où, mais j’ai eu une maladie [la pleurésie] à 18 ans, qui a réduit mes capacités physiques.

Votre meilleur investissement ?

Mes chiens ! J’ai eu des chiens toute ma vie. J’adore les animaux. Mes chiens ont toujours été d’une compagnie extraordinaire. Ils m’ont toujours apporté du soutien, du réconfort, de l’amour. Ils m’ont encouragée. Tous mes chiens m’ont fait rire et jouer. C’est pour ça que c’est un bon investissement. Présentement, j’ai un petit caniche brun, c’est une femelle qui s’appelle Beauty.

Quels mots ou expressions ne pouvez-vous plus supporter ?

J’en ai trois. « Remettre à demain », j’ai beaucoup de difficulté. Pourquoi remettre à demain ce qu’on peut faire aujourd’hui ? Le mot « impossible ». Quand les gens disent que c’est impossible alors qu’ils n’ont même pas essayé, ça m’horripile. Il faut essayer plusieurs fois avant de dire que c’est impossible pour en avoir la preuve. Et le mot « jamais ».

Qui admirez-vous dans le monde des affaires ?

Si je dois choisir une seule personne, ce serait Charles Sirois, pour son génie, sa simplicité et sa modestie. Il est au-dessus de beaucoup d’autres grands entrepreneurs, mais il a toujours les deux pieds sur terre.

Quel type de consommatrice êtes-vous ?

Du type coup de foudre ! C’est un coup de foudre ou rien. Mais je n’achète pas ce dont je n’ai pas besoin. J’ai appris ça de mon père. Je réfléchis avant d’acheter, je suis raisonnable, mais les coups de foudre, c’est ma façon d’acheter.

Quel livre ou film avez-vous l’habitude de recommander ?

Un film que j’ai vu à plusieurs reprises et toujours avec le même plaisir, c’est un film américain qui s’appelle Something’s Gotta Give. C’est avec Jack Nicholson et Diane Keaton. Ce que j’aime, c’est que ça montre que l’amour peut changer les choses. À la fin, je suis émue chaque fois que je le vois, même si je connais l’histoire, parce que l’amour a gagné.

De quelle application ne pourriez-vous plus vous passer sur votre téléphone ?

Google. Parce que je suis curieuse et que j’aime toujours chercher des réponses intéressantes.

Avez-vous un mantra, une devise ?

Oui, toute ma vie, je me suis dit Prove them wrong [prouve-leur qu’ils ont tort]. C’est ce qui m’a propulsée et qui m’a donné le plus de courage, de volonté de réussir. Je voulais prouver à ceux qui ne croyaient pas en moi qu’ils avaient tort. Toute ma carrière, ça a été une grande source de motivation.

Qu’aimez-vous particulièrement cuisiner ?

Des pâtes au brie. Ça se fait avec une sauce non cuite, à la température de la pièce. Les pâtes sont chaudes, alors quand on les verse sur la sauce, le fromage fond. Il y a des tomates crues, beaucoup de basilic et d’ail aussi dans la recette.

La retraite idéale ?

Il faut être très occupé ! C’est mon idéal à moi, sinon c’est comme de gros trous dans ma vie. Il faut que je m’occupe. J’ai beaucoup voyagé avec mon mari, je lis, j’ai suivi des cours d’italien. Quand je vais en Italie, je baragouine en italien avec les gens. Tout le monde me dit que je suis bonne, mais je pense qu’ils sont gentils. J’ai ma fondation, aussi. Le printemps prochain, je vais faire du bénévolat deux jours par semaine dans un centre de soins de longue durée. Je pense me remettre au piano en suivant les cours de Gregory Charles. Il faut des passions – sinon c’est long – et avoir un chien, c’est important.

Qui est Lise Watier ?

Lise Watier est née en novembre 1942 à Montréal. Fille unique, elle a grandi dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Sa carrière commence à la télévision, où elle sera notamment animatrice. En 1965, elle ouvre l’institut Charme et Beauté Lise Watier. L’entreprise propose des cours d’épanouissement personnel et de maquillage.

Inspirée par Helena Rubinstein, elle lance sa propre gamme de cosmétique Lise Watier, en 1972. En 1993, celle qui fut qualifiée de « Céline Dion des cosmétiques », lance le parfum Neiges qui remporte un immense succès à l’international.

En 2007, l’entreprise ontarienne Imperial Capital Corporation devient actionnaire majoritaire de l’entreprise. Lise Watier y demeurera impliquée, notamment à titre de présidente du conseil d’administration. En 2016, le groupe québécois Marcelle rachète l’entreprise.

Mère de deux filles, Nathalie et Marie-Lise, Lise Watier est officiellement à la retraite depuis 2013. Elle se consacre notamment à sa propre fondation créée en 2009 pour favoriser l’indépendance financière et l’entrepreneuriat féminin.