Une fois inauguré, le terminal de passagers projeté à l’aéroport de Saint-Hubert devrait entraîner une réduction de l’impact sonore d’environ 20 % puisqu’il accueillera des avions moins bruyants, avance un rapport préparé pour l’exploitant du site. Les promoteurs du projet ont toutefois encore du pain sur la planche pour rallier les sceptiques.

C’est Stantec qui a été mandatée par l’aéroport Montréal Saint-Hubert pour réaliser une « évaluation acoustique du projet d’augmentation des activités » de l’endroit.

« Les résultats des modélisations montrent une réduction de la surface incluse dans les courbes, peut-on lire dans le document. Cette réduction est, entre autres, attribuable à la fin des activités d’aéronefs de plus ancienne génération, réputés plus bruyants. »

De plus, le terminal, qui doit être livré en 2024, n’accueillera que des aéronefs de « construction plus récente », comme les Embraer E-195 et Dash-8.

On prévoit aussi la réduction de l’ordre de 25 % des activités des écoles de pilotage – qui utilisent des appareils plus âgés et bruyants, comme des Cessna 172.

La modélisation effectuée par Stantec est théorique. Elle comporte donc certaines limites. Les résultats du rapport sont définis comme des moyennes. Les niveaux de décibels seront donc plus élevés lorsqu’un appareil passera au-dessus d’un quartier à la suite du décollage ou lorsqu’il sera en phase d’atterrissage. Ce rapport se base sur l’indice « Ldn », fréquemment utilisé aux États-Unis puisqu’il permet de donner une idée du niveau sonore. Stantec a effectué ses simulations en se basant sur les journées les plus « achalandées de l’année ».

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Étude sur le bruit généré par les activités du futur aérogare à Saint-Hubert

Résultat : à l’heure actuelle, la superficie de la zone « Ldn 60 », soit un niveau sonore moyen de 60 décibels (l’équivalent d’une conversation normale), est actuellement de 10 kilomètres carrés. Elle devrait fléchir à huit kilomètres carrés après la mise en service du terminal. La Federal Aviation Administration (FAA) – l’agence gouvernementale américaine responsable de l’aviation civile – estime que c’est à compter de « 65 Ldn » que le « niveau de gêne sonore devient significatif », souligne le rapport de Stantec.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Simon-Pierre Diamond est vice-président, affaires corporatives, communications et marketing de l’aéroport de Saint-Hubert.

« Nous sommes agréablement surpris, affirme le vice-président aux affaires corporatives de l’aéroport, Simon-Pierre Diamond. La modélisation est extrêmement précise et s’est effectuée avec les horaires prévus des aéronefs. Nous avons aussi pris le scénario du pire avec les journées les plus achalandées. Il y a de la marge de manœuvre. »

Déjà en chantier

Les travaux du terminal construit par Porter Airlines – qui sera son principal utilisateur avec Pascan Aviation – sont déjà en marche. On y retrouvera neuf portes d’embarquement qui devraient à terme permettre d’accueillir plus de 4 millions de passagers. Ce projet soulève beaucoup de questions dans les environs de l’aéroport, où des citoyens craignent les répercussions négatives des ambitions d’expansion de l’aéroport.

Après avoir parcouru le rapport de Stantec, Mathieu Péladeau, président du Comité antipollution des avions – Longueuil (CAPA-L), est loin d’être convaincu. Selon lui, le document n’aborde qu’un seul enjeu du projet d’expansion et contient des projections « très préliminaires et optimistes ».

Ce sont des prévisions de climat sonore, on l’a vu dans le cas du Réseau express métropolitain (REM), les prévisions sur les niveaux de bruit et la réalité étaient deux choses bien différentes.

Mathieu Péladeau, président du Comité antipollution des avions – Longueuil

M. Péladeau n’est pas convaincu par les hypothèses du rapport. Il estime que l’on aurait pu mener de « vrais tests avec de vrais avions » avant le début des travaux.

« Là, on ne fait que justifier un projet déjà en chantier », déplore-t-il.

À Saint-Bruno-de-Montarville, le conseiller municipal Marc-André Paquette, qui représente le district de la municipalité « le plus collé sur l’aéroport », est plus nuancé. Il considère que le document préparé par Stantec est une première étape pour « la discussion qui va devoir suivre ».

Il salue la « transparence » de l’administration de l’aéroport de Saint-Hubert en rappelant que cela n’a pas toujours été le cas dans le passé. M. Paquette apporte aussi des bémols.

« Le modèle du rapport ne tient compte que des activités projetées à l’aéroport, pas nécessairement du volume au maximum de la capacité, affirme-t-il. On n’inclut que Porter. Si l’on attire d’autres compagnies aériennes, cela va rajouter des avions. Tout cela peut changer. »

Stantec signale également que pour avoir une meilleure idée des « projections à plus long terme », il faudra effectuer de nouvelles modélisations une fois que le terminal sera opérationnel, « soit deux à trois ans après sa mise en service ».

L’aéroport de Saint-Hubert en bref :

  • Inauguration : 1er novembre 1927
  • Exploitant : Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L)
  • Président et directeur général : Yanic Roy
En savoir plus
  • 200 millions
    Coût estimé du projet de terminal passager à l’aéroport Montréal Saint-Hubert
    aéroport Montréal Saint-Hubert
    130
    Nombre de chambres que l’on trouvera dans l’hôtel qui sera construit à proximité du terminal
    aéroport Montréal Saint-Hubert