Les risques liés aux changements climatiques ont coûté cher cette année aux compagnies d’assurance, mais ce sont toutefois les enjeux liés aux cyberattaques et à la protection de données qui inquiètent davantage les dirigeants d’entreprises au Canada, selon Aon Canada. Stéphane Lespérance, PDG de la division canadienne du géant britannique de la gestion de risques et des services professionnels aux entreprises, nous explique pourquoi.

Méconnue du grand public, Aon Canada est active depuis plus de 25 ans au pays dans l’assurance et la réassurance ainsi que dans la gestion de régime de retraite et de santé, depuis que l’entreprise a fait l’acquisition presque simultanée à l’époque des sociétés Dale Parizeau, au Québec, et Reed Stenhouse, en Ontario.

« On est principalement dans le marché institutionnel où on accompagne les grandes entreprises de Québec inc. qui rayonnent à l’international. Notre principal vecteur d’affaires reste la gestion du risque pour nos clients.

« On a aussi une forte présence dans le secteur public avec les sociétés d’État, les commissions scolaires, les cégeps et les universités pour qui on administre les régimes de retraite et assure la gestion de risque », résume Stéphane Lespérance, PDG d’Aon Canada depuis 2019.

Chaque année, Aon Canada réalise un sondage auprès de ses grands clients, par l’entremise de leurs PDG, chefs de la direction financière ou gestionnaires de risques, pour connaître leurs préoccupations par rapport aux grands enjeux qui risquent de les toucher et, encore cette année, les cyberattaques et les atteintes à la protection des données accaparent le premier rang de cette évaluation annuelle.

« Il existe des solutions standards pour assurer nos clients en cas d’attaques, mais beaucoup d’entreprises préfèrent souscrire des assurances adaptées à leurs besoins, en prenant elles-mêmes une partie des risques et en partageant certaines autres avec nous.

« Notre stratégie est basée sur notre capacité de répondre aux enjeux qui touchent nos clients. C’est important de bien cerner leurs préoccupations pour pouvoir mieux les accompagner », souligne le spécialiste de la gestion des risques.

Que ce soit pour aider leurs clients à rapporter les évènements dont ils ont été victimes auprès des autorités réglementaires, protéger les systèmes informatiques ou la perte de revenus, les solutions d’assurance sont multiples.

Outre la cybersécurité, la deuxième préoccupation en importance pour les chefs d’entreprise canadiens reste encore leur incapacité à attirer ou à conserver les meilleurs talents, alors que la troisième touche les pertes d’exploitation en cas de catastrophe.

« Les changements climatiques deviennent de plus en plus un sujet de préoccupation important. Cette année seulement, les assureurs ont compilé à date au Canada plus de 1 milliard en réclamations pour les incendies de forêt qui ont eu lieu au printemps et à l’été. Les pertes pour interruption des opérations ont atteint des niveaux importants », précise le gestionnaire.

Ces réclamations importantes vont se traduire par une plus grande difficulté pour les compagnies d’assurance à se réassurer pour se prémunir des catastrophes naturelles alors que la date limite pour souscrire une réassurance est le 1er janvier prochain.

Une entreprise décentralisée

Aon Canada vient tout juste de déménager ses effectifs au 1000, De La Gauchetière Ouest, où sont situés les bureaux de Stéphane Lespérance, bien que le siège social soit officiellement à Toronto. Aon Canada emploie 3000 personnes au pays, dont 450 au Québec, principalement à Montréal et à Québec.

Chaque région du pays dispose de ses propres équipes de professionnels, que ce soient des courtiers d’assurance, des conseillers en avantages sociaux, des fiscalistes, des actuaires, des spécialistes du droit ou des ingénieurs… et on retrouve même une pharmacienne dans l’équipe de Montréal.

« On a une structure très décentralisée. Depuis que je suis devenu PDG en 2019, j’ai ramené mon bureau à Montréal, qui a toujours été important pour Aon Canada, depuis l’époque d’Aon Dale Parizeau. »

On réalise près du tiers du chiffre d’affaires au Québec, le tiers en Ontario et l’autre tiers dans le reste du pays. Mon chef des opérations est à Halifax, j’ai deux VP principaux à Vancouver et à Toronto et un autre à Calgary. On a un comité de direction chaque mois.

Stéphane Lespérance, PDG d’Aon Canada

Même chose à l’international. Le siège social d’Aon – qui compte 50 000 employés dans 120 pays – est à Londres, mais le comité de direction mondial ne se réunit en personne qu’une fois par année dans une ville différente chaque fois, dont Montréal.

La patronne nord-américaine de Stéphane Lespérance est en Ohio, même si le siège social américain du groupe est à Chicago.

« Le Canada est le troisième plus important marché d’Aon dans le monde après les États-Unis et la Grande-Bretagne. On réalise près de 1 milliard de chiffre d’affaires au Canada, avec des primes d’assurance de 4 milliards, et 3 milliards en gestion de caisse de retraite et d’assurances collectives », précise le PDG.

Parmi les grands clients de Québec inc. d’Aon Canada au Québec, on retrouve Cascades, Garda World, Boralex, Saputo, Pomerleau, le Groupe Petra… Toutes les grues que l’on voit en activité à Montréal sont assurées par Aon Canada.

« On est présent dans tous les secteurs d’activité, que ce soit la construction, le secteur minier ou les services. On accompagne les grandes entreprises du Québec jusque dans la gestion du risque des grands enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance, que ce soit à l’échelle nationale ou internationale », expose Stéphane Lespérance.