La Caisse de dépôt est partante pour s’associer aux projets d’expansion d’Hydro-Québec, qui veut investir plus de 100 milliards pour doubler sa production d’électricité au cours des 10 prochaines années.

« La CDPQ est toujours ouverte à considérer des occasions d’investissement qui appuient la transition énergétique tout en respectant ses critères de rentabilité », a répondu un porte-parole en réponse aux questions de La Presse sur les projets d’Hydro-Québec.

La société d’État veut s’associer avec des investisseurs institutionnels pour financer les investissements majeurs prévus dans son plan pour décarboner l’économie rendu public la semaine dernière. Hydro-Québec devra financer de 12 à 16 milliards de nouvelles dépenses par année, soit le triple de ses besoins actuels. Le tiers de cet argent viendra de ses fonds propres et les deux tiers devront être financés d’une façon ou d’une autre.

Le PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, assure ne pas être inquiet du tout de pouvoir financer ces investissements importants, parce que les marchés financiers sont bien disposés envers le secteur des énergies renouvelables. Il a toutefois indiqué que la façon traditionnelle pour Hydro-Québec de se financer, les émissions d’obligations, serait modernisée. « Ce n’est pas une critique, a-t-il précisé, mais il y a d’autres façons de faire. »

C’est l’ancien collègue de Michael Sabia à la Caisse de dépôt Maxime Aucoin, maintenant vice-président exécutif, Stratégies et Finances, chez Hydro-Québec, qui a la responsabilité de trouver ces partenaires financiers et de nouer des alliances innovatrices.

Nous allons parler à tout le monde pour trouver les meilleures façons de structurer le financement.

Michael Sabia, en entrevue à la radio

L’intérêt de la Caisse de dépôt pour les infrastructures énergétiques est déjà évident. Pas plus tard que la semaine dernière, elle a annoncé l’acquisition d’un réseau de transport d’électricité de 695 kilomètres au Brésil pour la somme de 108 millions de dollars canadiens. L’année dernière, la Caisse a acheté un réseau de transport d’électricité de 1100 kilomètres entre le Brésil, le Pérou et l’Uruguay.

Hydro-Québec veut allonger son réseau de transport d’électricité de 5000 kilomètres au Québec et construire de nouvelles installations de production d’hydroélectricité. Au total, son plan d’expansion prévoit des investissements de 100 milliards d’ici 2035, auxquels il faut ajouter 50 milliards dans l’entretien et la maintenance du réseau de transport et de distribution.

Un précédent

Hydro-Québec veut aussi s’associer financièrement aux communautés autochtones pour réaliser ses projets, plutôt que de leur offrir des indemnisations. « Le temps des indemnisations est terminé, a-t-il dit lors de l’annonce des projets. C’est une vieille mentalité. »

Hydro-Québec se dit prête à faciliter l’acquisition par les communautés autochtones de participations financières dans les futurs parcs éoliens, les prochaines centrales hydroélectriques et les autres infrastructures qui seront construites sur leurs territoires.

« Ces prises de participation pourraient faire l’objet d’un soutien financier d’Hydro-Québec ou d’autres sources de financement privées ou gouvernementales. » Le soutien offert par Hydro-Québec aux communautés qui veulent investir dans les projets pourrait prendre la forme de « financement concessionnel », indique le plan. Il n’a pas été possible d’obtenir plus de précisions à ce sujet de la part d’Hydro-Québec.

Il existe déjà un précédent dans le nouveau type de relations qu’Hydro-Québec veut établir avec les communautés autochtones. Le Conseil des Mohawks de Kahnawake sera copropriétaire avec Hydro-Québec de la portion québécoise de la ligne de transport qui reliera le Québec à la ville de New York, ce qui assurera des revenus à la communauté pour une période de 40 ans.

Malgré le recours à des partenaires pour financer en partie les investissements à venir, Hydro-Québec devra emprunter massivement pour réaliser ses projets, dans un contexte de taux d’intérêt élevés.

En 2022, la société d’État a émis pour environ 5 milliards de titres de dettes, à un taux avoisinant les 4 %.

En savoir plus
  • 51,5 milliards
    C’est la dette à long terme d’Hydro-Québec au 31 décembre 2022, dont la presque totalité est garantie par le gouvernement du Québec.
    Source : Hydro-Québec