À quelques jours de la prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt, attendue mercredi, les feux jaunes se multiplient et s’intensifient dans les tableaux de bord des économistes. Résumé des plus récentes mises à jour des analyses et des prévisions effectuées par des organisations d’influence dans l’économie du Québec.

Prochaine année « difficile » pour l’économie du Québec, anticipe l’AMF

« L’année 2024 s’annonce plus difficile pour l’économie québécoise », anticipent les analystes de l’Autorité des marchés financiers du Québec (AMF), dans leur Revue économique et financière publiée vendredi.

« La chute du PIB réel au deuxième trimestre, qui a surpris par son ampleur, semble indiquer que le Québec commence à épuiser les atouts qui ont rendu son économie relativement résiliente au cours des derniers trimestres », observent les analystes de l’AMF.

La montée des coûts d’emprunt ainsi que l’inflation la plus élevée au Québec parmi toutes les provinces grignotent le pouvoir d’achat des ménages et freinent la demande.

Extrait de la Revue économique et financière de l’AMF

Et pour la suite ? « Les effets du resserrement de la politique monétaire canadienne [hausse des taux d’intérêt] se font sentir depuis quelque temps déjà, mais ceux-ci seront encore plus perceptibles dans les mois à venir », prévoient les analystes de l’AMF.

« De plus, le ralentissement de l’économie mondiale fait en sorte que la demande pour les produits du Québec risque de diminuer. »

L’économie du Québec au bord d’une « contraction », selon Desjardins

Après s’être « abruptement détériorée au deuxième trimestre », l’économie du Québec pourrait se situer « au début d’une période de contraction qui se prolongerait jusqu’au début de 2024 », estiment les économistes de Desjardins dans la mise à jour de leurs Prévisions économiques et financières, publiée jeudi.

« Le PIB réel [au Québec] a chuté de 1,9 % [sur un an] au deuxième trimestre à la suite de la croissance de 1,4 % au premier trimestre », signalent les économistes de Desjardins.

Au deuxième trimestre, « les dépenses de consommation des ménages ont diminué pour la première fois depuis le début de la pandémie. Aussi, le secteur résidentiel a poursuivi sa chute, et les investissements des entreprises ont fléchi ».

Par conséquent, « les conditions économiques [au Québec] devraient demeurer difficiles au cours des prochains trimestres, notamment en raison des effets restrictifs des taux d’intérêt élevés », avertissent les économistes de Desjardins.

Aussi, « le marché du travail, qui a assez bien résisté jusqu’ici, devrait se détériorer. Le taux de chômage mesuré à 4,4 % en septembre devrait remonter jusqu’aux environs de 5,5 % d’ici le printemps prochain. »

Entreprises et consommateurs en prérécession, estime la Banque Nationale

Le sentiment des dirigeants d’entreprise et des consommateurs envers l’évolution de l’économie se dégrade à un niveau précurseur de récession, estiment les économistes de la Banque Nationale dans leur billet d’analyse hebdomadaire publié vendredi.

Entre autres, dans la plus récente Enquête sur les perspectives des entreprises (EPE) divulguée par la Banque du Canada, les économistes de la Nationale constatent « une dégradation des conditions d’exploitation [des entreprises] au troisième trimestre, alors que l’indicateur d’ensemble de l’EPE a continué de s’enfoncer en dessous de 0, à un niveau habituellement associé à des périodes de récession ».

Quant au sentiment des consommateurs, les économistes de la Nationale notent dans les résultats de la plus récente Enquête sur les attentes des consommateurs, aussi réalisée par la Banque du Canada, qu’une majorité de consommateurs (55 %) « s’attendent à ce que l’économie bascule en récession d’ici 12 mois, en hausse par rapport au niveau de 50 % mesuré le trimestre précédent ».

Par conséquent, selon les économistes de la Banque Nationale, « le pessimisme ambiant et la hausse des taux d’intérêt poussent les ménages à réduire leurs dépenses ».

La récession encore évitable, espère la FCEI

Malgré les indices de ralentissement qui se multiplient, une récession pourrait encore être évitée au cours des prochains mois, anticipent les analystes de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante. La FCEI est considérée comme le principal porte-parole des PME au pays.

Dans la mise à jour de leur Baromètre des Affaires, publiée vendredi, les analystes de la FCEI notent que les observations des dirigeants de PME vont dans le sens d’une « faible croissance » de l’économie au troisième trimestre, de l’ordre d’à peine 0,2 % en terme annualisé. (Les chiffres du PIB du trimestre terminé le 30 septembre sont attendus bientôt de Statistique Canada.)

En contrepartie plus optimiste, la mise à jour du Baromètre des Affaires de la FCEI suggère que « la croissance du PIB au quatrième trimestre [1er octobre au 31 décembre] pourrait légèrement rebondir pour s’établir à 1,4 %, ce qui pourrait permettre d’éviter une récession ».

« Bien que la croissance du PIB soit inférieure à la moyenne historique d’environ 2,5 %, ces prévisions indiquent une économie résiliente malgré le contexte difficile », signalent les analystes de la FCEI.