La gestion de résidences pour aînés (RPA) au nom du nouveau propriétaire des complexes, Corev Immobilier : c’est ce qui devrait rester de Groupe Sélection lorsque ses derniers actifs auront été vendus. Tout indique que Réal Bouclin ne sera plus impliqué dans l’entreprise qu’il a fondée et qui est insolvable depuis 10 mois.

Ce qu’il faut savoir :

Groupe Sélection est à l’abri de ses créanciers depuis le 14 novembre.

Corev Immobilier lorgne les RPA, projets et terrains restants de l’entreprise.

Le fondateur et président de Sélection, Réal Bouclin, ne fera pas partie de la relance.

Un litige impliquant un projet de Sélection à Ottawa fera par ailleurs l’objet d’un débat, jeudi, devant la Cour supérieure du Québec. C’est ce qui a été décidé par le juge Michel A. Pinsonneault, qui supervise la restructuration judiciaire qui se déroule en vertu de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC), lundi.

Néanmoins, le plus récent rapport du contrôleur PwC offre un aperçu du visage de Sélection au terme de la vente du dernier bloc d’actifs aux enchères, qui comprend notamment quatre complexes pour aînés détenus en totalité ou en partie par l’entreprise de M. Bouclin.

« Corev n’a pas d’expérience dans l’exploitation de RPA et compte s’associer à [la direction] de Sélection afin d’assurer la gestion des RPA, écrit Christian Bourque, responsable du redressement financier. Le contrôleur est informé qu’une entente formelle de gestion est en cours d’élaboration avec des dirigeants de Sélection et une société à être formée. »

Le rapport de M. Bourque n’offre cependant pas de détails sur la forme que prendrait la collaboration avec Corev. À écouter son président, Daniel Revah, le fondateur de Sélection, toujours sous la protection de la Loi sur la faillite et l’insolvabilité en raison de ses déboires financiers personnels, ne fera pas partie du portrait.

« Pour l’instant, Réal Bouclin n’est pas impliqué », a dit M. Revah, dans un bref entretien téléphonique, lorsque joint par La Presse. « On va avoir ses employés pour l’instant. »

De promoteur à gestionnaire

Ce sera tout un changement pour Sélection. Au moment de se placer à l’abri de ses créanciers, en novembre 2022, l’entreprise était très diversifiée. Le groupe se spécialisait dans la gestion de RPA en plus d’agir comme promoteur immobilier. À ce moment, elle s’assurait de la gestion de 48 complexes pour aînés. On peut maintenant les compter sur les doigts d’une seule main.

Sur son site web, Corev se présente comme un spécialiste de la construction de tours de « plus de 40 étages » et de la rénovation d’envergure d’immeubles patrimoniaux. Elle dit avoir réalisé des projets comme le complexe de 43 étages Tom Condos au centre-ville de Montréal. Ce gratte-ciel immobilier est situé avenue Union, entre le boulevard René-Lévesque et la rue Cathcart.

Litige ontarien

Même si la vente des actifs restants de Sélection à Corev est appuyée par PwC, un partenaire ontarien s’oppose à ce qui est sur la table. Le litige concerne un complexe multirésidentiel détenu à 50 % par Sélection. L’autre partenaire dans ce projet, SmartCenters, qui n’a pas soumis d’offres dans le cadre des enchères, souhaite racheter les intérêts de son partenaire dans le projet plutôt que de voir débarquer Corev.

Dans la contestation, les avocats de SmartCenters allèguent que le contrôleur n’a pas rempli son mandat puisque Corev n’a pas d’expérience dans la gestion d’immeubles qui abritent des aînés.

« Cette transaction ne satisfera pas le besoin d’avoir un partenaire ayant l’expérience et la capacité de gérer des RPA, font valoir les plaignants. SmartCenters essaie de trouver un exploitant expérimenté et établi pour le projet d’Ottawa. »

L’avocat du contrôleur, Alain Riendeau, voit les choses d’un autre œil. Devant le juge Pinsonneault, le représentant de PwC a reproché à SmartCenters d’être le seul partenaire à vouloir « paralyser » le processus de relance de Sélection. MRiendeau a affirmé que SmartCenters « regrette de ne pas avoir déposé d’offre pendant les enchères » et qu’elle souhaite maintenant « racheter les intérêts de Sélection sans avoir déposé » de proposition.

C’est jeudi qu’aura lieu le débat sur le fond entourant ce litige.

En savoir plus
  • 272 millions
    Montant du prêt que doit rembourser Sélection à ses banquiers.
    Source : pwc