La coopérative s’apprête à lancer un parc de véhicules électriques pour entreprises bioalimentaires et deviendra peut-être propriétaire de ses espaces – dans ce monde immobilier où le coût du pied carré a explosé en ville.

« C’est certain que nous sommes dans une année charnière », avoue LN Saint-Jacques, premier directeur général de la Centrale agricole, un endroit surprenant où poussent des champignons, des fleurs et des projets novateurs, dans Ahuntsic.

Mais attention, il ne s’agit pas d’un incubateur de PME.

Les gens qui frappent à la porte de la Centrale doivent avoir un solide plan d’affaires en main. « Beaucoup de projets viennent vers nous et ne sont pas assez matures, dit LN Saint-Jacques, qui vient de PME Montréal. Pour que je prenne du temps avec quelqu’un, je dois avoir un plan d’affaires et des prévisions budgétaires. »

Ça n’est pas dit que la Centrale n’inclura pas éventuellement de très petits projets, mais ça n’est pas dans l’actuel mandat.

La direction travaille d’ailleurs sur un premier plan stratégique, quatre ans après sa fondation.

Et les revenus doivent augmenter. Cela passera notamment par une offre élargie de forfaits et de services.

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Le mode coopératif permet le réinvestissement des revenus, qui proviennent des frais coopératifs, selon différents forfaits, explique LN Saint-Jacques : « Ce que notre modèle d’affaires nous permet de faire est de soutenir les start-up dans la phase névralgique de leur croissance. »

On veut revoir le modèle d’affaires pour s’assurer qu’on est les plus indépendants des subventions possible. Qu’on génère assez de revenus pour être autonomes. En ce moment, les coûts, les opérations et les revenus ne sont pas encore stables.

LN Saint-Jacques, premier directeur général de la Centrale agricole

Il y a 19 membres à la Centrale. Tous partagent certaines pratiques et valeurs, dont assurément le besoin d’y faire circuler l’économie.

Comment ?

Par exemple, Julia Janson, des Jardins de la Renarde, fait pousser des fleurs sur le toit et utilise comme engrais le fumier des insectes élevés chez Tricycle, une entreprise qui se trouve au 3e étage de l’édifice.

Les membres partagent aussi des services, une expertise, des contacts. Par exemple, en offrant des services à la carte.

Un des derniers venus à la coop, Dunord, fait des sachets de repas gourmets, avec des légumes récupérés. Or, ce sont des collègues qui s’occupent de déshydrater les légumes récupérés, dans des installations qui appartiennent à la Centrale.

Hausse du prix des loyers

C’est une des forces d’attraction de la coop, des ressources collectives, et ce sera une des façons d’augmenter les revenus dans les prochains mois, explique-t-on à la direction.

Car les baux qui sont actuellement renégociés avec le propriétaire de l’édifice de la rue Legendre vont inévitablement mener à une augmentation de loyer pour les membres. Pour adoucir la hausse, le groupe compte ajouter des membres externes qui vont utiliser des services bien précis de la coop sans s’y installer – pour des équipements spécialisés ou un espace de rencontre.

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Une PME a besoin d’une chambre froide ? Il y en a. L’entreprise grossit et veut ses propres installations ? Il y a moyen de louer plus de pieds carrés.

Les membres locatifs sont aussi appelés à se multiplier, puisque la Centrale pourrait récupérer une partie du rez-de-chaussée et du sous-sol. Dans les 6 à 12 prochains mois, elle pourrait ainsi passer de 75 000 à 130 000 pieds carrés.

Dans ce quartier où se trouvent plusieurs grossistes en alimentation, on songe à offrir un centre de revalorisation d’aliments invendus, en ayant accès au rez-de-chaussée. Si un tel commerce voit le jour, il pourrait notamment vendre une partie des aliments transformés sur place, d’où l’importance de la complémentarité des membres.

Il reste à faire un montage financier incluant du soutien public pour l’immobilisation.

« On a besoin de quelques centaines de milliers de dollars pour implanter ça au rez-de-chaussée, dit LN Saint-Jacques. Une fois que ça sera là, le modèle mis en place va viser une autonomie sur le plan des activités. »

Plus important encore, il n’est pas exclu de devenir propriétaire en achetant les espaces utilisés actuellement dans Ahuntsic ou de s’installer ailleurs en ville.

Dans les plans, la coop veut aussi reproduire le modèle d’affaires ailleurs, à l’extérieur de Montréal.

Le potentiel de reproduction est majeur. Je considère que c’est notre responsabilité comme OBNL de donner accès à ces informations-là. À faire du transfert de connaissances.

LN Saint-Jacques

Un Communauto alimentaire

Le parc de véhicules électriques de la Centrale agricole sera prochainement agrandi.

« C’est comme un Communauto pour le domaine alimentaire », illustre LN Saint-Jacques.

Le projet de 6 millions de dollars donnera au total une cinquantaine de camions et petites voitures.

Il permettrait à une PME de louer un véhicule une journée par semaine, plutôt que d’aller vers un locateur traditionnel ou de faire réparer le vieux bazou en fin de vie.

Le prix ? Juste un peu moins cher que ce qui est sur le marché pour des entreprises privées, explique-t-on, mais avec une grille tarifaire différente pour les coops et les OBNL qui travaillent dans l’alimentaire.

Le lancement du parc automobile va se faire durant l’automne.

La Centrale agricole en bref

Fondée en 2019
Trois employés à temps plein, trois à temps partiel – partagés avec d’autres entreprises et une stagiaire
19 membres