Les réclamations d’assurance de la part des producteurs ont fait un bond depuis le début de cette saison pluvieuse.

Avec les pluies abondantes des dernières semaines, de nombreux producteurs agricoles ont perdu une partie de leurs récoltes. Ils demandent une aide d’urgence pour faire face à cette saison catastrophique ainsi qu’une révision des programmes d’assurances qui ne conviennent plus à la situation d’aujourd’hui.

Selon l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA), l’ensemble des régions est touché, dont plusieurs qui ont reçu des quantités records de pluie. En plus d’autres épisodes météo extrêmes.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Martin Caron, président de l’Union des producteurs agricoles du Québec (UPA)

La Financière agricole, l’assurance des producteurs québécois, révèle avoir reçu 2466 « avis de dommages » depuis le début de la saison, donc des réclamations de la part d’agriculteurs dont les récoltes sont affectées. La moyenne des 5 saisons précédentes est de 2060 avis, ou 1795 avis si on calcule la moyenne pour la dernière décennie, à des dates comparables.

La fréquence et l’intensité des anomalies météorologiques ont causé des dommages exceptionnellement élevés dans la majorité des régions du Québec. Les conséquences sont à la fois nombreuses et désastreuses. Un soutien rapide est plus que jamais nécessaire, d’autant plus que les programmes habituels n’ont pas été conçus pour pallier les risques grandissants des changements climatiques.

Le président général de l’UPA, Martin Caron

Certains producteurs, de fraises notamment, ont carrément perdu leur saison. Trop d’eau rend également l’accès au champ impossible et l’humidité favorise la pourriture. Les défis sont nombreux.

Les agriculteurs demandent une intervention urgente de Québec, sous différentes formes.

Le directeur général de l’Association des producteurs maraîchers du Québec, Patrice Léger Bourgoin, rappelle aussi que plusieurs cultures ne sont pas couvertes par l’assurance, comme l’ail ou les fines herbes.

Une particularité titille aussi de nombreux producteurs : les assurances imposent des périodes où ils doivent planter. Or, avec les épisodes climatiques que nous connaissons maintenant, ces dates butoirs ne tiennent plus, disent-ils. Des producteurs pourraient donc décider de ne pas prendre le risque et de ne pas planter.

Résultat : il y aurait moins de légumes québécois sur le marché.

« Les programmes ont été créés il y a 30 ans, avec les conditions climatiques d’il y a 30 ans », dit Patrice Léger Bourgoin, rencontré à la Place des producteurs, à la fin juillet. Déjà, la sonnette d’alarme était enclenchée. Autre demande des producteurs : avoir des données scientifiques québécoises sur lesquelles s’appuyer plutôt que de s’inspirer des travaux étrangers.

Les changements climatiques ont aussi été évoqués à la conférence de presse, vendredi matin. « Le gouvernement du Québec doit formuler dès maintenant une intention claire d’approfondir les besoins qui se pointent dans le secteur en raison des changements climatiques. La modernisation des programmes, réclamée depuis plusieurs années, ne peut tout simplement plus attendre », dit le président des Producteurs de légumes de transformation, Pascal Forest.

En plus de cette organisation, des maraîchers et de l’UPA, la conférence de presse commune regroupait l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec et les Producteurs de pommes de terre du Québec.

Réponse de Québec

La Financière agricole dit avoir la situation à l’œil et a créé une cellule de suivi qui assurera une vigie. Elle affirme soutenir aussi les agriculteurs dans leurs démarches auprès de leurs institutions financières, mais Québec n’a annoncé aucune aide financière additionnelle pour le moment.

Au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), on dit être très préoccupé par la situation. Dans un courriel envoyé à La Presse vendredi, le MAPAQ invite les producteurs à continuer de faire des réclamations à la Financière agricole.