Selon son PDG et cofondateur Denis Deschamps, le Groupe Drakkar, spécialisé en impartition industrielle, en logistique et en développement numérique, est l’un des secrets industriels les mieux gardés au Québec. Avec quelque 2500 employés actifs chez plusieurs grands manufacturiers, l’entreprise accompagne depuis 30 ans ses clients dans la gestion du cycle de vie de leurs produits, de la fabrication à la livraison. Un modèle d’affaires unique au Canada.

J’ai rencontré Denis Deschamps il y a trois semaines au Salon international de l’aéronautique du Bourget, où il venait d’annoncer que l’entreprise Avianor de Mirabel allait construire un nouveau hangar où seront réalisés les travaux de maintenance des appareils A220 d’Air Canada ainsi que des autres types d’avions monocouloirs comme l’A320 ou le Boeing 737 pour les compagnies aériennes qui les exploitent.

Drakkar a fait l’acquisition d’Avianor, qui était jusque-là spécialisée dans la rénovation des intérieurs d’avions, il y a quatre ans parce que cette activité venait compléter l’écosystème manufacturier que l’entreprise a mis en place dans le secteur de l’aéronautique.

« On cherchait à contrer le phénomène cyclique qui caractérise l’aéronautique, c’était une belle opportunité qui se présentait à nous. Mais il a fallu passer à travers la pandémie durant laquelle les opérateurs d’avions ont cessé leurs activités », évoque le PDG du Groupe Drakkar.

L’entreprise est née en 1991, lorsqu’elle a commencé à offrir ses services à Bombardier en lui proposant de faire le lien entre les fournisseurs de grands ensembles pour ses appareils et la chaîne d’assemblage des CRJ et des jets d’affaires.

« C’est un concept très européen qu’on a appris chez Airbus et qu’on a importé au Québec, en faisant de l’impartition in situ. Ça s’est développé avec le mode de production juste à temps [just in time]. »

Souvent, les fabricants de grands ensembles comme les ailes ou le fuselage n’arrivaient pas à livrer à temps leurs produits finis. On s’occupait d’assembler leurs composantes directement dans les usines de Bombardier. On s’est entendu avec les syndicats parce que notre participation ne touchait pas la ligne d’assemblage.

Denis Deschamps, PDG du Groupe Drakkar

En plus de ces travaux de sous-assemblage pour Bombardier et Airbus, Drakkar a mis en place une division pour le transport terrestre où elle fait notamment des travaux en usine pour les constructeurs Nova Bus et Lion.

Toutes ces activités d’impartition manufacturière occupent à elles seules 1500 employés du Groupe Drakkar dans les différentes installations industrielles de ses clients.

Gestion de stocks et logistique

Avec les années et une proximité grandissante avec ses clients, le groupe a créé une autre division, spécialisée celle-là dans la gestion de stocks et la logistique.

« Nos activités de sous-assemblage nous ont amenés à développer une expertise en logistique. On accompagne nos clients pour optimiser leur chaîne d’approvisionnement. Avec les ruptures qu’on a connues durant la pandémie, on gère maintenant les inventaires de nos clients dans des espaces qui leur sont dédiés. On reçoit les conteneurs dans notre entrepôt de Québec et on gère les flux de matériaux vers les usines », explique Denis Deschamps.

Il y a cinq ans, à la suite d’une réflexion stratégique et de la forte montée en popularité du commerce en ligne, le Groupe Drakkar a entrepris d’élargir son empreinte et de se lancer dans la distribution directement aux consommateurs en s’associant avec l’entreprise Wiptec de Sherbrooke.

« On ne voulait pas être dépendants du seul secteur manufacturier. On voulait aussi supporter les petits commerçants. La pandémie nous a donné raison. On a construit des centres d’excellence en logistique », poursuit le PDG de Drakkar.

Avec son partenaire Wiptec, Drakkar a fait construire et ouvert un premier centre de commandes partagées à Saint-Hubert dans un entrepôt de 800 000 pieds carrés. Une deuxième phase est en voie d’être achevée et ajoutera 1 million de pieds carrés à la capacité d’entreposage.

« On travaille avec les commerces de taille moyenne pour qui on gère un peu d’inventaires, mais on s’occupe surtout de la livraison aux consommateurs », précise Denis Deschamps.

Les activités de logistique du Groupe Drakkar emploient quelque 1000 personnes dans ses différents centres de distribution, et la convergence avec sa division d’impartition a amené le groupe à se lancer dans un troisième secteur d’activité, le développement de technologies applicatives.

La division numérique est née du besoin qu’on avait de générer de la proximité avec nos 1500 employés qui travaillent en impartition. On chapeaute une quinzaine d’entreprises, dont quelques-unes en partenariat, et on cherchait à développer un média d’entreprise qui fasse le lien et donne des outils à nos employés.

Denis Deschamps, PDG du Groupe Drakkar

Le Groupe Drakkar a fait l’acquisition d’une petite firme de technologies de l’information qui fait du développement applicatif avec une approche différenciée des groupes informatiques.

« On a développé des technologies que l’on vend à des entreprises et que l’on peut exporter chez nos clients. Déjà après cinq ans, cette division numérique, qui emploie une cinquantaine de personnes, va générer cette année 10 millions de revenus. On prévoit annoncer prochainement de beaux développements de cette nouvelle division. »

Le Groupe Drakkar réalise aujourd’hui des revenus de 250 millions et est une entreprise entièrement privée, détenue par ses fondateurs.

« Notre rôle est d’accompagner nos clients et de participer à leur succès. On a un modèle unique et on est parmi les seuls en Amérique du Nord à avoir développé ce concept de tout faire chez nos clients », se réjouit Denis Deschamps.