Après la laitue, les concombres et les poivrons, Gen V ajoute les tomates à son offre. En faisant l’acquisition des Serres Royales, l’entreprise devient le plus gros producteur en serre au Québec.

L’achat permet à Gen V de mettre la main sur 8,36 hectares de tomates des Serres Royales et, surtout, de devenir le producteur possédant la plus grande superficie de serres dans la province. Déjà parmi les acteurs importants du marché de la production en serre, l’entreprise accapare dorénavant une partie de la production de tomates. Les tomates représentent la part du lion dans la production de fruits et légumes en serre.

Jointe au téléphone en début de soirée, la directrice du marketing chez Gen V, Valérie Terrault, a confirmé la transaction. « On est super contents. Cette acquisition s’inscrit dans notre stratégie d’affaires, qui est de promouvoir l’autonomie alimentaire québécoise. On pense que ça passe par les cultures en serre, qui sont durables. »

Valérie Terrault croit que l’intégration des employés des Serres Royales va « bien se passer », parce que les deux entreprises familiales « partagent des valeurs similaires », dont « le respect de l’environnement » et « le bien-être des humains ».

Les tomates produites par Les Serres Royales conserveront l’étiquette « Diva » pour la prochaine année.

Peau neuve

Si vous ne reconnaissez pas le nom Gen V, c’est que l’entreprise, autrefois connue sous le nom d’Hydroserre inc., a récemment fait peau neuve. Le producteur a dévoilé sa nouvelle identité en mars dernier.

Surtout connue pour ses laitues hydroponiques offertes dans des contenants en plastique portant l’étiquette « Mirabel », Gen V avait déjà entamé la consolidation du milieu de la serriculture en faisant l’acquisition des Serres Lefort. Cette transaction lui avait permis d’ajouter les concombres et les poivrons biologiques VÔG à son arsenal de produits.

À court terme, aucune autre acquisition ne semble être dans les plans de Gen V. L’entreprise compte se concentrer sur l’intégration des Serres Royales, explique Valérie Terrault. Elle affirme toutefois que Gen V pourrait sauter sur l’occasion si une occasion d’achat se présentait.

Le directeur général principal des Serres Royales, Stéphan Lemieux, n’a pas rappelé La Presse. Gen V n’a pas dévoilé le montant de la transaction. L’entreprise estime que « l’acquisition s’est faite à la satisfaction des deux parties ».

Industrie chouchou

L’industrie de la culture en serre a le vent dans les voiles depuis le début de la pandémie de COVID-19, en 2020. Le premier ministre François Legault avait alors annoncé qu’il voulait accroître l’autonomie alimentaire pour relancer l’économie.

Dans la foulée, Québec avait affirmé vouloir doubler la superficie des serres productrices de la province. Selon les données du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), le Québec compte 189 hectares de serres destinées à la culture à l’heure actuelle. Son objectif est d’atteindre 240 hectares d’ici 2025.

En mars dernier, le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, avait confirmé à La Presse que l’expansion était bien entamée. Il était d’ailleurs agréablement surpris que les nouveaux hectares ajoutés au parc serricole produisent un volume plus important de fruits et de légumes que les hectares existants.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

André Lamontagne, ministre de l’Agriculture

Dans un communiqué envoyé mardi soir, le ministre Lamontagne a réitéré l’importance de cette industrie. « Notre grand chantier sur l’autonomie alimentaire durable est un outil important de notre gouvernement pour accroître l’achat de produits locaux. La stratégie de croissance des serres est un exemple concret de levier d’investissement efficace pour avoir davantage de fruits et légumes produits chez nous à longueur d’année, avec moins de transport et meilleurs pour l’environnement. »

Afin de stimuler cette croissance, le gouvernement offre de nombreuses subventions à l’industrie de la production en serre. Le programme de soutien ​au développement des entreprises serricoles​ permet notamment aux producteurs de se faire rembourser jusqu’à 60 % de leurs dépenses en lien avec des projets de construction ou de modernisation. Une aide additionnelle allant jusqu’à 50 ​​000 $ est offerte aux entreprises qui font l’achat de nouvelles serres.

Les serres québécoises peuvent également profiter d’un rabais leur permettant d’économiser jusqu’à 40 % sur leur facture d’électricité.

Le 19 juin dernier, un investissement de plus de 21 millions avait été annoncé pour permettre au Groupe Savoura d’accroître sa production.

Malgré cette croissance marquée, la capacité de production du Québec est toujours bien inférieure à celle de l’Ontario. La province voisine compterait plus de 1500 hectares de serres destinées à la production de fruits et légumes.