Hydro-Québec a perçu 2,7 milliards en revenu en 2022 de ses 194 grands clients industriels, soit 4,87 ¢ pour chacun des 55,4 TWh que leur a fournis la société d’État. Hydro-Québec a-t-elle fait une bonne affaire en vendant ce bloc d’électricité ?

Pour le savoir, recherchons le prix de revient de chaque kilowattheure vendu en 2022 et déterminons si Hydro-Québec a obtenu un rendement adéquat sur le capital investi pour satisfaire à la demande de ces grands clients industriels.

Le prix de revient

Notre société d’État, qui a vendu 216,2 TWh en 2022, aurait déboursé 4,69 milliards pour toute sa production, sans compter des décaissements de 2,83 milliards en achetant de l’électricité de producteurs privés et des marchés extérieurs au Québec, et ce, pour un total de 7,52 milliards, soit 3,48 ¢/kWh. À ce coût de production, il faut ajouter le coût de transport entre la centrale et le territoire où l’électricité a été consommée. Ces déboursés sont estimés à 2,94 milliards en 2022, soit 1,36 ¢/kWh.

Si on additionne le coût de production et le coût de transport, le prix de revient de l’électricité vendue aux 194 grands clients industriels est de 4,84 ¢/kWh. Il en résulte un excédent de 0,03 ¢/kWh puisque ces clients ont versé 4,87 ¢/kWh, ce qui se traduit par un léger bénéfice de 17 millions en 2022.

Le capital employé

Hydro-Québec disposait d’un avoir propre de 27 milliards au 31 décembre 2022 aux fins de produire, de transporter sur de grandes distances et de distribuer l’électricité à 4,5 millions de clients. Ce capital a généré un bénéfice de 4,56 milliards pour un rendement de 18 % sur l’avoir propre.

Les grands clients industriels ont consommé 25,6 % de l’électricité vendue par Hydro-Québec en 2022. Une entreprise soumise à la discipline du marché aurait exigé de ces derniers qu’ils lui procurent 25,6 % de son bénéfice de l’année, soit 1,167 milliard plutôt que seulement 17 millions.

Ce sont les autres clients de la société d’État qui ont compensé ce manque à gagner de 1,15 milliard en versant collectivement une subvention du même ordre à ces grands clients industriels.

Source du bénéfice

Devant ce constat, il est légitime de se demander d’où origine le bénéfice d’Hydro-Québec. Disons tout d’abord que les exportations ont eu un impact positif sur les résultats puisqu’elles ont généré un bénéfice de 1,2 milliard, c’est-à-dire 18,0 % du bénéfice tout en accaparant 16,5 % des ventes. L’année 2022 a été exceptionnelle, toutefois, puisque la guerre en Ukraine a fait passer le prix de vente moyen des exportations de 5,30 ¢/kWh en 2021 à 8,17 ¢/kWh en 2022.

Ce sont les autres clients québécois d’Hydro-Québec qui fournissent le reste du bénéfice annuel. Environ 2,3 milliards proviennent du groupe « Commercial, institutionnel et petits industriels », tandis que les clients résidentiels, qui sont légèrement subventionnés, contribuent 1,3 milliard.

Conclusion

Le temps est venu de revoir notre politique de tarification héritée de l’époque où nous disposions de surplus d’électricité. La hausse de la demande due à la transition énergétique augmente considérablement la valeur de notre patrimoine hydroélectrique. Le Québec dispose de la meilleure offre disponible sur la planète pour satisfaire aux exigences de la transition énergétique, et ce, au coût le plus bas.

Quand on a la meilleure offre sur le marché et que la demande augmente plus rapidement que l’offre, le bon geste est de cesser les subventions et de vendre l’électricité au prix du marché à toutes les entreprises, sans exception.

Soumettez votre lettre