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La lecture du rapport du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal et les nombreux commentaires des derniers jours m’ont ramené à mes années passées à la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ). J’y ai agi à titre de premier vice-président, déposants, stratégie et chef des opérations, de décembre 2007 à 2016.

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Bernard Morency, ancien premier vice-président (2007-2016) à la Caisse de dépôt et placement du Québec

La philosophie de gestion qui nous animait tournait autour de trois grandes questions :

1. Nous acquittons-nous bien de notre mandat à deux volets : permettre aux déposants de payer les prestations promises dans le cadre financier qui est le leur et contribuer au développement économique du Québec ?

2. Nos stratégies respectent-elles les divers mandats que nous donnent nos déposants et ajoutons-nous de la valeur par rapport à une gestion indicielle ou passive ?

3. Pouvons-nous faire mieux ?

L’étude donne une réponse claire aux deux premières questions. Cette réponse est oui. Le mandat de la CDPQ est unique. Elle est la seule organisation parmi les huit citées dans l’étude qui a un mandat à deux volets.

Ne sous-estimons pas le défi. Je me réjouis qu’une étude conduite par des experts indépendants, malgré ses critiques, conclue non seulement que la CDPQ s’acquitte bien de son mandat, mais aussi que les rendements qu’elle a obtenus pour ses déposants lui ont permis de verser des milliards de prestations chaque mois aux Québécois et d’améliorer sa situation financière.

La réponse de l’étude à la troisième question est également : oui, on peut faire mieux ! C’est exactement la philosophie qui m’animait lorsque j’étais à la CDPQ.

Nous regardions attentivement ce que nos pairs canadiens et mondiaux faisaient bien et n’hésitions pas à leur emprunter leurs bonnes idées. Nous le faisions dans le respect de notre mandat et de la tolérance aux risques de nos déposants et en collaboration avec eux.

Il faut toutefois être prudent avec certaines des comparaisons de l’étude. Par exemple, la démographie du Québec est différente de celle du reste du Canada. Investissement RPC peut donc courir plus de risques que la Caisse-RRQ, ce qui explique une partie de l’écart de performance. Il faut féliciter Investissement RPC pour son rendement, mais ne devrait-on pas le questionner sur le faible pourcentage de ses investissements au Canada en comparaison à ceux de la Caisse-RRQ ?

L’étude souligne aussi la rigueur des indices et la transparence de la reddition de comptes.

Il n’y a pas de recette magique pour l’établissement des indices, surtout pour les placements privés, l’immobilier et l’infrastructure. C’est un exercice que nous prenions très au sérieux et que nous soumettions au regard du conseil d’administration, de nos déposants et des médias.

Nous recherchions un juste équilibre entre le rendement, la prise de risque et l’impact de nos investissements. La quête du rendement n’est pas la seule motivation.

Pour ce qui est de la transparence, nous nous demandions continuellement comment mieux expliquer nos stratégies et nos rendements. Cela étant dit, pour parler en termes de placement, je dirais que la reddition de comptes de la CPDQ se classe facilement dans le premier quartile !

Les Québécois doivent continuer d’être exigeants envers les dirigeants de la CDPQ. Mais ils peuvent aussi être fiers de cette grande institution et être assurés que ses employés sont compétents et cherchent à bien investir l’argent qu’ils leur confient.

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