Fort du succès obtenu à Bécancour, où une société d’État contrôle les terrains du parc industriel, le ministre Pierre Fitzgibbon n’exclut pas la possibilité que Québec se porte acquéreur de terrains stratégiques dans l’est de Montréal.

« Je n’exclus rien, a confié le ministre en point de presse. Le gouvernement pourrait acheter le terrain d’Esso dans l’Est ou un autre. On n’achètera pas tous les terrains de l’est de Montréal, mais un, deux ou trois peut-être. »

M. Fitzgibbon participait mardi midi à un évènement de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal où il a annoncé les grandes lignes de son programme de 23 millions, promis lors du dernier budget provincial. Les sommes viendront compléter le financement de projets structurants pour l’est de l’île de Montréal. L’appel de projets est actuellement ouvert. Tous sont conviés à déposer leur proposition, incluant l’entreprise privée. C’est la députée d’Anjou–Louis-Riel, Karine Boivin Roy, qui sera responsable de l’enveloppe.

En ce qui concerne l’achat éventuel de terrains industriels, M. Fitzgibbon se dit à l’aise qu’avec les conditions de marché actuelles, le gouvernement puisse acheter un terrain, procéder à sa décontamination en collaboration avec la Ville et le fédéral, y amener les services et le revendre à un utilisateur pour que ce dernier y fasse un investissement stratégique pour l’est de Montréal.

C’est une des premières fois qu’on le mentionne publiquement [la possibilité pour le gouvernement d’acquérir des terrains]. Je ne pense pas que le ministre ait pris un engagement ferme, ceci étant dit. Il dit qu’il est ouvert à l’idée. C’est ce que la Chambre dit publiquement : pour mettre en valeur des terrains dans l’est, il faut une approche beaucoup plus entrepreneuriale.

Jean-Denis Charest, PDG de la Chambre de commerce de l’Est de Montréal

Le secteur est de l’île de Montréal dispose de près de 9 millions de mètres carrés de terrains industriels disponibles, une rareté dans le marché. Toutefois, ces terrains sont souvent contaminés et dépourvus d’infrastructures. Bref, tout le monde se regarde pour savoir qui va bouger en premier, et le développement se fait attendre.

Le terrain de l’ancienne raffinerie Esso, à Montréal-Est, est dans la ligne de mire de tous. Il fait 700 000 mètres carrés. Il est contaminé et il est situé en plein cœur de la frange à redévelopper, entre les rues Sherbrooke et Notre-Dame. Esso a mandaté un courtier pour le vendre il y a un an déjà.

Croisée à l’évènement, la mairesse de Montréal-Est, Anne St-Laurent, voit aussi cette ouverture d’un bon œil. « Si le gouvernement achète le terrain d’Esso demain matin, moi, je peux commencer à mettre en œuvre la vision qu’on a pour Montréal-Est », a-t-elle commenté.

Dans sa vision de développement d’ici 2050, Montréal-Est veut développer trois nouvelles zones avec ses terrains vacants. La zone au nord de l’autoroute 40 sera consacrée à la logistique. Le territoire compris au sud de l’autoroute 40 et au nord de la rue Sherbrooke deviendrait un technopôle en écologie industrielle. Finalement, la frange située entre la rue Sherbrooke et la rue Notre-Dame, là où se trouve le terrain d’Esso, serait transformée en un quartier intelligent où se côtoient institutions du savoir, logements, industries légères et équipements de loisirs et de divertissement.

Endroit de prédilection

En discussion avec le président de la Chambre mardi midi, le ministre Fitzgibbon a évoqué l’idée de créer une structure virtuelle pour chapeauter le développement dans l’est de Montréal par opposition à la structure juridique qui chapeaute le parc industriel de Bécancour, le site privilégié par Québec pour recevoir les chaînons de la filière des batteries.

« Des sites industriels, il faut en avoir. Il faut des parcs industriels. Au Québec, on n’en a pas tant. À Bécancour, c’est fini. Il va falloir mettre une clôture bientôt. Il n’y a plus de place. On va aller au Saguenay. On va aller probablement en Abitibi pour les mines. L’est de Montréal devient, d’un coup, une place de prédilection. »