L’achat local est sur toutes les lèvres depuis la pandémie. Mais avec le coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, peut-on toujours se permettre de choisir des produits québécois à l’épicerie ? Une étude menée par l’Université Dalhousie révèle que l’option locale est souvent la bonne pour le portefeuille… Mais pas autant qu’avant.

Les résultats de l’étude ont été dévoilés jeudi par Aliments du Québec. Réalisée l’automne dernier, celle-ci visait à déterminer si les prix des produits d’épicerie québécois étaient plus ou moins compétitifs par rapport à ceux qui proviennent de l’extérieur. Résultat : la solution locale est plus avantageuse ou équivalente pour 55,6 % des catégories de produits analysées.

Ces résultats sont encourageants, mais moins qu’ils ne l’étaient quelques mois plus tôt. Durant la première phase de l’étude1, réalisée à l’hiver 2022, les produits d’ici étaient compétitifs dans 70,8 % des catégories.

Les catégories de produits locaux devenues moins avantageuses se retrouvent surtout dans la section des poissons et des viandes ainsi que dans les fruits et légumes.

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Près de 3000 produits locaux sont répertoriés par Aliments du Québec, dont les pizzas Rustica préparées à Montréal.

Qu’est-ce qui explique cette baisse ?

« On ne sait pas exactement pourquoi le pourcentage a baissé, indique le chercheur principal de l’étude, Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie. Mais on croit que l’inflation a changé la donne parce que c’était un marché assez particulier, l’automne dernier. »

Rappelons qu’en octobre 2022, l’inflation des denrées alimentaires a atteint 11 %.

« La clientèle est devenue plus consciencieuse financièrement à cause de l’augmentation des taux d’intérêt, explique Sylvain Charlebois. Alors, de façon générale, on a vu que les gens dépensaient moins à l’épicerie. » Selon le chercheur, les épiceries auraient peut-être fait la promotion de certains produits étrangers pour retenir leur clientèle.

Cette baisse ne semble pas préoccuper la présidente-directrice générale du Conseil de la transformation alimentaire du Québec, Sylvie Cloutier. « Ce n’est pas désastreux comme baisse, note-t-elle. Surtout que les impacts de l’inflation étaient beaucoup plus forts à l’automne qu’à l’hiver 2022. Alors c’est bon signe que les produits québécois soient restés moins chers ou équivalents dans la plupart des cas. »

Acheter local demeure une bonne option

Bien que la proportion de produits locaux au prix compétitif soit plus faible qu’à l’hiver 2022, elle demeure majoritaire. Et ce, même dans un contexte inflationniste.

La directrice générale d’Aliments du Québec, Isabelle Roy, invite les consommateurs à surveiller les promotions et la saisonnalité des produits d’ici. Ces aspects ne pouvaient pas être inclus dans l’étude pour conserver un échantillonnage fiable, mais contribuent certainement à rendre certains produits locaux plus accessibles de façon ponctuelle.

« Souvent, les consommateurs associent les aliments du Québec à des produits du terroir tels que des terrines et autres produits d’épicerie fine », souligne la directrice d’Aliments du Québec. Pourtant, ils sont bien présents dans l’ensemble des catégories alimentaires, et comme le démontrent les études, ils représentent souvent une option économique.

Elle espère qu’à la lumière de ces études réalisées à l’hiver et à l’automne 2022, on puisse enfin se défaire du mythe selon lequel manger local coûte toujours plus cher.

1. Lisez l’article « Est-ce vraiment plus cher de manger québécois ? »