Un sondage réalisé pour le compte de l’industrie touristique montre que 39 % des répondants ont une opinion défavorable à l’égard de l’hébergement locatif de court terme de type Airbnb.

Le chiffre est tiré de l’Étude de la perception du tourisme par les résidents de Montréal, commandée par l’organisme Tourisme Montréal. Le sondage est modelé sur le Resident Sentiment Index de l’Organisation mondiale du tourisme.

Le PDG de Tourisme Montréal, Yves Lalumière, a pris la parole devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain jeudi midi. Il en a profité pour révéler les grands constats. Il a fait de même avec une autre étude portant sur le rôle stratégique du tourisme pour le développement économique, réalisée par l’Institut du Québec.

À noter que ce coup de sonde a été réalisé avant le tragique incendie d’un immeuble du Vieux-Montréal où il a été rapporté qu’il s’y faisait de l’hébergement touristique illégal.

Depuis le drame, le gouvernement provincial a depuis déposé le projet de loi 25 qui resserre les règles entourant ce type d’activité en imposant des amendes allant jusqu’à 100 000 $ aux plateformes de location en cas d’infraction.

Il y avait 14 000 unités offertes sur Airbnb avant la pandémie. On était à 10 000 avant l’incendie du Vieux-Montréal. Aujourd’hui, on est à 5000. On pense qu’avec les ajustements à la loi, ça va réduire encore de moitié.

Yves Lalumière, PDG de Tourisme Montréal, en entretien

En réaction à la diminution de l’offre sur Airbnb, Tourisme Montréal souhaite voir l’ouverture d’hôtels dans des quartiers centraux qui en sont pratiquement dépourvus comme Verdun ou le Plateau Mont-Royal. « On travaille là-dessus. On veut intéresser les promoteurs », indique-t-il.

Airbnb mis à part, le tourisme a la cote

La population montréalaise est favorable à la croissance du tourisme. L’indice de tourismophobie s’élève à 3 % seulement. Cette phobie est l’aversion des populations locales pour le tourisme, comme on peut en voir des manifestations à Barcelone et à Venise où l’on a vu des pancartes ordonnant aux touristes de retourner chez eux. « Notre score est meilleur que celui de bien des villes nord-américaines », souligne le patron de Tourisme Montréal. Un peu plus de 6 Montréalais sur 10 considèrent que le tourisme génère plus d’effets positifs que négatifs.

Le tourisme contribuerait à la qualité de vie

L’industrie touristique crée des équipements et des évènements dont profite la population locale, et ces équipements contribuent aussi à la qualité de vie, selon les constats de l’étude de l’Institut du Québec. La qualité de vie, jumelée à une bonne accessibilité de la région, permet d’attirer des talents, comme les étudiants étrangers, a précisé M. Lalumière. Celui-ci donne l’exemple des grands festivals et du Grand Prix de Formule 1. Dans le cas de l’épreuve automobile, « la piste sert aux gens qui font du cyclisme et aux gens qui font du patin à roues alignées », donne-t-il en exemple.

Le retour des beaux jours

Tourisme Montréal s’attend à la venue d’entre 9,5 et 10 millions de visiteurs en 2023, soit environ 90 % de l’achalandage prépandémique. Parmi les nouvelles attractions, on compte sur la tour vitrée de 65 mètres de hauteur du port de Montréal. Dorval offrira à compter de juillet un vol direct quotidien vers Dubaï assuré par Emirates. Depuis 18 mois, on peut s’envoler sans escale vers New Delhi. « On prévoit une augmentation de 10 % des passagers de vols internationaux par rapport à 2019 », se réjouit M. Lalumière.

De grands congrès cette année

Trois grands congrès des sciences de la santé se tiendront cette année au Palais des congrès, dont le projet d’agrandissement est toujours bloqué par le gouvernement Legault. Environ 8000 délégués sont attendus du 24 au 28 juin au congrès de l’ISTH, la Société internationale de thrombose et d’hémostase. Suivra le congrès mondial du Conseil international des infirmières, du 1er au 5 juillet (6000 personnes). Puis, en octobre, le congrès mondial de la neurologie avec près de 7000 délégués.

Les francophones courtisés

Depuis l’apaisement de la pandémie, Tourisme Montréal a misé sur le tourisme en provenance des pays francophones pour pallier notamment la baisse des visiteurs américains. « Nous avons une belle augmentation sur l’inventaire aérien desservant la francophonie, dit Yves Lalumière. Nous aurons 55 000 sièges par semaine : France, Maroc, Tunisie, etc. » À l’été, Montréal aura le meilleur des deux mondes puisque nos voisins du Sud seront de retour : entre 2,2 et 2,5 millions de visiteurs américains sont attendus.

Suspension des vols directs vers la Chine

Les vols directs vers la Chine, liaison offerte depuis 2015, sont suspendus depuis mars 2020 en raison de la pandémie, puis de la guerre en Ukraine. « C’est certain que tant qu’on ne pourra pas voler au-dessus du territoire russe, on n’aura pas de vols directs vers la Chine », dit M. Lalumière. Le Canada a accueilli plus de 708 000 touristes chinois en 2019, selon Destination Canada. Pour 2023, cette société de la Couronne s’attend à la visite de 270 000 Chinois.