Dans un effort de distinction, l’Association des éleveurs de canards et d’oies du Québec lance le Quanard, une étiquette qui sera apposée sur la viande à l’épicerie et qui permettra aux consommateurs de comprendre (ou pas ?) que leur canard est québécois.

« L’idée au départ était d’occuper l’espace », explique Philippe Saint-Jean, vice-président développement des affaires chez Agro-Québec, la firme qui a travaillé sur ce projet de reconnaissance, avec les éleveurs. Le message est-il si évident ? « Non, admet Philippe Saint-Jean, qui le qualifie davantage de subtil. Mais ça attire l’œil, dit-il, et ça force le consommateur à se poser des questions. »

C’était donc ça, l’idée : attirer l’attention.

IMAGE FOURNIE PAR AGRO-QUÉBEC

Le nouveau logo Quanard

Metro est le premier détaillant à participer : pour une période-test de six mois, non seulement le canard deviendra le Quanard, avec ce nouveau logo, mais il quittera la petite section des viandes de spécialité pour se retrouver dans la cour des grands, à côté du poulet.

Les éleveurs avaient déjà sondé les consommateurs et réclamaient cet espace pour leur canard, plutôt qu’un petit coin excentré et « élitiste », précise Philippe Saint-Jean. « Le canard sort du placard », lance-t-il.

Finalement, ce nouveau logo veut distinguer clairement la viande d’ici des volatils étrangers. Du foie gras français, par exemple, mais aussi du canard hongrois. L’Association des éleveurs de canards et d’oies du Québec compte sept producteurs, dont Rougié et Canards du Lac Brome. Ce programme d’identification a été en partie financé par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.

Le canard patauge

L’industrie du canard ne va ni mal ni bien, en matière de consommation – puisqu’elle reste stable au Québec depuis quelques années. « Le fait que ça soit stable, on voit ça d’un bon œil », dit Thomas Delannoy, directeur des ventes et du marketing chez Rougié, éleveur de canards mulards, une espèce destinée au gavage.

Selon lui, la campagne Quanard est d’abord et avant tout une initiative de reconnaissance pour les consommateurs qui pourront choisir plus facilement de la viande locale. « On n’a pas l’indécence de penser que l’on va manger du canard tous les jours et ça n’est pas notre but », dit-il.

Ça reste un produit festif : le canard, on achète ça pour se faire plaisir !

Thomas Delannoy, directeur des ventes et du marketing chez Rougié

Reste qu’avec le début de la saison estivale et le retour des barbecues, les plaisirs pourraient se multiplier, dit-il. Pour cela, la campagne de Metro tombe à point.

Selon un sondage Léger mené l’année dernière pour le regroupement de producteurs, 76 % des consommateurs québécois considèrent que le canard est destiné aux occasions spéciales et moins d’une personne sur cinq (17 %) l’a intégré à sa routine alimentaire.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Élevage chez Canards Lac Brome

Robert Caswell, président de l’Association des éleveurs de canards et d’oies, estime que si la consommation n’est pas plus importante au Québec, c’est tout simplement parce que les consommateurs qui se dirigent vers le comptoir des viandes ne voient pas le canard. « Quand tu vois une côte de bœuf, tu l’achètes », dit-il.

Depuis une dizaine d’années, le canard de Hongrie a fait son nid dans les épiceries québécoises : les importations ont augmenté vers 2015, mais ont légèrement reculé avec la crise de la grippe aviaire en Europe. Les producteurs d’ici disent qu’il s’agit de concurrence déloyale puisque les oiseaux ne sont pas élevés ni abattus dans des conditions qui respectent les normes canadiennes.

Robert Caswell, aussi directeur général de Hudson Valley Farms, qui a une ferme à Saint-Louis-de-Gonzague, en Montérégie, croit que l’apparition du Quanard permettra aux gens qui veulent acheter des produits locaux de reconnaître le canard du Québec au premier coup d’œil. « Les consommateurs d’ici, dit-il, doivent savoir qu’on fait un beau produit. »

En savoir plus
  • 76
    Nombre de fermes québécoises où l’on élève des oiseaux fermiers – canards et oies, mais 90 % des revenus de ces entreprises proviennent de la production de canard.
    source : ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec
    1
    Le Québec est la seule province productrice de foie gras au Canada.
    source : ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec