Souvent décrié par les consommateurs et les courtiers immobiliers pour son manque d’efficacité, l’Organisme d’autoréglementation du courtage immobilier du Québec (OACIQ) a ouvert ses portes au public, dimanche, lors d’un premier forum d’échange public dans ses locaux de Brossard.

Mini-conférences, sessions interactives, simulation d’audience disciplinaire, une trentaine d’employés de l’OACIQ étaient sur place afin de répondre aux questions des acheteurs, vendeurs, curieux ou passionnés de l’immobilier. La transparence était bel et bien au rendez-vous lorsque La Presse a questionné les employés de l’OACIQ sans s’identifier.

Sur place, les consommateurs avaient même la possibilité de faire une plainte contre un courtier immobilier et de vérifier leurs recours avec le personnel de l’OACIQ.

Certains consommateurs, qui ont eu des mésaventures avec des courtiers immobiliers, ont parfois l’impression que l’OACIQ ne pourra pas les défendre, car ils sont persuadés que l’organisme plaidera en faveur des courtiers. « C’est peut-être effectivement une perception », consent MSandra Barrette, directrice du centre de renseignements Info OACIQ et du Service de la certification, « mais on travaille justement pour vraiment la changer, cette perception-là, parce qu’on est vraiment là pour la protection du public. Il y a peut-être eu un peu de confusion par le passé avec les rôles des ordres professionnels versus notre rôle. »

PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE

MSandra Barrette, directrice du centre de renseignements Info OACIQ et du Service de la certification

En fin de journée, une soixantaine de consommateurs avaient participé aux activités de l’OACIQ, dont Alain, propriétaire d’immeubles à revenus. « Je veux les vendre pour ma retraite et je viens me renseigner sur la réglementation », indique le résidant de Brossard, qui a vu l’annonce de l’évènement sur le site internet de la CORPIQ. « Si le courtier immobilier fait une erreur et que je ne connais pas la réglementation, je ne saurai pas qu’il a fait une erreur. »

Jérémie Picard, de Saint-Jean-sur-Richelieu, était en train de regarder la simulation d’une audience disciplinaire dans un des locaux de l’OACIQ lorsque La Presse l’a interpellé. Le jeune propriétaire, qui a vu l’annonce de l’évènement sur Facebook, prévoit vendre sa propriété afin d’en acquérir une nouvelle. « Je veux savoir ce qui se passe dans les coulisses d’une transaction immobilière, précise-t-il. Je souhaite connaître le rôle exact du courtier et ses responsabilités lors d’une transaction pour être bien préparé. »

Un courtier peut-il encore représenter le vendeur et l’acheteur ?

Dans une salle où des employés de l’OACIQ expliquaient comment vérifier en ligne si un courtier a des plaintes à son dossier, des consommateurs discutaient de la double représentation des courtiers qui n’est plus autorisée depuis juin 2022.

Contrairement à ce qu’on a pu comprendre lors de l’entrée en vigueur de la loi, un courtier qui représente un vendeur avec un contrat de courtage de vente ne peut plus conseiller l’acheteur qui se présente sans courtier pour acheter ladite propriété, mais le courtier qui représente le vendeur peut quand même agir pour l’acheteur en lui fournissant ce qu’on appelle dans le jargon un traitement équitable.

« Il ne va que lui donner de l’information objective. Il ne peut pas le représenter. C’est peut-être là où il y a de l’incompréhension », affirme MSandra Barrette, de l’OACIQ.

MBarrette précise qu’il est préférable de choisir soi-même son propre courtier immobilier et d’éviter d’opter pour celui que pourrait nous recommander le courtier vendeur de la propriété qui nous intéresse, notamment si le courtier en question fait partie de la même agence immobilière.

L’organisme, dont la mission est de protéger le public qui utilise les services de courtiers immobiliers, a aussi lancé dimanche ses premières balados pour guider les acheteurs et les vendeurs lors d’une transaction immobilière.

Le prochain forum d’échange de l’OACIQ aura lieu le 15 juin de 11 h à 14 h au Complexe Desjardins à Montréal.