Mener une entreprise, c’est avant tout une affaire de stratégie. Des dirigeants révèlent quelques éléments de leur plan de match et de leur vision.

Un changement d’image de marque, de nouveaux emballages plus écologiques et une incursion au Canada anglais, puis aux États-Unis. La liste de projets pour l’année 2023 est ambitieuse pour Omy Laboratoires, une entreprise québécoise de cosmétiques préparés sur mesure.

Si les consommateurs se serrent davantage la ceinture, ils n’ont toutefois pas fait une croix définitive sur les « petits luxes » comme les crèmes de jour, les mousses nettoyantes ou autres sérums de beauté, assure Rachelle Séguin, cofondatrice de l’entreprise dont le siège social et le laboratoire sont situés à Québec.

« On est affectés, mais pas tant que ça. C’est sûr qu’on l’a vu avec le Black Friday. Les gens vont essayer le plus possible d’aller chercher des rabais », reconnaît-elle toutefois au bout du fil.

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Rachelle Séguin, fondatrice de l’entreprise Omy Laboratoires

« Mais on est toujours en croissance et notre clientèle est fidèle », dit-elle, ajoutant dans la foulée que les prix de ses produits n’avaient pas augmenté au cours de la dernière année.

On a préféré couper dans notre marge plutôt que de faire subir une hausse aux consommateurs.

Rachelle Séguin, fondatrice de l’entreprise Omy Laboratoires

Nouvelle ère

Avec des ventes se situant entre 4 et 5 millions de dollars pour 2022, comparativement à 3 millions l’année précédente, Omy veut maintenant passer en deuxième vitesse. « On a décidé de changer le logo, l’emballage, l’image globale de l’entreprise pour faciliter notre pénétration de marché aux États-Unis et au Canada anglais, explique-t-elle. On voulait une image de marque plus inclusive, avec un logo qui allait parler autant aux hommes qu’aux femmes, parce que nos produits sur mesure s’adressent à tout le monde. »

L’entreprise, qui compte actuellement 30 employés, en engagera une vingtaine de plus l’an prochain.

Pour conquérir d’autres marchés, la femme d’affaires âgée de 27 ans, qui a étudié en chimie cosméceutique et en sciences pharmaceutiques, veut promouvoir ses produits en soulignant l’apport d’une équipe de scientifiques qui travaillent au sein de l’entreprise dans un laboratoire situé à proximité des bureaux d’Omy.

« La nouvelle image fait davantage ressortir l’aspect scientifique de la marque, soutient-elle. On est en contact direct avec le laboratoire et on veut que ça soit perçu par le consommateur, qu’il sache qu’on n’est pas une marque comme les autres dans le domaine de la beauté. »

« Le sur-mesure, c’est complexe à expliquer », se désole-t-elle toutefois.

Les gens ne comprennent pas que c’est possible d’avoir une crème formulée pour eux exclusivement. D’avoir une image de marque qui simplifie cette communication-là, ça nous aide beaucoup.

Rachelle Séguin, fondatrice d’Omy Laboratoires

Et qu’entend-on par « sur mesure » ? En se rendant sur le site d’Omy Laboratoires, le consommateur remplit un questionnaire. On lui demande son âge, s’il prend des médicaments, s’il a des allergies et surtout ce qu’il souhaite traiter : les cernes, les rougeurs, l’acné, les rides…

Pour améliorer le service, on demande aux clients qui le souhaitent d’envoyer une photo permettant d’avoir une meilleure analyse des pores et des rougeurs. Une fois les informations recueillies, grâce à un logiciel d’intelligence artificielle, on élabore les produits en laboratoire. Ils sont généralement prêts en 24 à 48 heures et envoyés ensuite directement aux clients.

Les ventes se font uniquement en ligne, et pour l’instant Rachelle Séguin et sa partenaire d’affaires, Andréa Gomez, veulent conserver ce modèle qui leur évite d’avoir une foule d’intermédiaires et d’offrir des prix compétitifs. Actuellement, un pot de crème de jour de 30 ml se vend 64,99 $.

Concept unique au monde

Omy Laboratoires fait-elle cavalier seul dans le marché des produits de beauté ? « Le sur-mesure dans le domaine de l’industrie cosmétique commence à prendre de plus en plus de place, répond Mme Séguin. Mais à notre niveau, quand on parle de dermocosmétique, on est encore les seuls. »

« Je vois Omy comme étant l’entreprise qui a le laboratoire le plus proche du consommateur, ajoute-t-elle. Si la peau d’une personne change ou si elle n’est pas satisfaite de son produit, elle peut appeler directement au laboratoire et nous on reformule le produit jusqu’à ce qu’il soit parfait pour cette personne. C’est vraiment une relation de proximité. »

Les fondatrices d’Omy souhaitent maintenant que cette proximité puisse s’exporter chez nos voisins du Sud au cours de la prochaine année.

Omy Laboratoires en bref

Activité : Entreprise de dermocosmétique qui fabrique des produits sur mesure

Fondatrices : Rachelle Séguin et Andréa Gomez

Revenus : entre 4 à 5 millions

Forces

  • La qualité des produits et leur efficacité
  • La proximité entre le laboratoire et les clients ; c’est ce qui permet d’avoir un bon service à la clientèle.
  • Entreprise de vente en ligne avec une analyse de peau par intelligence artificielle

Faiblesses

  • Difficulté à aller chercher de la notoriété sur de nouveaux marchés
  • Difficulté à expliquer le concept du sur-mesure. Les consommateurs ont du mal à comprendre la signification de produits personnalisés.
  • L’impossibilité de passer par les réseaux de distribution traditionnels puisque ce sont des produits préparés sur mesure