Considéré par plusieurs comme le père de la C Series, Rob Dewar s’apprête à faire son entrée dans le club sélect du « panthéon de l’aviation ». L’honneur est individuel, mais le principal intéressé insiste pour le partager plutôt que de parler de lui.

« Pour concevoir ces produits, un effort d’équipe est vraiment nécessaire, alors je veux vraiment souligner ce que l’équipe a accompli », a expliqué M. Dewar en visioconférence avec La Presse, vendredi, à la veille de son intronisation comme « légende vivante » dans le cadre des 20es Living Legends of Aviation Awards, en Autriche.

Signe que l’homme de 61 ans insistait pour rendre hommage à ses collègues, le mot « équipe » s’est retrouvé dans la majorité de ses réponses au cours de l’entrevue.

Peu connu du grand public, ce diplômé de l’Université McGill en génie a passé plus d’un quart de siècle chez Bombardier et est actuellement vice-président, satisfaction des clients, services et politique des produits de l’A220, chez Airbus Canada.

Le sexagénaire est monté à bord de l’avion désormais appelé A220 au début des années 2000 pour ensuite superviser le développement de ce nouvel avion – qui a connu plusieurs épisodes de turbulences avant de voir le ciel s’éclaircir.

Le succès du programme était loin d’être garanti. Il y a eu des défis techniques, financiers et commerciaux. Cela témoigne de la persévérance et des convictions des personnes qui travaillent sur l’avion à poursuivre le travail quoi qu’il arrive.

Rob Dewar, au sujet de la C Series

Chez les Living Legends of Aviation, M. Dewar grossira un club sélect dans lequel on retrouve entre autres des personnalités comme l’astronaute Buzz Aldrin – le deuxième humain à avoir marché sur la Lune – et Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon qui a permis à Blue Origin de voir le jour. Plusieurs acteurs comme Tom Cruise, Morgan Freeman et John Travolta, titulaires de licences de pilotage, font aussi partie du groupe.

L’ingénieur ne sera pas l’unique représentant québécois puisqu’il rejoindra Laurent Beaudoin, l’architecte de Bombardier, ainsi que Marc Parent, président et chef de la direction du spécialiste des simulateurs de vol CAE.

Un projet qui avait sa raison d’être

La trajectoire de la carrière de M. Dewar aurait pu être bien différente. En acceptant de se lancer dans l’aventure de la C Series, au début des années 2000, celui-ci devait faire un saut vers l’inconnu où rien n’était garanti.

« Je dirigeais 2000 employés chez Bombardier, et on m’a dit : “Nous aimerions étudier ce segment de marché, mais il n’y a rien de garanti”, se rappelle M. Dewar. Si j’acceptais ce rôle, je ne pouvais pas revenir en arrière et retrouver mon ancien poste. Pourtant, il ne m’a fallu que quelques minutes avant de dire que j’étais partant. »

Même si la C Series a failli provoquer la chute de Bombardier à cause des milliards qui ont été investis dans le programme, M. Dewar estime que l’honneur qu’il recevra confirme que le projet avait sa raison d’être.

« J’ai passé la moitié de ma carrière sur ce programme et si nous n’avions pas réussi, ç’aurait été une profonde déception, raconte-t-il. Je suis vraiment heureux de voir qu’il repose sur des bases solides. »

En savoir plus
  • 551
    Nombre de contrats fermes que l’on retrouve dans le carnet de commandes de l’A220. L’avion est assemblé à Mirabel et à Mobile, en Alabama.
    Source : Airbus