Le premier ministre socialiste grec Georges Papandréou, après avoir obtenu dans la nuit la confiance du Parlement pour son gouvernement remanié, se préparait mercredi à une nouvelle bataille politique: faire voter un nouveau et très contesté plan de rigueur exigé par les bailleurs de fonds internationaux pour éviter la faillite de la Grèce.

Les députés ont accordé leur confiance au nouveau cabinet -remanié le 17 juin à la suite d'une fronde au sein du Parti socialiste (PASOK) concernant les mesures d'austérité - par 155 voix contre 143. Tous les parlementaires socialistes ont voté en faveur de la confiance, tandis que les élus d'opposition se sont prononcés contre.

M. Papandréou, à présent, va devoir convaincre les députés du PASOK de voter le plan de rigueur réclamé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer une nouvelle tranche de prêt de 12 milliards d'euros. La Grèce, sans cet argent, risque de se retrouver en défaut de paiement courant juillet.

Les ministres des Finances de la zone euro veulent d'abord que le Parlement grec adopte d'ici au 30 juin les nouvelles et très impopulaires mesures d'austérité prises par le gouvernement, des économies budgétaires de 28 milliards d'euros, de nouveaux impôts et un programme de privatisations de 50 milliards d'euros.

«Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour (...) sortir de la crise en sécurité. Nous avons un plan, nous avons des perspectives», a déclaré Georges Papandrérou durant le débat parlementaire avant le vote.

Mais les nouvelles mesures risquent d'attiser encore la colère des Grecs. Dès l'annonce du vote, tôt mercredi matin, des incidents ont éclaté devant le Parlement, où plusieurs milliers de manifestants s'étaient rassemblés, scandant «voleurs! voleurs!».

Environ 200 personnes se sont détachées du cortège pour lancer des bouteilles et d'autres projectiles contre les policiers, qui ont répliqué à coups de gaz lacrymogènes et de grenades assourdissantes.

Le pays est par ailleurs confronté depuis lundi à des coupures de courant tournantes. Les employés de DEH, la principale compagnie d'électricité, ont lancé lundi un mouvement de 48 heures contre la privatisation de l'entreprise prévue dans le cadre du plan de rigueur.

«Nous luttons pour protéger la dernière grande entreprise publique du pays», a commenté Nikos Fotopoulos, secrétaire général du GENOP, principal syndicat du secteur de l'énergie. «L'électricité est un bien public, on ne peut pas la remettre exclusivement entre les mains du privé. Si cela se produit, les consommateurs devront payer deux ou trois fois plus, à un moment où de nombreux citoyens ne le peuvent tout simplement pas», a-t-il fait valoir.

À Paris, le porte-parole du gouvernement François Baroin a estimé que le vote de confiance du Parlement grec était «une étape très importante» dans la perspective d'un accord du Conseil européen de jeudi et vendredi sur un nouveau plan de soutien financier à la Grèce.

«Nous n'accepterons aucun incident de paiement ou défaut de crédit sur ce sujet, c'est la ligne de la diplomatie française et nous la soutiendrons» lors du Conseil, a-t-il ajouté. En ce qui concerne l'implication des banques françaises dans le dispositif, elle repose sur le principe du «volontariat sec», a-t-il insisté.

Lors d'une réunion à Berlin, le 17 juin, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy sont tombés d'accord sur une participation du secteur privé sur la base du volontariat. «Nous souhaitons que les créanciers privés participent sur une base volontaire», a déclaré la chancelière allemande, souhaitant «aboutir le plus rapidement possible à une solution».

Les agences de notation aussi bien que la Banque centrale européenne (BCE) estiment que forcer les créanciers privés de la Grèce à accepter le rééchelonnement de la dette sur un plus long terme serait considéré comme un défaut de paiement partiel de la Grèce et risquerait de semer la panique sur les marchés financiers.

Mercredi, Angela Merkel a souligné qu'une restructuration totale de la dette grecque aurait des conséquences «complètement incontrôlables».