Mille milliards de dollars: voilà la somme que les Canadiens ont accumulé dans leur compte de banque. D'une part, on peut se réjouir qu'ils soient assis sur un coussin financier aussi moelleux. Mais d'autre part, il y a de quoi pester... car en laissant tous ces billets sous leur matelas, les investisseurs ont raté le plus fort rebond boursier des 30 dernières années. Mille milliards de sabords!

Après avoir bu la tasse en 2008, bon nombre d'investisseurs ont manqué le bateau en 2009.

En fait, neuf Québécois sur dix n'ont pas profité de la remontée boursière, révélait un sondage Angus Reid, au début de l'hiver. Encore stigmatisés par le plongeon de 35% de la Bourse de Toronto en 2008, la vaste majorité des épargnants ne sont même pas au courant de son avancée spectaculaire de 31% en 2009. Du jamais vu depuis 30 ans!

Les Québécois ont peu investi l'an dernier. Et ils n'ont pas l'intention de se mouiller en 2010. Mais quand ils seront prêts... il sera probablement trop tard. Car trop souvent, les particuliers plongent une fois que la vague est passée et ils se font toujours attraper par le ressac.

Il existe pourtant une solution simple pour éviter cette erreur classique. Il suffit de diversifier son portefeuille adéquatement et ensuite de rééquilibrer ses placements régulièrement.

Prenons un portefeuille composé à parts égales d'actions et d'obligations. Si les actions grimpent de 10% et les obligations de seulement 5%, tôt ou tard, les actions occuperont trop d'espace. En rééquilibrant régulièrement son portefeuille, l'investisseur encaissera des profits lorsque les actions deviennent chères, et il en rachètera lorsqu'elles seront dépréciées.

S'il tient solidement la barre, l'investisseur rééquilibrera aussi son portefeuille pour éviter les dérives dues à un secteur, un pays ou un titre en particulier (on se souvient de Nortel Networks qui valait plus du tiers de la Bourse canadienne, avant de couler à pic).

En gardant le cap sur sa répartition d'actifs, non seulement l'investisseur augmentera son rendement, mais il aura moins le mal de mer.

Pour se convaincre des vertus du rééquilibrage, Raymond Kerzérho, directeur de la recherche chez PWL Capital, a procédé à une simulation. Il a testé la performance de 10 stratégies de rééquilibrage, depuis 30 ans.

Dans tous les cas, le rééquilibrage est plus payant que le laisser-aller. Grosso modo, le rééquilibrage ajoute 0,5% au rendement annuel composé. Mais surtout, il réduit le risque du portefeuille... et les haut-le-coeur de l'investisseur.

La meilleure approche consiste à rééquilibrer aux 12 mois, si les marchés sont très houleux. Autrement, on peut s'en tenir à un rééquilibrage aux trois ans.

D'ailleurs, il est préférable de ne pas rééquilibrer trop souvent, car les coûts de transaction et la facture fiscale (dans un compte hors REER) annuleraient les bénéfices de l'exercice. Vaut mieux se servir des nouvelles contributions, ou des retraits périodiques, pour ajuster son portefeuille.

Quant aux épargnants qui n'ont pas le pied marin, il existe plusieurs solutions clé en main combinant diversification et rééquilibrage, comme les bons vieux fonds équilibrés. Mais il faut être sélectif, car ces fonds prélèvent facilement 2,25% de frais de gestion par année. De quoi perdre l'équilibre!

ÉQUILIBRÉS ET BON MARCHÉS

Le bon vieux fonds équilibré

On peut critiquer l'industrie des fonds communs, mais il faut reconnaître que certains fonds ont bien fait leur travail. Dans la catégorie des fonds équilibrés mondiaux, le fonds CI Signature revenu élevé se démarque par ses faibles frais de gestion (1,5%) et une performance hors du commun. Avec un rendement annuel composé de 10,6% sur 10 ans, c'est le champion de sa catégorie. Pas étonnant qu'il se trouve sur la liste des fonds préférés des analystes de la firme d'évaluation Morningstar Canada.

L'offre du banquier

Les épargnants qui cherchent une solution clé en main, directement en succursale, devraient considérer cette offre du banquier: les familles de fonds des banques ont toutes un fonds de revenus mensuels, composé à parts égales d'actions et d'obligations canadiennes. Leurs frais de gestion sont raisonnables: RBC revenu mensuel (1,1%), TD revenu mensuel (1,4%), CIBC revenu mensuel (1,4%), BMO revenu mensuel (1,5%), Banque Nationale revenu mensuel (1,7%).

Sur le web

Quelques familles de fonds réduisent les frais de gestion lorsque les investisseurs achètent leurs fonds directement sur leur site web. Par exemple, à la Banque Royale, une quarantaine de fonds RBC (série D) sont offerts à frais réduits (variant entre 0,68% et 1,45%) aux clients de RBC Placements en Direct. Sur le fonds de revenu mensuel, les frais tombent de 1,1% à 0,84%. Une aubaine pour l'un des fonds les mieux cotés de sa catégorie.

Le choix du pro

Les médecins, dentistes, ingénieurs et autres professionnels peuvent confier leurs épargnes à la famille de fonds de leur ordre professionnel, dont les frais sont très modérés. Pour les fonds équilibrés, ils se situent à 0,8% chez Gestion Férique, 0,95% chez FMOQ et 1,1% au Fonds des professionnels. Une belle façon de favoriser la gestion de portefeuilles «made in Québec».

À la sauce FNB

Les fonds négociés en Bourse (FNB) demeurent l'alternative la moins coûteuse de toutes. Comme les fonds communs, ils offrent une bonne diversification, mais ils coûtent beaucoup moins cher de frais, car aucun gestionnaire n'intervient dans le choix des titres. Les familles iShares et Claymore ont mis au point des portefeuilles de FNB qui répartissent et rééquilibrent les actifs sans que les investisseurs n'aient à lever le petit doigt. Les Core Portfolio Builder de iShares coûtent à peine 0,6% par année, tandis que les frais des CorePortfolio de Claymore sont de 0,7%.