Les scientifiques du monde entier travaillent à mettre au point de nouveaux traitements contre le cancer, des diagnostics plus précis et des examens moins invasifs. Voici quatre initiatives prometteuses qui ont vu le jour ici, au Québec.

Un vaccin contre le cancer

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

À quand un vaccin pour contrer le cancer ?

La science-fiction pourrait un jour devenir réalité : une équipe de l’Université de Montréal travaille à mettre au point un vaccin pour traiter le cancer. L’objectif est de programmer le système immunitaire, afin qu’il cible les protéines sur les cellules cancéreuses. En 2018, l’équipe du DClaude Perreault, professeur à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie de l’Université de Montréal, a découvert que certains antigènes, soit des protéines fabriquées par le système immunitaire, se retrouvent sur la majorité des tumeurs cancéreuses. Les chercheurs ont donc développé un vaccin à ARN, qui force le système immunitaire à détecter ces antigènes et à attaquer les tumeurs cancéreuses. « Pour le moment, on a testé notre vaccin ARN chez la souris. Les résultats sont super bons. Les tumeurs disparaissent », dit le DPerreault. Il est très optimiste pour la suite, mais demeure prudent. « Ce qui me préoccupe, c’est que les souris que l’on utilise sont toutes génétiquement identiques les unes aux autres. Chez les humains, ça va être différent, car on est tous différents », dit-il. L’équipe cherche un partenaire pour lancer les études cliniques pour tester le vaccin chez les personnes atteintes d’un cancer et qui ont épuisé toutes les autres options de traitement.

Une application pour détecter les enfants à risque de cancer

PHOTO FOURNIE PAR L’HÔPITAL DE MONTRÉAL POUR ENFANTS

Gratuite, l’application MIPOGG a été déployée dans les hôpitaux pédiatriques du Québec dès 2019.

Une équipe de l’Hôpital de Montréal pour enfants a développé une application qui permet aux médecins d’identifier les enfants à plus haut risque de syndromes de prédisposition au cancer (SPC), une maladie génétique qui prédispose l’enfant à développer un cancer. « Lorsqu’on sait que c’est lié à l’hérédité, ça peut avoir un impact direct sur la façon dont on va traiter le cancer, ça nous informe que l’enfant peut être à risque d’autres cancers et ça peut nous permettre de dépister d’autres membres de la famille qui pourraient avoir le même syndrome génétique », explique l’hématologue-oncologue pédiatrique qui a conceptualisé l’application, la Dre Catherine Goudie. Environ un enfant atteint d’un cancer sur dix présente un SPC. L’application MIPOGG, offerte gratuitement, a été déployée dans les hôpitaux pédiatriques du Québec à partir de 2019. L’application est offerte en français et en anglais et est aujourd’hui utilisée dans plus de 80 pays. « Ça demeure à ce jour une application unique au monde », souligne la Dre Goudie.

Cibler les mauvaises cellules

PHOTO DAVID PAUL MORRIS, ARCHIVES BLOOMBERG NEWS

Cibler les cellules des tumeurs sans s’attaquer aux cellules saines, c’est ce que vise la chimiothérapie ciblée.

« Avec la chimiothérapie standard, on tue toutes les cellules, autant les bonnes que les mauvaises. Maintenant, on tente de faire de la chimiothérapie ciblée », dit le DJamil Asselah, oncologue et chercheur au sein du programme de recherche sur le cancer à l’Institut de recherche du CUSM. Cette thérapie surnommée ADC, ou immunoconjugué, consiste à attacher une molécule de chimiothérapie à un anticorps qui cible les cellules des tumeurs, permettant ainsi à la chimiothérapie d’entrer dans la cellule et de la détruire. Une étude internationale utilisant cette technique et réservée aux personnes atteintes d’un cancer du sein triple négatif a vu le jour en novembre. « Le Québec est le premier centre au monde à recruter des patients pour l’étude et ça va très bien », dit-il. Jusqu’à présent, sept patients ont reçu le traitement de chimiothérapie classique et sept ont reçu le traitement expérimental. « On voit vraiment la différence », se réjouit le DAsselah. L’objectif de l’étude est de recruter 1700 patients dans le monde.

Détecter des traces de tumeurs avec une prise de sang

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

À l’avenir, une simple prise de sang pourrait être utilisée pour faire un diagnostic de cancer.

À l’aide d’une simple prise de sang, Julia Burnier de l’Institut de recherche du CUSM souhaite détecter les traces que les tumeurs laissent dans le sang. L’objectif de cette technique appelée « biopsie liquide » est de suivre l’évolution des tumeurs en continu. « C’est une façon de suivre les patients qui ont déjà un diagnostic de cancer, afin de détecter des changements dans leur cancer », explique Mme Burnier. À l’heure actuelle, les médecins doivent généralement réaliser les biopsies à l’aide d’interventions chirurgicales. « Ce n’est pas facile, surtout si on pense aux patients plus âgés ou ayant un système immunitaire affaibli », dit Mme Burnier. La prise de sang est une technique plus simple et moins invasive pour arriver au même résultat, indique-t-elle. « Dans le futur, on pense qu’on pourrait même l’utiliser pour faire un diagnostic de cancer. » Dans son laboratoire, Mme Burnier tente de mettre en place des biopsies liquides pour les cancers du sein, de la tête et du cou, du colon et du poumon et souhaite qu’elles soient utilisées à court terme dans les hôpitaux.