Un programme pilote de deux ans vient d’être lancé par l’Hôpital de Montréal pour enfants (Le Children) et l’Hôpital St. Michael de Toronto pour aider les familles migrantes à naviguer dans le système de santé, plus particulièrement pour les jeunes aux prises avec une maladie chronique.

Le programme vise à donner de l’information aux familles, mais aussi les outiller pour qu’elles puissent s’y retrouver dans le système de santé. L’objectif est de répondre aux besoins non comblés des jeunes atteints d’une maladie chronique.

Le projet pilote qui se nomme Programme d’intervention pour les ados migrants a aussi pour but de mieux faire connaître leurs droits aux familles.

Le Children estime que le projet viendra en aide à environ 200 à 300 adolescents migrants et leur famille au cours des deux prochaines années.

« Beaucoup de nos familles quand elles arrivent, elles ne veulent pas perturber le système. Elles ne vont pas chercher de l’aide alors que leurs enfants ou eux-mêmes ont peut-être besoin de l’aide », a indiqué la Dre Patricia Li, pédiatre au Children.

Elle a expliqué que les familles migrantes se heurtent souvent à des barrières pour avoir accès aux soins appropriés comme la langue, la culture, la discrimination ou le manque d’information.

« En tant qu’équipe médicale, on essaie de soutenir les familles, qui sont très résilientes, mais il n’y a pas assez de structure et d’aide à notre disposition », constate-t-elle.

« Être confronté à un nouveau système de santé, c’est toujours une difficulté pour nos familles. C’est déjà difficile pour ceux qui ne sont pas nouveaux au Québec ou au Canada de connaître comment s’inscrire pour un médecin de famille, comment accéder à des cliniques sans rendez-vous pour ne pas aller à l’urgence », fait valoir la pédiatre.

Passer d’adolescent à adulte

Dre Li a indiqué que de nombreux adolescents migrants atteints de maladies chroniques arrivent à Montréal alors qu’ils n’ont pas vu de médecins depuis des mois, que leurs ordonnances sont épuisées ou qu’ils n’ont pas reçu de soins préventifs qui pourraient éviter des complications relatives à leur maladie.

« On a plus de guerres, d’instabilité géopolitique, les changements climatiques, donc souvent ces familles et ces jeunes sont déplacés de leur pays d’origine en raison de ces situations et ils peuvent avoir vécu un parcours assez traumatisant qui peut engendrer des troubles de santé mentale ou peut-être que durant leur parcours migratoire ils n’ont pas eu accès aux soins (appropriés) », a-t-elle expliqué.

L’un des aspects importants du programme est de soutenir les adolescents passant des soins pédiatriques aux soins pour les adultes. « Il y a un grand trou dans le système pour ces enfants et on essaie vraiment de combler ces lacunes dans les soins et le programme de navigateur des patients servira comme un filet de sécurité pour que nos familles ne passent pas entre les mailles », a déclaré Dre Li.

Un jeune immigrant qui passe des soins pédiatriques vers les soins pour les adultes se retrouvera sur la liste d’attente pour un médecin de famille, comme pour tout le monde. Mais la situation des jeunes souffrant d’une maladie chronique préoccupe Dre Li. La Clinique multiculturelle du Children s’occupe de mettre ces jeunes patients malades en relation avec des médecins spécialistes. « Souvent un an ou deux plus tard, ils ne sont pas toujours connectés avec un spécialiste », dit-elle.

Dre Li, qui est aussi chercheuse à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill, souligne que les jeunes aux prises avec une maladie chronique ont besoin d’un suivi médical plus attentif et ils doivent souvent prendre des médicaments. Se retrouver sans médecin de famille les rend plus vulnérables.

Le programme pilote est financé par le Groupe Banque TD et les fondations d’hôpitaux pour enfants du Canada. Un travail de collaboration est fait avec les familles et les adolescents pour élaborer les interventions. Dre Li espère pouvoir partager ses connaissances avec des partenaires en santé et pouvoir élargir le programme.

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