(Montréal) La ministre responsable des Aînés et ministre déléguée à la Santé, Sonia Bélanger, veut élargir l’accès aux soins palliatifs. Mais dans le contexte de la fin du recours aux agences privées, certains s’inquiètent de la faisabilité de cet objectif par manque de ressources.

Dans le cadre d’un webinaire sur les soins palliatifs organisé jeudi par le Collège des médecins (CMQ), Mme Bélanger a souligné que le financement des maisons de soins palliatifs a été rehaussé afin qu’elles puissent développer d’autres places pour ce type de soins et de nouveaux centres de jour.

Sa première action pour améliorer l’accès sera de répertorier le nombre de lits offerts en soins palliatifs dans les hôpitaux et où ils sont situés. « On sera en mesure par la suite de se donner des objectifs pour améliorer la qualité des soins palliatifs dans les différents hôpitaux. Ça s’en vient », a affirmé la ministre en vidéoconférence.

À terme, son objectif est que tous les CISSS, CIUSSS et centres hospitaliers du Québec soient dotés d’un « programme de soins palliatifs bien structuré ».

Durant le webinaire, Mme Bélanger a répondu à une dizaine de questions de la part des quelque 2000 médecins et autres professionnels de la santé qui étaient présents en ligne. L’un d’entre eux s’inquiète que sans le recours aux agences privées, Mme Bélanger ne puisse concrétiser son engagement pour plus de soins palliatifs et plus de soins à domicile.

« On est dans un contexte difficile de pénurie, mais on ne s’empêchera pas de développer les programmes qu’on doit développer pour le bien-être des personnes », a-t-elle défendu.

Selon la Fondation PalliAmi, on prévoit qu’au Québec le nombre de patients nécessitant des soins palliatifs bondira de 44 000 actuellement à 70 000 en 2050. De plus, un récent sondage de la fondation indiquait que la moitié des Québécois se disent inquiets de ne pas avoir accès à des soins palliatifs lors de leur propre fin de vie.

Mme Bélanger a rappelé qu’il y a une possibilité pour les agences privées de continuer de desservir des établissements en fonction de tarifs qui ont été indiqués pour éviter « le dérapage qu’on connaît actuellement dans notre système de santé publique ».

« Certaines agences vont rester si elles respectent les conditions et qu’elles veulent bien continuer de conclure des contrats avec les établissements. Ce n’est pas la disparition complète des agences de placement, mais effectivement, si elles ne changent pas leurs conditions salariales, c’est sûr qu’il y en a un certain nombre qui vont se remettre en question », a-t-elle déclaré.

Le ministère de la Santé espère que le personnel des agences privées – qui provient du système public – reviendra dans le réseau public, a rappelé Mme Bélanger.

Elle a par ailleurs souligné que 1000 employés de plus se retrouvent dans les services de soutien à domicile depuis les deux dernières années.

La vision de la ministre est de revoir la gouvernance, la formation et les ressources disponibles pour les soins palliatifs.

« Les soins palliatifs, il faut qu’il y en ait dans les hôpitaux, dans les maisons de soins palliatifs, mais aussi en soutien à domicile et naturellement dans les CHSLD », a-t-elle mentionné.

Changer la perception des gens

Dre Olivia Nguyen, médecin de famille œuvrant en soins palliatifs au CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal, essaie de changer la perception que le public a des soins palliatifs. Souvent, les gens associent ces soins à la mort, mais il s’agit plutôt d’améliorer leur qualité de vie, c’est bien plus que de recevoir de la morphine en attendant la mort, a-t-elle expliqué.

« Il y a beaucoup d’études, un paquet d’évidences depuis les 15 dernières années, qui montrent que d’avoir un accompagnement en soins palliatifs, en médecine palliative par rapport aux médecins, ça permet aux gens d’avoir une meilleure qualité de vie, ça diminue leur détresse, ça diminue la détresse des proches et améliore (leur) satisfaction et ça augmenterait potentiellement la survie.

« Économiquement, ça diminue les coûts du système de santé, ça diminue la surutilisation du système de santé de manière non appropriée », poursuit Dre Nguyen, qui est également professeure adjointe de clinique et présidente de la Société québécoise des médecins de soins palliatifs.

Dre Nguyen a fait savoir que les prestataires de soins palliatifs sont souvent des patients atteints du cancer. « L’idée des soins palliatifs, c’est beaucoup les cancers, a-t-elle déclaré. Malheureusement, pour plein de raisons, on n’a pas les effectifs nécessaires pour être plus présent pour les maladies chroniques même si on devrait l’être et que c’est important. »

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