Les négociations entre la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et Québec se heurtent à une impasse : la flexibilité. Le syndicat s’oppose à l’idée d’obliger les infirmières à changer d’établissement ou d’unité de soins pour pallier le manque de personnel.

Selon nos informations, la présence du conciliateur facilite les pourparlers, mais le principal défi à la conclusion d’un accord réside dans la question de la flexibilité.

La FIQ a déjà exprimé par le passé son désaccord avec les demandes de Québec d’inclure une plus grande « flexibilité » dans les conventions collectives des travailleurs dans la santé. Selon le syndicat, il s’agit d’une manière déguisée de déplacer les infirmières entre les unités de soins et les établissements de santé, selon les besoins des employeurs.

Le syndicat, qui représente quelque 85 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques, a fait appel à un conciliateur le 19 décembre dernier dans l’espoir de dénouer l’impasse dans les négociations.

Le conciliateur a recommandé aux parties de limiter au maximum les commentaires sur la place publique jusqu’au 15 janvier. Le syndicat n’entend pas tenir de journées de grève supplémentaires d’ici cette date.

La flexibilité, une mesure « contre-productive »

« J’ai l’impression que beaucoup d’infirmières percevraient le fait de devoir se déplacer dans un autre hôpital comme un étant un deal breaker, quelque chose qui serait susceptible de les pousser à changer de job », estime Damien Contandriopoulos, professeur à l’École des sciences infirmières de l’Université de Victoria.

Il voit d’un mauvais œil cette « flexibilité » demandée par le gouvernement.

Ça me semble profondément contre-productif et ça m’inquiète sur la vision actuelle du gouvernement quant au fonctionnement du réseau. Je n’arrive pas à comprendre pourquoi [le gouvernement] s’obstine là-dessus.

Damien Contandriopoulos, professeur à l’École des sciences infirmières de l’Université de Victoria

Il souligne que les territoires des CISSS et des CIUSSS sont parfois très grands. « On ne peut pas dire à une infirmière de Rivière-du-Loup que ses prochains shifts sont à Rimouski. Mais c’est ça que le gouvernement veut pouvoir faire », résume-t-il.

200 démissions en neuf mois

Une telle mesure de « flexibilité » a été instaurée en mars dans la Mauricie et le Centre-du-Québec (MCQ). Les infirmières du CIUSSS MCQ sont appelées à aller prêter main-forte dans les secteurs où les besoins sont les plus criants au moins une fin de semaine sur trois.

En l’espace de neuf mois, pas moins de 200 infirmières travaillant dans la région seraient ainsi parties à la retraite de façon hâtive ou auraient démissionné en raison de la nouvelle mesure.

Les membres du Syndicat des professionnelles en soins de la Mauricie et du Centre-du-Québec ont réalisé une journée de grève supplémentaire, le samedi 25 novembre, pour dénoncer l’implantation de cette mesure.

Compensation pour les pertes d’argent

Les infirmières de la FIQ devraient d’ailleurs recevoir une somme en guise de compensation pour les pertes d’argent causées par la grève. Bien que certains syndicats affiliés à la FIQ possèdent un fonds de grève, le syndicat national n’en détient pas. Il possède plutôt un pacte de solidarité.

Des sommes de ce pacte seront dégagées afin de rembourser en partie les pertes encourues par les 80 000 membres de la FIQ. Le montant de ce pacte et les modalités devraient être discutés dans la semaine du 15 janvier.

La FIQ a tenu trois séances de grève jusqu’à présent, soit les 9 et 10 novembre, les 23 et 24 novembre et les 11, 12, 13 et 14 décembre.

Avec Vincent Larin, La Presse