Le nombre de chambres climatisées dans les CHSLD du Québec continue d’augmenter peu à peu, mais il reste encore une proportion importante d’unités sans climatiseur, selon l’Association québécoise des retraités des secteurs public et parapublic (AQRP).

Près de 60 % des résidants en CHSLD ont accès à une chambre climatisée en 2023, indiquent des données compilées par l’AQRP et publiées lundi.

Cela représente une légère hausse de 2,3 points de pourcentage en comparaison avec 2022. Depuis les dix dernières années, le pourcentage de chambres climatisées par les établissements n’a cessé de croître, passant de 8 à 59 %.

Si cette progression semble montrer une volonté d’assurer une meilleure climatisation dans les CHSLD, il demeure néanmoins qu’environ 40 % des chambres du réseau se trouvent dépourvues d’un air climatisé, note le président provincial de l’AQRP, Paul-René Roy.

« Dans une période de chaleur extrême comme on a vécu, ça pose des problèmes pour les résidants à mobilité réduite parce que même s’il y a des salles communes qui sont climatisées, il y a des gens qui ont énormément de difficulté à se déplacer », dit-il en entrevue.

Si les épisodes de canicule touchent principalement le sud du Québec, les besoins en climatisation sont tout aussi légitimes pour les régions plus au nord, fait valoir M. Roy.

« On a vu cette année avec les incendies de forêt que la qualité de l’air pouvait aussi être atteinte. C’est donc important que tout ce monde-là puisse avoir accès à une forme de climatisation à l’intérieur de leur chambre », affirme-t-il.

Les résultats de l’association sont basés sur une demande d’accès à l’information envoyée à tous les CISSS et CIUSSS en mai dernier. Cinq d’entre eux n’y ont pas donné suite, dont ceux de Lanaudière, de Chaudière-Appalaches et de la Gaspésie.

Le CIUSSS affichant le plus faible ratio de chambres climatisées est celui du Centre-de-l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, avec un taux qui serait de 18,5 %.

Tandis qu’en tête de liste figurent les trois CISSS de la Montérégie ainsi que ceux du Saguenay–Lac-Saint-Jean et des Îles-de-la-Madeleine, en plus du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, qui auraient un ratio de 100 % ou tout près de ce pourcentage.

Les espaces communs privilégiés

L’AQRP souligne que le réseau des CHSLD a connu cette année « une explosion » des demandes pour des climatiseurs privés, soit plus de 4800. M. Roy précise toutefois que l’enquête de son organisation n’a pas permis de connaître combien de ces requêtes ont été acceptées.

Au regard des statistiques obtenues, les établissements semblent davantage privilégier la climatisation des espaces communs que celle des chambres, mentionne l’AQRP, alors que la plupart des CHSLD comptent au moins une pièce commune climatisée.

L’association donne l’exemple de l’Abitibi-Témiscamingue où la majorité des centres d’hébergement ont installé un équipement permettant de rafraîchir au moins un espace commun. À l’inverse, le pourcentage d’unités climatisées dans cette région a diminué de manière significative à la suite de l’ajout de chambres disponibles. Il est passé de 57,0 % en 2022 à 36,48 % en 2023, selon l’AQRP.

M. Roy croit qu’il faudrait que le Québec mette en place un « plan d’ensemble » pour munir éventuellement toutes les chambres d’un air climatisé, surtout dans le contexte du changement climatique.

« Les experts le disent que les périodes de canicule vont être beaucoup plus fréquentes et probablement beaucoup plus lourdes à porter », déclare-t-il.

Au cabinet de la ministre responsable des Aînés, Sonia Bélanger, on indique dans une déclaration que « plus de 420 millions sont investis depuis 2021 en rénovations fonctionnelles, avec des enveloppes qui sont disponibles […] pour entre autres, ajouter des systèmes de climatisation ».

Le bureau de la ministre mentionne également que la climatisation est maintenant gratuite pour les résidants, et que toutes les nouvelles constructions en hébergement pour aînés ont des systèmes de climatisation centraux.

L’AQRP réclame par ailleurs au gouvernement Legault l’adoption de stratégies, comme l’élaboration de guides, afin de mieux préparer les aînés des CHSLD à se prémunir contre les effets de la chaleur extrême sur la santé.

« On sait qu’en Colombie-Britannique il y a un guide spécifique qui a été mis sur pied. C’est une chose que la ministre aurait peut-être intérêt à regarder parce que ça pourrait être un outil intéressant pour les résidants des CHSLD où il n’y a pas de climatisation dans toutes les chambres », soutient M. Roy.

Le cabinet de la ministre Bélanger déclare, pour sa part, que « tous les établissements ont déjà des protocoles en place lors des chaleurs accablantes ».