L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) remplacera dès 2024 son examen d’admission, qui s’était soldé en septembre par un taux d’échec anormalement élevé, par l’examen NCLEX-RN, utilisé dans les autres provinces canadiennes et aux États-Unis.

Jusqu’à présent, les candidates ne pouvaient se présenter à l’examen plus de trois fois. Avec l’examen NCLEX-RN, conçu par le National Council of State Boards of Nursing (NCSBN), les étudiantes pourront faire autant d’essais possibles pendant une période de quatre ans.

Des échanges sont prévus avec l’organisation américaine, afin de s’assurer que l’examen est adapté à la réalité de la pratique au Québec et qu’il concorde avec la langue et le vocabulaire utilisé. Avant qu’il entre en vigueur, l’Office des professions du Québec devra toutefois approuver la demande de changement d’examen.

L’examen prévu en septembre 2023 conservera sa forme actuelle. Certaines questions jugées problématiques dans l’enquête du commissaire seront toutefois revues, a indiqué le président de l’OIIQ, Luc Mathieu.

La pandémie mise en cause

Près de la moitié des étudiants en soins infirmiers (48,6 %) qui passaient l’examen pour la première fois en septembre dernier ont échoué à celui-ci. Le commissaire à l’admission aux professions, MAndré Gariépy, avait été chargé d’enquêter sur les raisons ayant entraîné ce taux d’échec anormalement élevé.

« Notre enquête a révélé que l’examen de l’Ordre comporte des failles et des fragilités concernant sa validité, sa fiabilité et la détermination de sa note de passage », a affirmé mardi le commissaire André Gariépy. Il recommandait ainsi de revoir la pertinence et l’utilité de l’examen et de recalculer les notes des derniers examens.

PHOTO RYAN REMIORZ, LA PRESSE CANADIENNE

Luc Mathieu, président de l’OIIQ, en conférence de presse jeudi

Tout en convenant que certains éléments de l’examen actuel devaient être améliorés, le président de l’OIIQ, Luc Mathieu, a déclaré jeudi que les étudiantes « n’étaient pas suffisamment bien préparées pour passer l’examen » de septembre, mettant en cause la pandémie.

« Notre objectif n’est pas d’admettre le plus de professionnels possible, mais des professionnels aptes, c’est-à-dire capables de prodiguer les bons soins, au bon moment, de la bonne manière », a déclaré M. Mathieu, ajoutant que « l’OIIQ n’a pas cherché à piéger » les candidates.

Recalculer les résultats de septembre 2022

Selon une simulation par l’équipe d’enquête du commissaire, plus de 500 étudiantes auraient dû réussir plutôt qu’échouer à l’examen de septembre 2022. Le commissaire appelait les responsables à recalculer les résultats de septembre 2022 en fonction d’une note de passage revue.

L’OIIQ a annoncé jeudi avoir établi, avec la collaboration d’experts cliniques, que la note de passage recommandée pour l’examen de septembre aurait dû être supérieure de 10 points de pourcentage, « ce qui aurait eu pour effet de mener à un plus grand nombre de candidates et de candidats à l’échec », a déclaré jeudi le président Luc Mathieu.

En d’autres termes, aucune étudiante ayant échoué à l’examen de septembre n’obtiendra finalement un succès, a-t-il indiqué. Il soutient toutefois que sur les 475 candidates en échec qui se sont inscrites à l’examen de reprise de mars 2023, 70 % ont réussi l’examen. Les résultats de l’examen de mars seront annoncés la semaine prochaine.

Aucune erreur de construction, dit l’Ordre

Après révision de l’examen de septembre 2022, l’OIIQ a établi que cinq questions auraient pu être améliorées, mais qu’aucune ne comportait d’erreur de construction.

L’enquête du commissaire concluait plutôt à des problèmes importants dans la construction des questions de l’examen. « Plus des trois quarts des étudiants trouvaient que les questions, les mises en situation et les choix de réponses n’étaient pas clairs. C’était tant chez les cégépiens que les universitaires », avait déclaré mardi à La Presse MGariépy.

Le commissaire jugeait également que la validité de l’examen était compromise. La documentation servant habituellement à la construction de l’examen et à sa validité « n’a pas été révisée depuis plus d’une décennie ». Il notait également que l’Ordre « n’a pas en main une analyse des tâches de la profession, actuelle et en bonne et due forme, pour guider l’élaboration de l’examen ».

L’histoire jusqu’ici

Septembre 2022

Près de la moitié des étudiants en soins infirmiers qui passaient l’examen d’admission à la profession pour la première fois échouent.

Novembre 2022

Le commissaire à l’admission aux professions, MAndré Gariépy, lance une enquête sur les causes de ce taux d’échec anormalement élevé.

9 mai 2023

Le commissaire relève plusieurs failles dans l’examen, touchant notamment la qualité des questions, selon les conclusions de son rapport présenté mardi.

11 mai 2023

L’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ) annonce qu’il remplacera son examen en 2024.