Québec n’a rien retenu des leçons de la pandémie sur la vulnérabilité de ses CHSLD, juge l’opposition. Deux de ces établissements ont dû attendre plus de trois jours avant d’être rebranchés au réseau d’Hydro-Québec à la suite du verglas du 5 avril.

« La situation est complètement inacceptable, et le pire, c’est qu’elle était évitable ! », s’est insurgée mercredi la porte-parole de l’opposition officielle pour les aînés, Linda Caron. « La ministre peut-elle s’assurer que pour ce genre d’évènement, les CHSLD aient les mêmes protections que nos hôpitaux ? Il y va de la dignité des aînés ! »

Mercredi matin, La Presse a rapporté qu’au moins deux CHSLD publics de Montréal ont dû attendre plus de 72 heures avant de retrouver complètement l’électricité après la tempête de pluie verglaçante de mercredi dernier.

Pourtant, ces établissements devaient être traités en priorité par Hydro-Québec, selon ce qu’avait indiqué la société d’État peu après le début de la crise.

Déjà confronté au fait que certaines résidences privées pour aînés (RPA) avaient dû attendre plusieurs jours avant de retrouver le courant, Hydro-Québec avait expliqué que certains de ces établissements n’étaient pas enregistrés comme tels sur les listes de la Sécurité publique. Or, dans le cas des CHSLD publics, ils relèvent directement du gouvernement du Québec.

« Un problème majeur »

« C’est un problème majeur que les listes des bâtiments prioritaires pour le rebranchement ne soient pas à jour. Ce l’est d’autant plus lorsqu’on parle de bâtiments qui ne viennent pas de sortir de terre. Comment a-t-on pu les oublier ? », s’est questionnée la porte-parole de Québec solidaire pour les aînés, Christine Labrie.

Cette dernière dit s’attendre à ce que Québec fasse son possible pour éviter que de telles situations ne se reproduisent. « Ça implique de vérifier si tous les CHSLD sont sur la liste des bâtiments prioritaires et si leurs plans d’urgence sont adéquats », tranche la députée.

Même son de cloche chez son vis-à-vis au Parti québécois, Joël Arseneau. « La confusion dans la liste prioritaire de rebranchement est déplorable, surtout quand on parle d’un organisme public comme Hydro-Québec et d’établissements sous la responsabilité du ministère de la Santé et des Services sociaux », déplore-t-il.

« Il y a là une forme de laxisme, de manque de rigueur à corriger, car un tel évènement ne peut se reproduire dans l’avenir », ajoute-t-il.

À noter que le ministère de la Sécurité publique n’avait toujours pas répondu à une série de questions envoyées par La Presse mardi matin au sujet de la priorisation du gouvernement dans le rebranchement des établissements de soins.

Hydro s’explique

Hydro-Québec a réagi pour sa part en affirmant que « tout ce qui a été fait avant le rétablissement des CHSLD, ce sont le rétablissement d’établissements et d’infrastructures qui sont des urgences pour la vie et la santé et sécurité des citoyens ».

Les clients résidentiels qui ont retrouvé le courant avant certains CHSLD l’ont retrouvé, car ils se trouvaient sur des lignes d’établissements prioritaires. Par exemple, des travaux prioritaires pour rétablir le courant pour un hôpital vont le rétablir pour plus que seulement l’hôpital.

Caroline Desrosiers, porte-parole d’Hydro-Québec

« Parfois, 10 000 clients peuvent être affectés par des pannes qui doivent être réparées pour un établissement prioritaire », a-t-elle également ajouté.

Rappelons qu’en fin de soirée samedi, alors que le CHSLD Pierre-Joseph-Triest attendait toujours d’être rebranché au réseau d’Hydro-Québec, la société d’État avait rétabli le courant dans plus d’un million de foyers.

Lisez « Pannes massives : des CHSLD publics sans courant pendant plus de trois jours »
Lisez « Pannes électriques au Québec : des aînés censés être priorisés ont dû patienter dans le noir »