Afin de désengorger les urgences, Québec mettra en place un protocole de surcapacité hospitalière, ce qui permettra aux étages de recevoir un plus grand nombre de patients.

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, et la cellule de crise des urgences du Grand Montréal ont convenu vendredi midi de mettre en place le plan de surcapacité, a indiqué à La Presse l’attaché de presse du ministre, Antoine de la Durantaye.

La mise en place temporaire de ce protocole permettra aux unités et aux départements d’accueillir un plus grand nombre de patients. Chaque étage pourrait être invité, par exemple, à accueillir un ou deux patients de plus, indique le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec, le DGilbert Boucher.

« Le but est du plan est de répartir la pression dans l’hôpital. Les patients seront mieux sur des étages que dans nos corridors, où on n’a même pas le personnel pour les surveiller », soutient le DBoucher.

Ce protocole sera mis en place uniquement lorsque les urgences des hôpitaux atteignent un taux d’occupation qui pourrait compromettre la sécurité des patients. Les modalités restent toujours à être déterminées. Le DBoucher souhaite que le plan soit mis en place avant le temps des fêtes.

Un travail d’équipe

Le Collège des médecins du Québec, membre de la cellule de crise, accueille favorablement la mise en place ce protocole de surcapacité qui « a été étudié et mis en place dans plusieurs provinces », a indiqué son président, le DMauril Gaudreault, dans un message sur leur site internet. Lorsque le débordement est réparti dans l’ensemble de l’hôpital, « l’urgence peut alors accueillir de nouveaux patients dont l’état n’est pas encore stabilisé », écrit-il.

Lorsque le taux d’occupation des urgences sera trop élevé, les médecins de garde pourraient notamment être invités à élargir leurs plages de disponibilité pour des consultations avec les patients ou des échanges avec les médecins, mentionne-t-il.

Les études démontrent que protocole entraîne entre autres une augmentation de la qualité des soins et une diminution du nombre de patients qui quittent l’hôpital avant d’avoir vu un médecin d’urgence, soutient le DGaudreault. « Si nous voulons soutenir les équipes soignantes de l’urgence et assurer un accès aux soins pour les patients, il faut que TOUT l’hôpital partage le risque lié aux admissions à l’urgence », a-t-il déclaré.

Une situation critique

L’occupation élevée dans les urgences qui perdure depuis plusieurs mois entraîne de lourdes conséquences, soutient le DBoucher. « On entend parler chaque semaine de patients qui se détériorent, parce qu’on ne se rend pas à eux ou parce qu’il y a des délais trop longs. On ne peut pas continuer comme ça », dit-il.

Le taux d’achalandage dans les urgences du Québec s’est établi à 128,3 % en moyenne dans la dernière semaine, un sommet depuis le début de la pandémie. Vendredi, plusieurs hôpitaux de la province, dont le Centre hospitalier régional de Lanaudière à Joliette ont atteint un taux d’occupation de 200 % et plus. « C’est un des automnes les plus chauds qu’on a vus depuis plusieurs années », dit le DBoucher.

Au début du mois de novembre, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait annoncé la mise en place d’une cellule de crises pour désengorger les urgences. Diverses solutions avaient été mises en place dont la création de trois cliniques opérées exclusivement par des infirmières praticiennes spécialisées et la mise en place de la ligne 811 pédiatrique.