C’est au Québec qu’on attend le plus pour recevoir des soins hospitaliers d’urgence, montrent de nouvelles données de l’Institut canadien d’information sur la santé. La moitié des Québécois qui ont été admis à l’hôpital après leur passage aux urgences en 2021-2022 ont attendu plus de 19,4 heures.

Ces chiffres illustrent qu’« il reste encore beaucoup de défis dans les urgences du Québec », estime le président de l’Association des spécialistes en médecine d’urgence du Québec, le DGilbert Boucher.

L’Île-du-Prince-Édouard suit de près le Québec avec un temps d’attente de 19,2 heures. Le Yukon et la Saskatchewan s’en tirent le mieux avec une attente de 7 et 8 heures.

À l’heure actuelle, le temps entre la demande d’admission du patient et le moment où il monte à l’étage est de 16 à 18 heures en moyenne au Québec, « alors que le standard devrait être 2 heures », illustre M. Boucher.

Pour Paul G. Brunet, président-directeur général du Conseil pour la protection des malades, ce délai d’attente est « ridicule ».

Si on veut améliorer la réputation du réseau de la santé, il faut travailler sur [améliorer le temps d’attente].

Paul G. Brunet, président-directeur général du Conseil pour la protection des malades

Selon lui, il n’est « pas normal d’attendre plusieurs heures ». « L’urgence, c’est pour des soins urgents. Si ce n’est pas urgent, on devrait être vu ailleurs », dit-il. Le DBoucher le seconde. « Il faut trouver des moyens plus efficaces de se servir de nos lits, en définissant mieux la transition entre l’urgence et les étages », juge-t-il.

Hausse marquée des visites

Les données de l’Institut canadien d’information sur la santé permettent par ailleurs de constater une hausse de l’achalandage aux urgences partout au pays. Le nombre déclaré de visites dans la dernière année est passé d’environ 11,7 millions en 2020-2021 à près de 14,0 millions en 2021-2022. Le nombre de visites est presque revenu à ce qu’il était avant la pandémie.

Cette hausse était particulièrement marquée chez les enfants âgés de 0 à 4 ans. Le volume des visites est passé d’un peu plus de 567 000 en 2020-2021 à plus de 1 million en 2021-2022, soit près du double.

Les problèmes qui ont été les plus souvent diagnostiqués au service d’urgence étaient les douleurs abdominales et pelviennes ainsi que les douleurs à la gorge et à la poitrine. La COVID-19 se trouve au quatrième rang.

Heureusement, la COVID-19 embourbe nettement moins les systèmes hospitaliers depuis quelques mois déjà. « Il y en a encore dans les hôpitaux, mais dans les salles d’attente, c’est vraiment plus l’influenza », indique le DBoucher. « Quelqu’un qui est en santé et qui a la COVID, on ne voit presque plus ça à l’hôpital », dit-il.

Un réseau « très engorgé »

Le taux d’achalandage dans les urgences du Québec continue sa tendance à la hausse. Il s’est établi à 128,3 % en moyenne dans la dernière semaine, un nouveau sommet depuis le début de la pandémie.

À l’heure actuelle, « l’ensemble du réseau québécois de la santé est très engorgé », surtout en raison de la forte transmission de l’influenza qui « rajoute à la demande accrue », soutient le DBoucher.

Les urgences reçoivent 10 482 visites par jour en moyenne. Du nombre, 53 % sont jugées comme « moins urgentes ou non urgentes ». « Il ne devrait pas y avoir des milliers de patients qui se présentent à l’urgence pour des soins qui ne sont urgents, parce qu’ils n’ont pas trouvé d’autres endroits pour les accueillir », déplore M. Brunet.

Dans la dernière semaine, le 811 a reçu 3743 appels par jour en moyenne. Le délai d’attente moyen sur la ligne est de 15 minutes. Environ 22 % des personnes mettent toutefois fin à l’appel avant d’avoir parlé à une infirmière.