Peter Kelly se remettait à peine d’une infection à la COVID-19 lorsque la variole simienne l’a frappée en lui infligeant « la pire douleur » de sa vie.

Le Torontois de 28 ans venait tout juste de reprendre le travail comme danseur et entraîneur de conditionnement physique, à la fin mai, lorsqu’il a été pris de fièvre.

« Je délirais », a-t-il confié en entrevue alors qu’il décrivait les symptômes atroces liés à la maladie. Il a également dû combattre l’isolement alors qu’il s’est retrouvé seul pendant ses trois semaines de quarantaine à la maison.

« J’ai dû être terriblement malade et je ne le savais même pas. Pendant deux jours, je n’ai pratiquement pas bougé. J’allais à la salle de bain, puis je retournais dormir. J’avais une très forte fièvre et des frissons la nuit. Je portais un manteau d’hiver au lit, j’avais si froid », a-t-il raconté.

Sa fièvre est tombée au troisième jour et, peu après, Peter Kelly a commencé à remarquer des rougeurs sur sa peau. Comme tout le monde, il s’est lancé sur le web pour tenter d’identifier ce que cela pouvait bien vouloir dire.

« C’est la pire chose à faire ! », admet-il. L’homme s’est adressé à des médecins qui ont d’abord suspecté un cas d’herpès. Cette première hypothèse l’a effrayé puisque cette infection est incurable.

Alors qu’il poursuivait ses propres fouilles, des images de la variole simienne ont capté son attention. Il s’est donc rendu dans un hôpital pour exiger un test de dépistage et le résultat s’est avéré positif.

Selon ses dires, M. Kelly aurait été l’un des premiers patients infectés par le virus en Ontario. Il fait maintenant partie d’un projet de recherche mené sur d’anciens patients par l’Hôpital St. Michael’s de Toronto.

D’après les données de l’Agence de la santé publique du Canada, on a recensé plus de 600 cas de variole simienne au pays depuis juin. Le Québec compte le plus d’infections avec 300, suivi de l’Ontario avec 230 cas, puis de la Colombie-Britannique avec 40 cas. L’Alberta en compte une douzaine.

À travers le monde, ce sont plus de 6000 cas confirmés par laboratoire qui ont été recensés jusqu’ici. Trois personnes infectées en sont mortes.

Peter Kelly décrit les rougeurs et les lésions causées par l’infection comme la chose la plus douloureuse qu’il a dû endurer. Le simple geste de se retourner dans son lit lui causait une douleur « atroce ».

Il explique que c’est lorsque les rougeurs se transformaient en furoncles que la douleur devenait insoutenable.

« C’est là que la douleur était la plus puissante et je veux vraiment dire puissante. Je ressentais comme des décharges électriques. Je n’ai pas dormi pendant une trentaine d’heures, c’était tout simplement trop de douleur. J’avais une serviette entre les dents pour mordre dedans et me bercer pour oublier la douleur. Mais il n’y avait rien à faire. C’était dément », a relaté le jeune homme.

Une lésion sous son pied gauche s’est transformée en plaie sanglante puisqu’il devait mettre du poids pour marcher.

Puis, pour ajouter à la douleur intenable, l’isolement lui a causé un énorme stress psychologique, a-t-il indiqué.

À l’exception de quelques visites à l’hôpital ou à la clinique, M. Kelly a dû demeurer seul pendant trois semaines dans son minuscule appartement de Toronto.

Comme l’infection touche majoritairement des hommes ayant des relations homosexuelles, la maladie vient avec son lot de commentaires haineux.

Malgré ses craintes de réactions négatives, il a décidé d’être ouvert et de parler des conséquences de l’infection.

« Je vais en parler parce qu’il y a d’autres personnes qui vivent la même chose. Il n’y a pas que moi. Ils sont dans la même situation, isolés, et personne n’en parle. Il n’y a pas de ressources », déplore-t-il.