Nicole Gladu, qui avait remporté au côté de Jean Truchon son combat devant la Cour supérieure du Québec pour obtenir l’aide médicale à mourir, s’est éteinte dimanche d’une mort naturelle. Elle était âgée de 76 ans.

C’est ce qu’ont confirmé certains proches de la défunte à La Presse, jeudi. « Je connais Nicole depuis 1973. J’ai toujours trouvé que c’était une femme exceptionnelle à bien des égards. Quand on était tout près, on sentait bien une force de caractère très particulière et une volonté à toute épreuve quand elle entreprenait quelque chose », a confié son ami de longue date Gaétan Lavoie.

Ancien réalisateur chez Télé-Québec, M. Lavoie est aujourd’hui propriétaire d’une maison d’édition qui publiera l’été prochain un livre intitulé Les temps présents, qui rend hommage à plusieurs artistes peintres.

Une toile représentant Nicole Gladu, peinte par l’artiste Manon Ruffet, se retrouvera dans l’ouvrage – toile qui a été terminée à peine deux ou trois jours avant que Mme Gladu ne meure. La défunte ne l’aura finalement jamais vue, mais un hommage lui sera rendu.

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L’artiste Manon Ruffet devant le portait qu’elle a réalisé de Nicole Gladu

« Nicole, c’était une femme extraordinaire, une femme fière et proche des gens. J’étais censée la voir en mai. Elle était brillante, aussi tellement belle. Dans ma peinture, c’était important malgré sa maladie tragique de mettre en scène une femme fière qui, malgré sa maladie, voulait vivre », a d’ailleurs expliqué Manon Ruffet, jointe au téléphone jeudi soir.

Combat d’une vie

Survivante de la polio et atteinte du syndrome post-poliomyélite – maladie dégénérative incurable –, la défunte avait remporté son combat devant la Cour supérieure pour avoir accès à l’aide médicale à mourir (AMM), à l’automne 2019. Jean Truchon – atteint de triparalysie depuis la naissance et mort en avril 2020 – avait aussi été au front dans ce combat judiciaire.

Les deux voulaient mourir, mais comme ils n’étaient pas « en fin de vie », critère de la loi québécoise, et que leur mort n’était pas « raisonnablement prévisible », critère de la loi canadienne, on leur avait refusé l’AMM. Ils s’étaient donc tournés vers les tribunaux pour contester la constitutionnalité des deux lois. La Cour leur avait finalement donné raison et donné six mois au gouvernement pour revoir le critère d’une mort prévisible. Québec et Ottawa n’ont d’ailleurs jamais contesté le jugement des tribunaux.

« Dans les personnalités importantes que j’ai pu croiser dans mon travail, c’en est une. C’était davantage sa volonté de vivre qui était un moteur chez elle. Même si elle a lutté pour l’aide médicale à mourir, Nicole était une battante. Elle le faisait non seulement pour elle, mais aussi pour tous les gens qui souffrent dans les conditions qu’on connaît. Et elle avait toujours en tête cette volonté de vivre », résume Gaétan Lavoie.

Quant à elle, la peintre Manon Ruffet se souviendra de Nicole Gladu comme d’une « véritable battante » et d’une inspiration. « Elle s’est battue pour vivre sa mort à sa façon. Elle voulait choisir. C’était une femme qui acceptait sa maladie, et qui a vécu avec longtemps », conclut-elle.

Sur Twitter, le ministre fédéral de la Justice, David Lametti, a salué « le courage et la détermination de Nicole Gladu ». « Elle a fait réfléchir tout le pays sur ce que signifiait la souffrance et la dignité. Mes plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches », a-t-il écrit.