Les changements climatiques ont déjà des impacts négatifs sur la santé des Canadiens et les risques pour la santé augmenteront à mesure que le réchauffement se poursuivra, conclut un imposant rapport de Santé Canada.

Les puissantes vagues de chaleur en Colombie-Britannique l’été dernier ont causé de nombreux décès, a donné en exemple Peter Berry, coauteur du rapport et analyste principal des politiques au Bureau des changements climatiques et de l’innovation de Santé Canada, dans un exposé.

Les effets de la pollution atmosphérique sur la santé au Canada « devraient s’aggraver à l’avenir », a-t-il dit, à moins d’une réduction des émissions de polluants atmosphériques.

Les risques sont « croissants », mais les efforts pour les atténuer « peuvent aider », a mentionné le chercheur.

Les changements climatiques ont des impacts sur les maladies infectieuses au pays, des recherches ayant démontré que plusieurs d’entre elles sont sensibles au climat.

« En fait, le réchauffement rapide a favorisé l’émergence de la maladie de Lyme au Canada, provoquant une augmentation spectaculaire des cas humains de 2009 à 2017 alors qu’elle se propageait vers le Nord », a déclaré M. Berry.

Le document de 872 pages rendu public mercredi vise à fournir une évaluation exhaustive des connaissances scientifiques afin de guider les décisions gouvernementales. Il est le fruit du travail de plus de 80 experts de partout au pays.

Des bilans semblables de données probantes avaient été faits en 2008 et en 2014.

C’est la première fois, a dit la coauteure Rebekka Schnitter, qu’une étude a pu mesurer les effets des changements climatiques sur les systèmes de santé au Canada, les infrastructures de santé, les opérations, le financement de la santé, les soins de santé, les programmes de santé publique, les chaînes d’approvisionnement et le personnel de la santé.

Les impacts des changements climatiques affectent les réseaux de la santé partout au Canada et augmenteront en l’absence de « solides mesures d’adaptation », a mentionné la chercheuse.

« Les incendies de forêt catastrophiques en Colombie-Britannique en 2017 ont entraîné la fermeture temporaire de 19 établissements de soins de santé, l’évacuation de 880 patients et le déplacement de plus de 700 employés de la santé », a-t-elle illustré.

Le rapport s’intéresse aux effets des changements climatiques sur les Autochtones et précise que leur approvisionnement en eau et en nourriture, la qualité de l’air, leur sécurité personnelle, leur santé mentale et leur bien-être, leur culture et leur identité seront notamment affectés.

« Par exemple, l’apparition rapide du pergélisol menace la stabilité des bâtiments, des routes et des collectivités du nord du Canada, ce qui affecte également le transport et l’accès », a déclaré Mme Schnitter. Ce pergélisol peut aussi, à mesure qu’il fond, libérer des maladies infectieuses provenant de carcasses d’animaux sauvages congelés et de métaux lourds comme le mercure, ce qui pourrait menacer la santé.

En faire plus

Les efforts de préparation aux changements climatiques sont « déterminants » et les risques peuvent être réduits, tranchent les auteurs, par exemple en mettant en place des systèmes d’alerte et d’intervention en cas de chaleur.

Un sondage mené dans le cadre de leurs travaux a démontré que les autorités prennent des mesures pour s’adapter aux changements climatiques, « mais que des actions concrètes telles que l’élaboration de politiques et de programmes nouveaux ou améliorés sont souvent insuffisantes », a soutenu Mme Schnitter.

L’un des importants constats de la recherche est que « l’adaptation n’est pas suffisante » pour se protéger des risques que posent les changements climatiques.

Il est d’ailleurs « nécessaire » de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour protéger la santé, a insisté la chercheuse.

« La réduction des émissions de gaz à effet de serre dans un large éventail de secteurs peut offrir des avantages substantiels et immédiats pour la santé des Canadiens, par exemple, grâce à une meilleure qualité de l’air à l’appui de modes de vie plus actifs en plein air », a-t-elle déclaré.

Certains Canadiens sont « plus durement touchés » par les changements climatiques. Les chercheurs recommandent donc de garder spécifiquement à l’esprit les besoins des populations « racialisées, marginalisées et à faible revenu ».

Réagissant au rapport, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a souligné qu’il démontre que « notre compréhension scientifique des polluants et de leur interaction dans l’environnement réel évolue et s’améliore constamment ».

Il estime aussi que « le temps est venu de redoubler d’efforts » pour accroître la résilience du pays face aux changements climatiques.

Note aux lecteurs : Ceci est une version corrigée d’une dépêche transmise mercredi. Au 2e para, bien lire que Peter Berry est analyste au Bureau des changements climatiques et de l’innovation de Santé Canada.