Des infirmières de l’hôpital du Suroît, à Salaberry-de-Valleyfield, ont fait un sit-in passif, lundi soir, pour protester contre le manque d’infirmières aux urgences. En tout, sur les 17 infirmières et infirmières auxiliaires qui devaient normalement être en poste pour le quart de soir, 5 manquaient à l’appel lundi, explique la présidente du Syndicat des professionnelles en soins de la Montérégie-Ouest, Mélanie Gignac.

« Ça ne marche vraiment pas chez nous », déplore-t-elle. En guise de protestation, les infirmières de soir n’ont pas pris possession des rapports de certains patients aux urgences au début de leur quart de travail. Ces patients n’ont pas pu leur être attitrés, forçant l’équipe de jour à rester au travail, résume Mme Gignac. Celle-ci explique que les infirmières ont eu recours à ce « sit-in passif » parce qu’elles estimaient que la situation aurait été autrement trop dangereuse pour les patients.

Le taux d’occupation aux urgences de l’hôpital du Suroît atteignait 222 % à 17 h 30 lundi – 72 patients y occupaient des civières alors que la capacité est de 32. Une quarantaine de patients attendaient d’obtenir un lit aux étages pour être hospitalisés.

Dans la salle d’attente de l’hôpital du Suroît, un message enregistré par le directeur médical des urgences, le DBernard Richard, laissait entendre aux patients que les urgences étaient saturées. « Notre urgence a atteint sa pleine capacité. Nous n’avons malheureusement plus de civière adéquatement couverte par une équipe clinique pour prendre soin de vous. Si votre état le permet, vous devriez aller consulter dans un autre établissement. Merci », pouvait-on entendre dans ce message.

Ridicule

Le problème de pénurie de personnel qui touche l’ensemble du Québec frappe de plein fouet l’hôpital du Suroît. La situation dure depuis des mois. Mme Gignac déplore que le « temps supplémentaire obligatoire » soit encore monnaie courante dans l’ouest de la Montérégie. « Ça fait partie de l’horaire. C’est ridicule », dit-elle.

Mme Gignac affirme que les primes annoncées par le gouvernement pour inciter les infirmières à travailler à temps plein ou pour ramener les retraitées au travail « ne fonctionnent pas ». « Au contraire, on a des gens qui partent. J’ai des infirmières et infirmiers qui sont devenus émondeurs, coiffeuses… Des infirmières auxiliaires travaillent maintenant chez Costco parce qu’elles savent à quelle heure elles vont sortir de là », dit Mme Gignac. Pour elle, bien plus que de l’argent, les infirmières et infirmières auxiliaires veulent « des conditions de travail qui ont du sens ».

Mme Gignac affirme que le syndicat, de concert avec la direction, travaille fort afin de concocter des horaires adéquats. « Mais la pénurie d’infirmières est grave, dit-elle. Le système est en train de craquer. » Le CISSS de la Montérégie-Ouest n’avait pas commenté la situation lundi soir.